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Le plaidoyer des maires à présenter aux décideurs va faire davantage bouger les lignes en matière de gouvernance locale



  • Au terme de la Conférence annuelle du Partenariat stratégique AIMF-UE en vue de bâtir des coalitions au service du développement local dans la capitale burkinabé, du 22 au 23 février 2018, le délégué du gouvernement auprès de la communauté urbaine de Douala et président de la commission des finances locales, Fritz Ntonè Ntonè se dit optimiste du document plaidoyer en cours d’élaboration.

    Que doit-on attendre du groupe de plaidoyer sur les Finances publiques que vous présidez ?

    J’ai eu l’opportunité et le privilège, dans ce cadre international qui est notre faîtière, c’est-à-dire l’AIMF (Association internationale des maires francophones, Ndlr), de présider la Commission des finances locales. Ce groupe de travail a pour objectif de fédérer toutes les bonnes pratiques à travers les collectivités territoriales décentralisées (CTD) en matière de finances, pour améliorer les capacités institutionnelles dans la gestion des finances publiques de nos communes respectives.

    Nous devons aussi monter un plaidoyer pour que la voix des collectivités locales soit prise en compte dans toutes les instances de prise des décisions, au niveau national et sous-régional. C’est la raison pour laquelle l’AIMF (et l’Union européenne qui finance cette démarche visant à doter les maires francophones des outils leur permettant de faire face aux enjeux du développement local) a impliqué d’autres élus tels que les députés et les sénateurs pour prendre part à cette réflexion.

    Il sera également question que le document de plaidoyer à mettre sur pied, qui ne parle pas seulement des finances locales, mais d’autres thèmes que sont les services essentiels, le statut de l’élu local et la fonction politique territoriale, le rôle des autorités locales face au changement climatique et la localisation des Objectifs de développement durable, soit présenté aussi à d’autres instances sous-régionales telles que la CEMAC (Communauté économique et monétaire de l’Afrique central, Ndlr) et l’ UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine, Ndlr), respectivement pour l’Afrique centrale et l’Afrique occidentale.

    Et au-delà ?

    Il est enfin question que, les capacités institutionnelles étant améliorées, les CTD conscientes du fait que les moyens transférés par l’État sont contraints et ne peuvent pas étancher notre soif, c’est-à-dire couvrir tous les besoins qu’une ville a pour son développement, nous soyons outillés dans la recherche des financements additionnels. Et que nous trouvions tous les moyens permis par la réglementation pour faire participer au maximum la société civile et le secteur privé dans les actions de développement de nos territoires respectifs.

    Et l’apport du Cameroun en général et de la communauté urbaine de Douala (littoral-Cameroun) en particulier sur la problématique des finances locales ?

    Nous avons au cours de nos travaux de deux jours bénéficié des expériences du Sénégal, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire et bien sûr du Cameroun. Il est à reconnaître qu’en matière d’amélioration des capacités institutionnelles, les collectivités locales camerounaises, ne serait-ce que dans le volet financier et comptable, disposent déjà d’un logiciel de gestion Sim_ba (gracieusement offert aux CTD par l’AIMF à travers AfroLeadership). Et à Douala, nous sommes en train vouloir faire un pas supplémentaire vers l’intéressement du secteur privé, par la création d’une société d’économie mixte de gestion du patrimoine. Ce qui nous permet donc de faire un saut qualitatif vers la mise en place d’un dispositif qui nous permet de réaliser tous les grands projets socioéconomiques… Et ce dispositif va également permettre aux petites et moyennes entreprises de s’épanouir.

    Le groupe de plaidoyer sur les services essentiels est présidé par Célestine Ketcha Courtès (maire de Bangangté) pendant que le délégué du gouvernement auprès de CUD trône à la tête de celui relatif aux finances locales. Quelle déduction ?

    Je ne peux que me réjouir du dynamisme des collectivités territoriales décentralisées camerounaises. C’est une dynamique au sein de l’AIMF qui est en marche depuis bientôt trois ans. Il y a eu des assises de Tunis, de Kinshasa, de Yaoundé, de Douala et aujourd’hui Ouagadougou. Et chaque fois, les 5 commissions identifiées travaillent en synergie. Il se trouve donc que le Cameroun, à lui seul, préside deux commissions. Puisque Mme Célestine Ketcha Courtès, maire de la commune de Bangangté est à la tête de la Commission sur les services essentiels. Il est tout important de relever que dans ce concert de collectivités locales francophones le Cameroun tient une place de choix. C’est dire que notre processus de décentralisation, on peut le critiquer, est bien en marche. Il n’est pas si en panne par rapport aux autres pays. D’ailleurs, par endroits, nous avons une longueur d’avance sur un certain nombre de pays africains dans cette mouvance.

    Quelles leçons au terme de la conférence annuelle de Ouaga ?

    Je retiens comme leçon que nous sommes pratiquement à la fin de notre mission, parce qu’il nous reste une rencontre pour consolider toutes les idées et contributions issues des échanges depuis trois ans, qui vont constituer ce grand document de plaidoyer à l’attention des décideurs de nos différents pays et différentes régions. Toutes les cinq thématiques arrêtées de commun accord sont l’essentiel qui constitue les préoccupations au quotidien de tout magistrat municipal.

    Dès que ce document est mis sur pied, nous pensons qu’on peut faire davantage bouger les lignes dans la gouvernance locale. Surtout dans le sens de trouver de plus en plus l’espace qui permette au aux maires et aux exécutifs municipaux de se rapprocher davantage de leurs populations et que le bien-être, les conditions de vie au quotidien s’améliorent de manière notable. Parce qu’il faut noter que la vie commence dans une famille nucléaire. Et en prenant cette image, la famille nucléaire de tout un pays c’est la commune. Car, chacun est issu d’une commune et le développement à la base est celui qui impacte sur l’ensemble du pays. C’est pour cela que nous sommes conscients des responsabilités qui sont les nôtres en tant que magistrats municipaux, chargés de mener sur le terrain des actions plus concrètes avec la collaboration de nos concitoyens.

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