Le dialogue de Petersberg est un rendez-vous majeur pour mobiliser les pays du monde entier en amont des COP, les sommets onusiens sur le climat. Alors que la crise du Coronavirus a entraîné le report de la COP26 prévue en novembre, la réunion qui s'est tenue lundi 27 et mardi 28 avril a permis d'envoyer un message clair et positif : le climat doit être placé au centre des plans de relance. Reste maintenant à traduire ces promesses en actes.

C’est un premier test réussi. Le dialogue de Petersberg qui se tenait en début de semaine en Allemagne – de façon virtuelle – a permis d’envoyer un signal positif sur le climat alors que tous les rendez-vous prévus en 2020 ont d’ores et déjà été reportés en raison du Covid-19. Très attendue, la chancelière allemande Angela Merkel a montré la voie à suivre pour une sortie de crise verte. C’est d’autant plus important que le pays va prendre la tête du Conseil européen au second semestre. 
"Le coronavirus nous montre que la coopération internationale est cruciale et que le bien-être d’une nation dépend toujours du bien-être des autres. Avec le Pacte vert européen, la Commission européenne a montré la voie à suivre. L’Europe doit devenir le premier continent neutre sur le plan climatique d’ici 2050. C’est pourquoi je salue l’objectif intermédiaire de réduction des émissions de gaz à effet de serre de l’UE de 50 à 55 % d’ici 2030 par rapport à 1990", a annoncé Angela Merkel.
"Bataille politique et culturelle"
C’est la première fois que l’Allemagne apporte son soutien à cet objectif climatique. Celui-ci doit faire l’objet d’une étude dont les résultats sont attendus pour septembre. Une décision devra être prise d’ici la fin de l’année afin d’arriver à la COP26 sur le climat – reportée en 2021 – avec une contribution revue à la hausse. Mais la chancelière n’en reste pas moins vigilante et prévient que la bataille s’annonce rude.
"Nous combinerons l’action climatique avec de nouvelles perspectives économiques et de nouveaux emplois. Permettez-moi d’être clair : il y aura un débat difficile sur l’allocation des fonds. Mais il est important que les programmes de relance gardent toujours un œil sur le climat, nous ne devons pas écarter le climat mais investir dans les technologies climatiques", a-t-elle ajouté.
La veille, le commissaire européen à l’Economie, l’Italien Paolo Gentiloni, avait prévenu qu’un report du Green Deal serait "une erreur tragique". "Nous sommes tous conscients que ce sera une bataille politique et culturelle dans les prochains mois", a affirmé le commissaire lors d’une audition par visioconférence devant la Commission des Affaires européennes du Sénat. "Nous aurons des fortes oppositions qui diront qu’après cette crise du coronavirus, ce n’est pas le moment de parler de Green Deal, qu’on devrait en reparler dans dix ans", a-t-il prévenu.   
"Fenêtre d’opportunité rare et courte"
Parmi les signaux encourageants envoyés pendant cette réunion qui a rassemblé une trentaine de ministres du monde entier, le Japon a annoncé qu’il republierait une nouvelle contribution climatique après avoir communiqué fin mars une contribution très décriée. La Chine, premier émetteur de gaz à effet de serre mondial, a elle aussi promis qu’elle contribuera "aux efforts de collaboration pour lutter contre le changement climatique mondial".
"Ce sont des jours sombres, mais ils ne sont pas sans espoir. Nous avons une fenêtre d’opportunité rare et courte pour reconstruire un monde plus résilient", a déclaré Antonio Guterres, le secrétaire général de l’Onu, tandis qu’Ursula von der Leyen, la présidente de la Commission européenne a confirmé qu’elle ferait du pacte vert "le programme de relance" de l’Union européenne. "En utilisant le Pacte vert européen comme boussole, nous pouvons transformer le choc de cette pandémie en une occasion de reconstruire nos économies différemment et de les rendre plus solides." 
"Il était encourageant d’entendre tant de ministres du gouvernement souligner l’importance de fournir les moyens de subsistance et les revenus dont les gens ont besoin tout en accélérant l’action pour lutter contre la crise climatique. À Petersberg, les dirigeants ont montré leur engagement à protéger le bien-être de leurs citoyens et à garantir un climat plus sûr pour nous tous" a réagi Helen Mountford du World Resource Institute.
Concepcion Alvarez, @conce1 

Découvrir gratuitement l'univers Novethic
  • 2 newsletters hebdomadaires
  • Alertes quotidiennes
  • Etudes