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Avec le site de Menengaï, le Kenya s’affirme comme le leader africain de la géothermie

La moitié de la consommation d’électricité du pays est aujourd’hui assurée par les champs géothermiques. Objectif : couvrir 100 % des besoins en 2022.

Par  (Menengaï, Kenya, envoyé spécial)

Publié le 17 juin 2019 à 19h00

Temps de Lecture 3 min.

Sur le site de Menengaï, au Kenya, en mai 2019.

La puissance du jet suscite l’admiration. Dans un bruit assourdissant, la vapeur sort du cylindre et s’élève dans le ciel kényan à une quarantaine de mètres de hauteur. Elle provient des entrailles de la terre, à une profondeur de 2,3 kilomètres et sa température approche les 165 °C. Une légère odeur de souffre flotte dans l’atmosphère.

Le projet de développement géothermique de Menengaï, qui devrait produire jusqu’à 465 mégawatts (MW) une fois achevé, se situe à environ 180 kilomètres au nord-ouest de Nairobi, la capitale. Financé par la Banque africaine de développement (BAD) et différents partenariats public – privé impliquant la compagnie nationale Geothermal Development Company (GDC), il vise à répondre à la demande en énergie du Kenya, pays d’Afrique de l’Est peuplé de 50 millions d’habitants dont la croissance économique augmente de 5 à 6 % chaque année.

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Avec une production globale de plus de 662 MW, le Kenya est aujourd’hui le premier producteur africain d’énergie géothermique, le huitième au monde juste derrière des pionniers comme l’Islande ou le Japon. Entre 1956, date des premières recherches, et les années 2010, le Kenya a souvent hésité avant de se lancer dans cette énergie qui utilise la vapeur stockée dans le sous-sol de la vallée du Rift pour actionner une turbine et ainsi produire de l’électricité. La raison de ces incertitudes s’explique, comme pour le pétrole, par le coût élevé de la recherche et du forage qui freine parfois les investisseurs.

Un potentiel colossal

« La géothermie fournit une énergie disponible, fiable, pratique, économique et à prix compétitif, explique Joseph K. Njoroge, ministre kényan de l’énergie. C’est la voie que nous voulons suivre aujourd’hui. » La moitié de la consommation kényane d’électricité est aujourd’hui assurée par les champs géothermiques et l’objectif est de couvrir 100 % des besoins en 2022. Ici, le potentiel est colossal. Selon plusieurs estimations, la vallée du Rift pourrait même permettre au pays d’atteindre une production de 10 000 MW, soit l’équivalent de dix réacteurs nucléaires.

Le souhait des autorités kényanes est d’exporter l’électricité fournie par la vapeur de la faille du Rift qui traverse tout le pays. « Le gouvernement a déjà passé un accord avec le Rwanda pour commencer à fournir de l’énergie géothermique à partir de l’année prochaine, se félicite Johnson Ole Nchoe, directeur général de GDC. Nous réfléchissons à des interconnexions pour alimenter d’autres pays de la région tels que la Tanzanie ou l’Ethiopie. »

Pour l’heure, les principaux bénéficiaires de l’énergie produite à Menengaï qui, avec sa production de 105 MW est encore dans la première phase de son développement, sont des entreprises et quelques industries, mais également près de 500 000 ménages, dont 70 000 en zone rurale. Ils sont issus principalement des communautés de la région telles que Bahati ou Banita. Près de 600 emplois ont été créés et de nombreux microprojets ont vu le jour comme l’achat d’une ambulance pour un hôpital ou l’ouverture d’un nouveau puits pour l’approvisionnement en eau d’une commune isolée.

Près de 90 millions d’euros

« Nous mesurons l’impact sur les communautés pour chacun de nos projets et c’est évidemment un critère que nous prenons en compte en priorité, explique Gabriel Negatu, directeur général de la BAD pour l’Afrique de l’Est, qui a débloqué environ 100 millions de dollars (près de 90 millions d’euros) pour Menengaï par le biais du Fonds africain de développement. La géothermie facilite l’accès à l’énergie. Elle permet d’améliorer la santé et l’accès à l’éducation des femmes. De plus, c’est une énergie dont l’impact sur l’environnement est très faible, car elle n’émet pas de gaz à effet de serre. »

Si Menengaï doit supprimer à terme l’émission de près de 2 millions de tonnes de CO2 par an, le gouvernement kényan n’entend pas non plus renoncer à toutes les énergies fossiles. Pour soutenir sa croissance, créer des emplois et s’assurer d’une source d’énergie importante pour l’avenir, il envisage l’ouverture d’une centrale à charbon, la première en Afrique de l’Est. Près de 200 personnes ont manifesté mercredi 12 juin à Nairobi contre la construction de ce projet qui devrait être implanté dans l’archipel de Lamu, célèbre destination touristique qui inclut un site inscrit au patrimoine mondial. Le tribunal national pour l’environnement doit rendre son jugement le 24 juin.

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