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Pour dissiper les infox sur le climat, prenons le train !

Le « Train du climat » propose des expositions et des rencontres dans quatre voitures d’un TER aménagé pour l'occasion. Compte Facebook Train du climat

Cet article est publié dans le cadre de la Fête de la Science 2018 dont The Conversation France est partenaire. Retrouvez tous les débats et les événements de votre région sur le site Fetedelascience.fr.


La tournée du « Train du climat » a débuté le 5 octobre dernier à Angoulême et se poursuit ces jours-ci avec la présence du train en gare le 12 octobre à Poitiers, le 18 octobre à Limoges, le 21 octobre à Bordeaux, le 25 octobre à Biarritz et le 5 novembre à Agen.

Les visites du train sont accompagnées des « messagers du climat », un collectif interdisciplinaire de scientifiques, rattachés à une vingtaine d’établissements ou laboratoires de recherche. Un programme de conférences participatives et d’animation, impliquant des acteurs locaux, accompagne pendant 3 jours le passage du train en gare.

Deux de ces conférences permettent d’aborder la question des fake news ou « infox » (nouvelle expression française pour désigner les informations fallacieuses), qui est l’un des thèmes principaux de la Fête de la science 2018.

Du « climategate »…

Sur les questions climatiques, les controverses ont parfois été vives avec leur lot de fausses nouvelles, en particulier aux périodes clés de publication des rapports du groupe d’experts sur l’évolution du climat (le GIEC) ou encore avant les conférences internationales qui devaient marquer un tournant dans les engagements des États en faveur de la lutte contre le changement climatique.

Le « climategate », comme il a été nommé par certains puis repris dans les médias, est à ce propos emblématique puisqu’il a coïncidé avec la « vague » climatosceptique qui a immédiatement précédé et suivi la COP de Copenhague en 2009. L’origine du vol des courriels privés, échangés entre scientifiques qui l’avait déclenché, importait alors beaucoup moins que ce que ces messages étaient supposés révéler.

Il s’agissait, par l’interprétation de certains de ces messages, de faire croire à une falsification des données par les scientifiques du GIEC pour exagérer l’ampleur du réchauffement climatique. Des commissions d’enquête indépendantes ont par la suite montré qu’au-delà de maladresses dans la présentation de certains résultats dans un rapport de l’Organisation météorologique mondiale (et non dans le rapport du GIEC), les données n’avaient pas été falsifiées dans le but de tromper et que la rigueur et l’honnêteté des scientifiques concernés ne faisaient aucun doute.

… au « Groenland vert »

Aujourd’hui encore, de fausses nouvelles sur le climat continuent à être accessibles sur Internet, et ce plusieurs années après avoir été diffusées et sans qu’un nouveau lecteur puisse toujours les dater. Fort heureusement, l’argumentation permettant de démonter des fausses affirmations est aussi souvent accessible sur la toile, comme dans le cas du supposé « Groenland vert » au Moyen Âge.

Cette fausse affirmation a un intérêt particulier puisqu’on peut la considérer comme l’une des premières « infox » sur le climat qui soit parvenue jusqu’à nous.

Elle aurait pourtant été diffusée pour la première fois par le célèbre chef norvégien Érik le Rouge peu avant l’an mil, pour convaincre ses compatriotes de venir coloniser cette terre. Il ne s’agissait bien sûr alors que d’une région côtière, puisqu’environ 80 % de l’île était, comme aujourd’hui, recouverte par un glacier.

À cette époque, comme à la nôtre, un esprit critique se doit de se poser la question de savoir qui prononce une affirmation douteuse et quelle intention peut l’animer. Ceci représente une difficulté sur Internet, qui défend la liberté de l’anonymat au détriment de la connaissance des sources.

Distinguer le vrai du faux

Comment dès lors faire part du « vrai » et du « faux », la non-intention de nuire de l’intention de manipuler ?

C’est une question qui dépasse l’objet de cet article mais qui n’a pas manqué d’être posée au climatologue Éric Guilyardi, intervenu sur le sujet à Angoulême, lors de la première étape du « Train du climat » 2018. Il aura justement répondu que la communauté climatique s’est dotée d’un outil inégalé d’expertise avec le GIEC, qui offre dans ses rapports l’essentiel des réponses (dans la limite des connaissances du moment).

Mais c’est bien là aussi que le « bât blesse » car les climatosceptiques (les « négateurs » comme les appelle Éric Guilyardi) se sont toujours engouffrés dans les failles des connaissances datées d’une époque, évoluant dans leurs affirmations au fur et à mesure que ces mêmes connaissances se sont étendues.

Qui peut aujourd’hui contester la réalité du réchauffement climatique comme c’était le cas au début des années 2000, en utilisant l’argument de mesures contradictoires faites par les satellites dont on sait aujourd’hui qu’elles étaient erronées ? Qui peut aussi contester, sur des arguments scientifiques, la réalité du rôle dominant des activités humaines sur le réchauffement climatique récent, quand les preuves se sont multipliées ces toutes dernières années ?

Aussi une question de confiance

Mais démonter ces fausses vérités – qui sont d’autant plus séduisantes que leur formulation est souvent simple et qu’elles semblent tomber sous le sens – auprès du public peut s’avérer, comme dans le cas de l’attribution du réchauffement climatique aux activités humaines, une tâche bien plus ardue. Dès lors, le travail de conviction ne peut être basé que sur la confiance que le public accordera aux scientifiques, une confiance qui peut aussi être attaquée par les « semeurs » de doute.

Apporter des connaissances au plus grand nombre, discuter directement avec des scientifiques qui travaillent dans le domaine du climat, voici les deux objectifs des « messagers du climat » qui accompagnent les visiteurs au cours de l’exposition du « Train du climat ». Il ne vous reste plus qu’à monter à bord !

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