Pour Écolo, Marghem est désavouée
Répartition de l’effort climatique: l’annonce d’une reprise des négociations -selon des modalités qui demeurent inconnues – sonne comme un désaveu de la ministre fédérale de l’Environnement, Marie-Christine Marghem. C’est en tout cas l’avis du chef de groupe d’Écolo, Jean-Marc Nollet.
- Publié le 30-10-2015 à 21h04
Jean-Marc Nollet s’étonne de la succession des déclarations dans ce dossier, entre l’annonce d’un accord le week-end, confirmé par les déclarations des protagonistes des négociations, et l’annonce qu’il n’y a jamais eu d’accord le jeudi à la séance plénière de la Chambre, une déclaration confirmée vendredi en conseil des ministres.
«Il y avait un accord et, quand elle est venue au parlement, la ministre a annoncé qu’elle gardait le cap de cet accord. A l’entendre, le problème qui se posait à ce moment se trouvait au gouvernement flamand. Il n’était nullement question d’une lettre de la Commission européenne. Et puis, le jeudi, le Premier ministre nous annonce en séance plénière qu’il n’y a pas d’accord parce qu’il y aurait un problème avec la Commission européenne. Il y a un double mensonge: l’existence d’un accord et une lettre de la Commission européenne que l’on cache au parlement», a souligné l’écologiste.
Le chef de groupe s’étonne aussi des conclusions tirées par le gouvernement fédéral de cette lettre européenne. La Commission fait savoir que le fédéral ne peut inclure dans son effort les bassins de Coo et les interconnexions mais cela ne remet pas pour autant la part d’effort attribué au fédéral qui dispose d’autres leviers comme l’éolien off-shore, fait-il remarquer.
«Et puis quel amateurisme! Découvrir maintenant que les bassins de Coo ne peuvent être valorisés en tant qu’énergie renouvelable. Il y a manifestement un manque de confiance avec l’administration», souligne le député.
Plus fondamentalement, Nollet fustige le «climato-apathisme» du gouvernement. «Nous sommes ridicules: la Belgique est le dernier pays à ne pas avoir un tel accord. En matière d’objectif d’énergie renouvelable, la Belgique se trouve à l’antépénultième place européenne. Dans un mois, s’ouvre la Conférence de Paris sur le climat à 1h20 de Bruxelles. Huit ministres y sont annoncés. Le contenu de leur valise sera inversement proportionnel à leur nombre».
Marghem: la volonté est toujours d’aboutir pour la conférence de Paris
Le gouvernement fédéral a constaté officiellement ce vendredi, à l’instar du gouvernement flamand, qu’il n’y avait «pas d’accord» sur la répartition de l’effort climatique entre entités du pays. «Les négociations se poursuivent dans un esprit constructif. La volonté reste d’aboutir avant la conférence COP 21 de Paris», a indiqué le cabinet de la ministre fédérale de l’Energie et de l’Environnement Marie – Christine Marghem.
La ministre bruxelloise Céline Frémault – qui présidait les négociations – avait annoncé samedi dernier que les quatre ministres de l’Environnement du pays avaient conclu un accord de principe sur la répartition de l’effort. Mardi, la N-VA faisait toutefois savoir que l’accord devait être «complètement revu» (revenus des enchères de quotas CO2), estimant notamment que la ministre flamande Joke Schauvliege (CD&V) avait outrepassé son mandat de négociation. Dans la foulée, le vice-premier ministre N-VA au gouvernement fédéral Jan Jambon estimait que des questions se posaient également au fédéral et que «la charge des coûts» étaient «trop» importante «pour la Flandre». Mercredi, la presse indiquait que, barré par la Commission européenne, le gouvernement fédéral devait revoir sa copie, certains de ses projets ne pouvant être intégrés dans la part qu’il entendait accorder au renouvelable.
Interrogé jeudi à la Chambre, le Premier ministre Charles Michel soutenait qu’il avait toujours été question d’une «proposition d’accord» sur la répartition de l’effort, celle-ci devant être avalisée par l’ensemble des entités (la Wallonie et Bruxelles ont donné leur fert). Par ailleurs, des négociations devaient se poursuivre afin de répondre aux observations de la Commission européenne, avait-il ajouté.
Selon l’opposition, l’accord de samedi dernier a simplement été remis en cause par la N-VA. L’opposition a notamment fait observer que la ministre Marghem n’avait pipé mot mercredi au parlement des observations formulées par la Commission européenne. La ministre avait toutefois évoqué la nécessité de poursuivre les négociations en vue de transformer le projet d’accord en accord. Elle avait fait notamment état de la nécessité d’opérer encore quelques réglages techniques ainsi que des vérifications.
Ce vendredi matin, le gouvernement flamand a donné un mandat à sa ministre Joke Schauvliege pour renégocier l’accord. Le ministre-président flamand Geert Bourgeois (N-VA) s’est réfugié derrière la position du gouvernement fédéral pour justifier cette renégociation.
Dans l’opposition, les questions demeurent nombreuses après le feuilleton de cette semaine. Les modalités d’une éventuelle reprise des négociations restent quant à elles inconnues. Ni le gouvernement fédéral, ni le gouvernement flamand ne viennent avec une proposition équilibrée, a constaté la ministre bruxelloise de l’Environnement et de l’Energie, Céline Fremault (cdH), qui préside actuellement la Commission Nationale du Climat. Selon elle, il appartient désormais à ceux qui «ont fait voler l’accord en éclats» de venir avec une proposition susceptible de remettre les négociateurs autour de la table.