Bois illégal de Herakes Farms : Un complot contre les forêts camerounaises et les accords avec l'Union européenne

Communiqué de presse - mai 27, 2014
Yaoundé, le 27 mai 2014

Dans un rapport publié aujourd'hui, Greenpeace Afrique révèle comment l’entreprise américaine Herakles Farms, à travers une société écran, aurait agi de connivence avec le ministre camerounais des forêts et de la faune pour obtenir illégalement un permis d'exploitation forestière dans une partie de la concession foncière qui lui a été accordée en novembre 2013. Herakles Farms se prépare à exporter vers la Chine du bois coupé en violation de la législation camerounaise.

En  janvier dernier, le ministre Ngole Philip Ngwese a attribué un titre d’exploitation forestière (vente de coupe n° 11-02-10) portant sur 2.500 hectares à Uniprovince, une entreprise peu connue. La vente de coupe se situe à l’intérieur de la concession d’Herakles Farms, dans la zone où l’entreprise a conduit la plupart de ses activités d’exploitation forestière illégale, avant même la signature du décret présidentiel lui octroyant une concession foncière provisoire.

 Cette vente de coupe a été attribuée en violation flagrante de la législation forestière camerounaise. En effet, la loi précise que les ventes de coupe ne peuvent être octroyées que dans le cadre d’enchères publiques, ce qui n’a pas été le cas de celle accordée à Uniprovince.

 La vente de coupe n° 11-02-10 est d’autant plus suspecte qu’elle ne figure pas dans la liste la plus récente des titres d’exploitation forestière en cours de validité publiée par le Ministère des Forêts le 10 mars. Or, elle date du 28 janvier 2014, et le certificat correspondant a été délivré le 6 février – soit plus d’un mois avant la publication par le ministère de la liste des titres en cours de validité pour l’année 2014.

“Il s’agit  de toute évidence d’une tentative délibérée de dissimulation d’une décision illégale prise en faveur d’une entreprise derrière laquelle se dissimule Herakles Farms”, dit Irène Wabiwa, la Responsable de la campagne forêt de Greenpeace Afrique. En mars 2013,  SGSOC Cameroon Holding Ltd. (la filiale d’Herakles Farms enregistrée aux îles Caïman) a procédé à l’acquisition d’Uniprovince, dans le but de prendre possession du bois, et d’en tirer des revenus substantiels.  

Il semble qu’une collusion existe entre des autorités camerounaises et la société Herakles Farms pour que l’exploitation se fasse dans l’illégalité au détriment du trésor public camerounais, des communes et communautés locales qui devraient bénéficier des redevances forestières.

L’attribution de la vente de coupe de gré à gré prive en effet le gouvernement de revenus : Uniprovince est supposée payer une taxe 17 fois inférieure à la moyenne payée en 2014 par les compagnies titulaires de permis équivalents.

De plus, les volumes de bois qu’elle prélèvera dans la zone sont bien plus importants que ceux des autres exploitants, puisqu’il s’agit de procéder à une coupe rase de la forêt.

 « Il est bien évident que, contrairement aux déclarations des responsables d’Herakles Farms,  l’entreprise ne peut contribuer au développement du pays, encore moins au bien-être des communautés. Au contraire, le Cameroun est en train de perdre d’énormes revenus à cause des pratiques illégales et de la corruption probable qui entourent les activités de l’entreprise » dit Irène Wabiwa.

Par ailleurs, en signant un Accord de Partenariat Volontaire (APV) avec l'Union européenne, le Cameroun s’est engagé à lutter contre l’exploitation et le commerce illégal du bois. Alors que des efforts importants sont investis par les deux parties pour la mise en œuvre de cet APV, l’attribution à Uniprovince d’une vente de coupe en violation de la loi met en doute sa crédibilité ainsi que  la volonté du Cameroun de respecter tous ses engagements dans le cadre de cet accord.

En raison des illégalités qui l’entourent, Greenpeace demande que la totalité du stock de bois soit immédiatement saisie par les autorités camerounaises  et que la vente de coupe illégalement attribuée soit annulée. Une enquête doit être ouverte pour déterminer les responsabilités et prendre les mesures qui s’imposent à l’encontre de toutes les personnes impliquées dans l’attribution de cette vente de coupe.

En raison du silence du ministre des forêts et de la faune, Greenpeace a saisi le Procureur de la République et lui a fourni toutes les preuves de l’illégalité de cette situation et des incidences financières pour l’Etat.

 

 

Pour lire le rapport : Cliquer ici

 

Contact

Irène WABIWA, Responsable de la Campagne Forêt, Greenpeace Afrique, ,  + 237 71 61 18 28

Najia BOUNAIM,  Chargée de communications, Greenpeace Afrique, +27 79 930 47 43

 

 

 

 

 

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