Réduire les émissions carbone de moitié d’ici à 2040, c’est possible... mais cela coûtera 600 milliards de dollars de plus par an

L’Energy Transitions Commission (ECT) a dévoilé dans son rapport "Better energy, Greater prosperity" publié le 25 avril, son plan pour réduire de moitié les émissions carbone d’ici à 2040. L’ECT, dont les commissaires sont les dirigeants de grands acteurs énergétiques (tels Schneider Electric, Saint-Gobain, Veolia, Shell, GE Oil & Gas), d’investisseurs (banque mondiale, HSBC) et d’ONG environnementales, affirme même que son plan est meilleur que les précédents.

Il prend en effet en compte le fait que la baisse des prix des ressources renouvelables et des batteries rend l’électricité propre et rentable "inarrêtable". Il mise sur un potentiel inexploité pour améliorer la productivité énergétique, qui pourrait faire croître, de 3 % par an, l’intensité énergétique du PIB. Mais il faut investir rapidement dans les autres technologies - bioénergie, hydrogène, captage et stockage du carbone (CSC) - en vue de parvenir à une décarbonation totale.

Quatre leviers d'action

Pour réduire les émissions annuelles de carbone et passer des 36 gigatonnes actuelles aux 20 gigatonnes voulues pour 2040 - tout en assurant la distribution universelle de 80 à 100 gigajoules (GJ) par habitant et par an d’énergie abordable, fiable et durable -, il faut, selon l’ECT, agir sur quatre leviers

Premier levier, l’électrification propre, c’est-à-dire la décarbonation de la production d’énergie et l’électrification d’un plus grand nombre d’activités dans les secteurs du transport et de la construction. Avec les bonnes politiques publiques, il serait ainsi possible d’ici à 15 ans d’assurer 80 à 90 % de l’apport énergétique avec des énergies renouvelables, pour un coût inférieur à 70 dollars/MWh.

Deuxième levier, la décarbonation des secteurs difficiles à électrifier dans le transport, l’industrie et la construction. Le troisième levier est l’amélioration de la productivité énergétique qui pourrait représenter un tiers des réductions d’émissions nécessaires à l'horizon 2040. Enfin, quatrième levier, l’optimisation de l’utilisation restante de combustibles fossiles. Cela implique des progrès dans le captage de CO2 mais aussi une utilisation des combustibles fossiles réservée aux applications à très haute valeur ajoutée. En parallèle, il faut diminuer la consommation inadaptée de charbon dans les usines non pourvues de la technologie du CSC, de fixer un pic de pétrole dans les années 2020 et réduire les fuites de méthane de façon significative.

300 à 600 milliards de dollars de plus par an

Forcément, ce plan a un coût. L’investissement annuel supplémentaire serait de 300 à 600 milliards de dollars. Mais pour l’ECT ce n’est pas un défi insurmontable "dans un monde où l’épargne mondiale et l’investissement atteignent annuellement 20 billions de dollars", observe le rapport. Reste à trouver l’argent.

Le rapport "Better energy, Greater prosperity" de l’ECT réalisé avec SYSTEMIQ et McKinsey & Company, se fonde sur un ensemble d’analyses menées par Climate Policy Initiative, Copenhagen Economics et Vivid Economics.