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Visite des parcelles de démonstration du collège de Vinany, Madagascar, sensibilisation agro-écologie
La productivité de l’agriculture malgache connaît une baisse continue depuis plusieurs années... Et pâtit des effets du changement climatique. Pour inverser la tendance, l’AFD appuie depuis plus de 15 ans des projets qui apportent des solutions concrètes aux exploitations familiales tout en promouvant des pratiques agro-écologiques. Une action mise en valeur lors des Journées de l’agro-écologie organisées les 12 et 13 avril 2018 à Antsirabe.

Les Journées de l’agro-écologie des 12 et 13 avril 2018 ont réuni de nombreux acteurs du développement rural malgache : autorités, acteurs de la recherche, partenaires techniques et financiers, opérateurs privés et représentants des projets. Au programme: débats et visites terrain dans le Moyen-Ouest malgache.

L’objectif de cet événement organisé par l’association locale GSDM : réfléchir à la diffusion des techniques agro-écologiques au niveau national et aux stratégies à mettre en place pour la mise à l’échelle de ces techniques (politiques publiques, sensibilisations en milieu scolaire, accompagnement des agriculteurs...). 

Miser sur une agriculture durable

Car à Madagascar, pays rural dans lequel 80 % de la population vit dans les campagnes, l’urgence d’une agriculture alternative se fait sentir. Le pays est en effet loin d’être autosuffisant en produits essentiels et doit importer jusqu’à 15 % de ses besoins en riz, farine, sucre, poudre de lait etc. Et si le potentiel agricole est énorme, la production reste trop limitée : une déforestation généralisée sur l’île a entraîné l’érosion et la dégradation des sols, accentuées par la surexploitation agricole dans certaines zones. Par ailleurs, les ménages agricoles ruraux manquent de ressources pour investir dans leur activité et disposent d’un accès très limité aux conseils techniques. La pauvreté et la malnutrition restent ainsi généralisées en milieu rural. 

En outre, la menace du changement climatique plane : la Grande Île est l'un des systèmes écologiques les plus vulnérables aux aléas climatiques. Pour changer la donne, il s’agit donc de concilier productivité et respect de l’environnement. C’est pourquoi l’AFD défend et met en pratique une vision simple, celle de l’agro-écologie : le développement de l’agriculture devra se faire en préservant le capital naturel, grâce à une intensification en harmonie avec les ressources disponibles. 

 

Haie de téphrosia. Le téphrosia permet d’éloigner les ravageurs des cultures, agro-écologie, Madagascar

L’agro-écologie, une vraie alternative

L’agro-écologie, c’est l’application de la science écologique à la conception et à la gestion d’agroécosystèmes durables. Les pratiques combinent ainsi différentes techniques inspirées des processus naturels pour parvenir à la préservation de l’environnement et la gestion durable des ressources naturelles : agroforesterie, couverture permanente du sol, rotations diversifiées des cultures, compostage... 

Ces techniques, parce qu’elles sont économes en intrants et mettent à profit l’agroécosystème de manière optimale, permettent d’accroître la productivité du travail agricole, sécuriser et diversifier les productions par des associations de cultures. Une solution pour faire face aux défis alimentaires, démographiques et environnementaux actuels à Madagascar. 
 

En 15 ans, l’agro-écologie et le soutien aux exploitations familiales sont ainsi devenus l’une des « marques de fabrique » de notre action à Madagascar en matière de développement agricole. Aux côtés du Cirad et d’ONG comme le FERT et Agrisud, nous renforçons les organisations professionnelles et le développement de pratiques agricoles accessibles aux paysans, à la fois performantes et moins consommatrices de ressources naturelles. 

Ces actions ont un impact concret sur la vie des populations et leur environnement. Près de 150 000 agriculteurs autour du lac Alaotra, dans le Sud-Est et dans la région du Vakinankaratra ont ainsi expérimenté des systèmes de production résilients au changement climatique et des techniques agro-écologiques reconnues : utilisation de plantes de couverture, engrais naturels, plantations de haies vives, compostage. Autant de pratiques « durables » qui permettent d’augmenter significativement les rendements sans recourir aux engrais et autres pesticides. Loin d’être réfractaires, les paysans ont su faire évoluer leurs pratiques pour voir évoluer leur niveau de production.  

Avant, le rendement en riz sur les parcelles de tanety [parcelles non irriguées, sur les versants] était décevant. Mes parcelles étant petites, la production de riz ne suffisait pas. Le GSDM nous a présenté des techniques de semis sous couvert. J’avoue avoir été sceptique, surtout parce que je ne savais pas où trouver les semences pour ces plantes de couverture.

Cette année, j’ai semé 3 parcelles de stylosanthes, que je laisse en jachère. Cela me permet de protéger le sol et rétablir sa fertilité. Après une année de jachère en stylosanthes, le riz qui est cultivé sur les parcelles donne d’excellents rendements : environ 4,8 tonnes/hectares. Et je peux utiliser le stylosanthes pour l’alimentation des zébus. J’espère aussi développer la vente de semences de stylosanthes pour les agriculteurs intéressés par ces méthodes.

Ernest Raveloarison, producteur accompagné par le GSDM dans le cadre du projet PAPAM
Paysages typiques du Moyen Ouest de Madagascar avec bas-fonds irrigués rizicoles.
Paysage typique du Moyen-Ouest de Madagascar avec bas-fonds irrigués rizicoles. © AFD

 

Dernier projet en date, le PAPAM (Projet d’Appui à la Productivité Agricole) est mis en œuvre par le ministère de l’Agriculture et de l’Élevage et financé à hauteur de 7 millions d’euros par l’AFD. Initié en 2016, le PAPAM a pour but de développer les services d’appui aux agriculteurs et d’améliorer durablement la productivité grâce à la diversification et à l’intensification agro-écologique des systèmes de production. 

Depuis 15 ans, l’AFD et ses partenaires contribuent à ouvrir la voie à de nouveaux modèles agricoles et accompagnent le changement des pratiques paysannes.