Une délégation d’élus et de responsables socio économiques et associatifs de l’Ain emmenée par le Conseil général de l’Ain se rendra dans quelques jours dans le Parc Naturel Régional de la Brenne pour étudier le fonctionnement de ce PNR . Le territoire de ce parc a en effet beaucoup de points communs avec la Dombes : un millier d’étangs, 10 000 hectares couverts par ces plans d’eau, une activité cynégétique développée.
Le déplacement se place dans la démarche de création éventuelle d’un Parc Naturel Régional pour la Dombes. La démarche est ancienne. Elle est de plus en plus présentée comme la seule solution permettant de protéger et de mettre en valeur les milieux naturels dombistes (étangs, cours d’eau, forêts) en permettant la promotion des activités économiques propres au territoire, en particulier la pisciculture.
Pisciculture en difficulté
La démarche de création d’un parc naturel régional est très longue. Il s’agit d’une démarche volontaire qui peut être engagée par les communes d’un territoire. Les communes doivent constituer un noyau suffisant pour mûrir le projet, lancer des esquisses, puis créer un syndicat mixte réunissant des communes, des intercommunalités, mais aussi la Région, des villes portes, etc. Au terme des études menées par le Syndicat mixte, la faisabilité peut être reçue. Un projet de charte peut être mis au point et l’avis définitif des partenaires est recueilli avant signature d’un décret de création.
Maîtriser le développement
Dans la Dombes le processus est complexe car le territoire est loin d’être en déprise, au contraire des territoires où la création d’un parc naturel régional a été perçue, et même voulue, comme un moteur de développement. C’est le cas en Rhône-Alpes des parcs sur des massifs ( Vercors,Pilat, Chartreuse, Bauges) ou sur des zones montagneuses.
La Dombes est plutôt victime d’un excès de développement. Le développement économique et démographique se produit sous la pression d’une métropole lyonnaise qui déborde largement pour s’étendre presque aux abords de Bourg en Bresse. L’excès de développement est une menace sur les milieux naturels, sur les terres agricoles, sur la qualité de vie.
L’existence d’un parc est ressentie potentiellement par certains comme un frein à ce développement qui pour certains acteurs dombistes est vital. La valorisation urbaine des terres agricoles peut arranger des propriétaires fonciers et des communes. L’activité de la chasse, par les apports financiers des locations, est aussi très rémunératrice. Elle est appelée à compenser pour certains propriétaires d’étangs, la rentabilité déclinante d’une pisciculture pénalisée entre autres par les prédateurs (cormoran). Jadis chassé en Europe du Nord, le cormoran migre dans la Dombes, s’y installe et accroit ses prélèvements.
Un PNR n’est pas un frein
Les porteurs d’un projet de parc devront convaincre qu’un Parc Naturel Régional ne serait pas un obstacle au développement de ces activités. Un PNR poserait sans doute des limites à des cultures comme celle du maïs, source de revenus importante pour de nombreuses exploitations, en raison des caractéristiques optimum du sol et du climat dombiste. Mais un parc permettrait de valoriser bien d’autres productions agricole et piscicole, en favorisant le tourisme.
Le contour d’un futur éventuel parc naturel n’est évidemment même pas dessiné. Le cœur en serait le canton de Villars les Dombes, avec le canton de Trévoux capitale historique de la principauté. D’autres cantons comme Chatillon sur Chalaronne auraient vocation à être inclus dans le périmètre.
Les franges de la Dombes sont moins engagées, tournées qu’elles sont vers le Val de Saône ou la Côtière du Rhône. Les clivages politiques risquent aussi de mettre des bâtons dans les roues du projet. Portés par des élus de gauche, un département « à gauche » et une région de la même couleur, le projet est la cible d’élus de droite qui se disent sceptiques. Le chemin des parcs naturels n’est pas toujours pavé d’intentions neutres.
