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Les effets sanitaires des lignes à très haute tension en question

Si de nombreuses études ont établi une association statistique entre l'exposition aux lignes et l'augmentation du nombre de cas de leucémies infantiles, aucun lien de causalité n'a toutefois pu être prouvé.

Par Audrey Garric

Publié le 06 mars 2012 à 16h35, modifié le 07 mars 2012 à 12h11

Temps de Lecture 3 min.

Pour tous les couples, la naissance d'un enfant va induire un réaménagement des liens, une crise donc.

Met-on sa santé en danger en vivant près d'une ligne à très haute tension ? Si la question divise la communauté scientifique depuis maintenant trente ans, elle n'a toujours pas été tranchée. Or, l'impact sanitaire de ces autoroutes de l'électricité suscite une inquiétude grandissante parmi la population.

En cause : les champs magnétiques de fréquence extrêmement basse (50 Hz), générés par le passage du courant dans les câbles électriques, qui ont ont été classés "cancérogènes possibles pour l'homme" en 2002 par le Centre international de recherche sur le cancer de l'Organisation mondiale de la santé.

Alors que la France compte 100 000 km de lignes électriques à haute et très haute tension (THT), 375 000 personnes seraient exposées à des champs magnétiques supérieurs à 0,4 microtesla (µT), un seuil jugé à risque, selon l'exploitant Réseau de transport d'électricité (RTE).

PRINCIPE DE PRÉCAUTION

Un constat qui a poussé l'Agence française de sécurité sanitaire de l'environnement (Afsset) à recommander, dans un rapport de mars 2010, "de ne plus augmenter, par précaution, le nombre de personnes sensibles exposées autour des lignes à très haute tension et de limiter les expositions." Dans la pratique, l'Afsset a préconisé de ne plus installer d'établissements accueillant des femmes enceintes ou des enfants (hôpitaux, écoles, crèches…) à moins de 100 mètres de lignes THT.

"Ces recommandations sont insuffisantes. La zone d'exclusion devrait s'étendre jusqu'à 300 mètres de part et d'autre de la ligne", assure Catherine Gouhier, qui a coordonné une enquête citoyenne pour le Centre de recherche et d'information indépendantes sur les rayonnements électromagnétiques (Criirem). L'étude, réalisée en 2009 à partir de 6 000 cas, concluait en effet à des champs magnétiques oscillant entre 0,8 et 2 µT dans les habitations situées à moins de 300 mètres des lignes, contre 0,01 à 0,02 µT pour des logements construits dans des zones non exposées.

Pour RTE, ces valeurs restent encore bien inférieures à la norme internationale, qui fixe à 100 µT l'exposition maximale à un champ magnétique. Alors que la France respecte strictement cette règlementation, beaucoup de pays l'ont de leur côté abaissée, comme les Etats-Unis (20 µT), l'Italie (3 µT), la Suisse (1 µT) ou la Suède (0,25 µT). "La France a retenu cette valeur totalement démesurée sous l'effet du lobby électrique", regrette Catherine Gouhier.

LIEN DE CAUSALITÉ

Mais si le principe de précaution n'est pas appliqué par RTE, c'est avant tout parce que le lien de causalité entre l'exposition aux lignes à haute tension et le développement de maladies n'a jusqu'à présent jamais été prouvé. Selon certaines associations de défense de l'environnement et de la santé, les riverains des lignes THT seraient sujets à des phénomènes de stress, nervosité, irritabilité et insomnies plus fréquents que le reste de la population.

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Surtout, de nombreuses études, conduites notamment en Grande-Bretagne, ont établi une association statistique irréfutable entre l'exposition aux lignes THT et l'augmentation du nombre de cas de leucémies infantiles – deux fois plus – et de maladies neurodégénératives, comme Alzheimer ou Parkinson.

"Si les chiffres sont là, on ne sait toutefois pas si on peut imputer ces maladies à la présence des lignes, prévient Jacqueline Clavel, qui dirige, depuis 2002, une étude sur ce sujet pour l'Institut national de la santé et de la recherche médicale. On ne connaît aujourd'hui aucun mécanisme biologique valable selon lequel les champs magnétiques induieraient un risque de leucémie accru."

ÉTUDE ÉPIDÉMIOLOGIQUE

"Cette corrélation sera de toutes façons impossible à prouver, rétorque Catherine Gouhier. Comme pour le lien entre tabac et cancer du poumon, il y a de multiples autres facteurs en jeu, tels que l'alimentation, le stress ou la qualité de l'air. On ne peut que confirmer le lien de cause à effet de manière empirique, grâce aux études épidémiologiques, qui étudient la fréquence de maladies dans un large panel de population en fonction des modes de vie."

Aucune étude de ce genre n'a jamais été menée en France, au grand dam des opposants aux lignes THT. Si les autorités sanitaires françaises se justifient en arguant d'un manque de représentativité de ce type d'expériences, les associations, elles, y voient la marque du puissant lobby électronucléaire.

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