Le Sommet en direct Sommet mondial pour le développement durable

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Johannesburg, Afrique du Sud
26 août-4 septembre 2002

30 août 2002



LES ONG DENONCENT LE KIDNAPPING DU SOMMET DE JOHANNESBURG PAR L'OMC ET D'AUTRES AU TERME DE LA PREMIERE SEMAINE

"Le bâtiment abritant le Sommet mondial pour le développement durable est devenu une zone dangereuse parce que ce Sommet est entré dans une logique de rapport de force", a prévenu M. Remi Parmentier, Directeur de l'unité politique et scientifique de Greenpeace international, au cours d'une conférence de presse sur le bilan des ONG à l'issue de la première semaine des travaux du Sommet. Ont également participé à cette conférence presse Mme Meena Raman, Amis de la Terre (section Malaisie), M. Bjarne Pedersen, Conseiller juridique de Consumers international et M. Victor Menotti, International Forum on Globalization.

M. Rémi Parmentier, illustrant ces rapports de force, a cité le Japon, qui selon lui, fait le "sale boulot" des Etats-Unis. Le Japon, a-t-il déclaré, a fait savoir qu'il serait disposé à accepter les objectifs liés à l'eau à condition que soient retirés ceux liés aux énergies renouvelables. Négocier l'eau contre les énergies ou l'énergie contre l'eau n'est pas acceptable, car ces deux notions sont indissociables au regard de la promotion d'une planète durable, a-t-il ajouté. Il a cité un document du Secrétariat d'Etat américain qui pourtant présente la gestion combinée de l'eau et des énergies renouvelables comme un point important du développement durable et s'est étonné de la contradiction qu'offrent les Etats-Unis qui dans les couloirs proposent aux pays en développement de les aider à financer leurs objectifs en matière de fourniture et de gestion de l'eau à condition que ceux-ci renoncent aux objectifs en matière d'énergies renouvelables. Il s'est également dit très surpris d'apprendre que le Ministre sud-africain du commerce a suggéré la mise en place d'un Groupe de travail des ministres du commerce pour discuter de cette possibilité. Cela représente un kidnapping des questions environnementales par les ministres du commerce, a-t-il conclu.

Mme Meena Raman a déclaré que si les objectifs du Sommet du développement durable n'étaient pas compatibles avec ceux de l'Organisation mondiale du commerce, alors il fallait changer les objectifs de l'OMC et non ceux du Sommet. Il n'est pas dans les attributions de l'OMC, de substituer ses principes aux objectifs de développement durable, a-t-elle ajouté, en accusant l'OMC de vouloir kidnapper le Sommet mondial pour le développement durable.

M. Bjarne Pederson a évoqué la question de consommation et de production durables comme un sujet de grande importance pour les pays développés. Il a regretté que cette question ait été repoussée lors des négociations et que le groupe des 77 et la Chine ait changé de cap à 180 degrés à ce sujet en s'opposant à cette question. C'est pourquoi, espère-t-il que les ministres des pays concernés reconsidèrent leur position.

M. Victor Menotti a évoqué l'évolution dramatique du Sommet qui se résume aujourd'hui à conclure qu'il ne faut toucher à rien, ne rien réguler, tout privatiser et protéger les investisseurs étrangers. Il s'agit là d'un véritable kidnapping du Sommet mondial pour le développement durable par l'OMC, a-t-il déclaré. Il y a dix ans l'accent était mis sur la nécessité de protéger la terre et aujourd'hui, il s'agit de permettre le commerce à tout prix.

Répondant aux questions des journalistes, M. Victor Menotti a relevé les contradictions entre ce qui est discuté ici et le consensus qui existe dans la société civile sur le fait que l'économie ne peut se faire aux dépends du développement durable. M. Remi Parmentier a cité les 14 points importants à négocier sur le plan politique en dénonçant le chantage pratiqué par certains états, dont les Etats-Unis, le Japon, le Canada et l'Australie pour que certains objectifs soient retirés. A titre d'illustration, il a expliqué que si de tels objectifs avaient été supprimés lors de la Conférence de Rio, jamais le protocole de Kyoto, ni les restrictions en matière d'utilisation d'organismes génétiquement modifiés n'auraient pu voir le jour. Ce sont de très mauvaises nouvelles, a-t-il conclu, et nous avons très peu de temps pour corriger le tir.



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