(Agence Ecofin) - Le sous-emploi et le chômage sont désormais un problème majeur pour le Nigéria, qui fait déjà face à sa première récession économique depuis des décennies. Selon les derniers chiffres du bureau national des statistiques, seulement 54 millions de personnes travaillaient à plein temps, sur une population active de 104 millions d'habitants. Dans le détail, le taux des personnes employées moins de 20 heures par semaine, est passé de 7,5% au terme du premier semestre 2015 à 13,5% à la même période en 2016.
Cette dégradation du marché de l'emploi n'est pas une exception nigériane. Partout dans le monde et particulièrement en Afrique, la question est au cœur des problématique de développement et des politiques. La chancelière allemande n'a pas manqué d'associer la monté des flux migratoires africains, à la détérioration des standards de vie liée elle-même à la non activité des jeunes. Pour sa part, Jim Yong Kim le président du groupe de la Banque Mondiale, a invité le secteur privé à investir dans le capital humain des pays en développement, pour faire reculer la pauvreté.
Créer des emplois pour le Nigéria suppose aujourd'hui investir dans les infrastructures a expliqué il y a deux jours à Washington, Kemi Adeosun, la ministre des finances. Pour cela, le gouvernement a besoin de ressources financières, à des taux soutenables. Dans son dernier rapport sur la stabilité fiscale, le FMI a prévenu de la nécessité de s’endetter prudemment, pour ne pas grignoter dans le revenu net disponible des économies du monde.
Or dans le même temps, la Banque centrale semble prendre une position opposée et s'active à maintenir la stabilité du naira. Elle a relevé ses taux fin juin pour contenir l'envolée de l'inflation, après la dévaluation de la monnaie nigériane. Une décision qui a porté ses fruits, car au mois d'août, la hausse de l'inflation a été moins forte que le mois précédent.
A la banque centrale, on explique qu'une déstabilisation du naira nuirait encore plus à l'économie, car cela risque de tuer davantage le marché du crédit. « Avec nos taux d'intervention à 14%, les taux d'intérêt réels pour les investisseurs obligataires sont déjà négatifs, car ils doivent faire face à un niveau d'inflation de 17,5% », a expliqué la banque centrale dans son communiqué. Les arbitrages sont difficile pour le président Buhari qui, depuis son arrivée au pouvoir, n'est pas parvenu à rassurer la communauté des investisseurs.
Certains analystes craignent une dégradation de la situation sécuritaire qui malgré certaines avancées, reste encore très fragile, notamment dans le nord-est et dans le sud-est du pays.
La baisse généralisée des niveaux de revenus se fait déjà sentir sur les indicateurs macro-économiques du pays. Ses exportations nettes se sont améliorées sur les six premiers mois de 2016.Cette évolution est à mettre à l'actif d'un regain de production pétrolière dans la zone du Delta du Niger. Paradoxalement, c'est aussi parce que les ménages ne peuvent plus accéder facilement aux biens importés, que le volume des marchandises entrants dans le pays a reculé.
Selon certains observateurs, même s'il faudra du temps pour relancer la création d’emplois durables, la consommation forcée de se retourner sur la production locale, devrait finir par créer du travail. Des investisseurs comme Dangote ont annoncé des projets dans le domaine agricole, qui pourront intégrer des centaines de milliers de jeunes.
Idriss Linge
Abidjan, Côte d'Ivoire. Une plateforme de mise en relation entre les entreprises allemandes et leurs homologues de l’Afrique francophone.