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Fracturation hydraulique : pas d'extraction du gaz de schiste au détriment des énergies renouvelables



  • La fracturation hydraulique, une méthode parfois décriée d’extraction du gaz naturel à partir des formations de roche mère, devrait être envisagée avec précaution par les pays qui cherchent à accroître leur accès à l’énergie, selon un nouveau rapport de la CNUCED sur le gaz de schiste.

    « Le changement climatique implique que tous les pays doivent, de toute urgence, se désengager des énergies fossiles et notamment du gaz de schiste », a déclaré le Secrétaire général de la CNUCED, Mukhisa Kituyi.

    Le rapport indique que le gaz naturel, dont le gaz de schiste, offre des avantages et des inconvénients en tant « qu’énergie de transition » entre les importantes sources d’émissions de dioxyde de carbone (CO2), que sont le charbon et le pétrole et les énergies renouvelables.

    « Mais étant donné que l’énergie est nécessaire pour éliminer la pauvreté et stimuler le développement, les pays potentiellement riches en gaz de schiste devraient être informés des avantages et des inconvénients liés à son exploitation avant de prendre des décisions sur l’élaboration des politiques relatives à leur bouquet énergétique à court-terme. »

    Au nombre de ces avantages figure le fait que les émissions de CO2 du gaz naturel sont environ 40% inférieures à celles du charbon par unité d’énergie produite, point sur lequel la plupart des experts s’accordent.

    Par ailleurs le gaz naturel peut être stocké en vue d’être utilisé à la demande et satisfaire ainsi des besoins d’énergie variables de manière plus efficace que l’énergie produite à partir de sources renouvelables, telle que l’énergie éolienne.

    Le gaz naturel est une énergie fossile

    Toutefois, au nombre des inconvénients figurent le fait que le gaz naturel est une énergie fossile et qu’en tant que telle elle représente une source d’émissions nocives de CO2, lorsque celui-ci est brûlé.

    Des réserves ont été émises quant aux grandes quantités d’eau utilisées par la fracturation hydraulique, ainsi que les risques potentiels que ferait encourir ce type d’opérations sur la qualité de ces ressources, notamment par le biais de la contamination des eaux souterraines et de surface

    Selon le rapport les investissements dans le secteur du gaz de schiste ne devraient en aucun cas être effectués au détriment du déploiement des énergies renouvelables et des stratégies d’efficacité énergétique.

    Aussi le manque de connaissances concernant la géologie locale et notamment la présence des aquifères, l’absence de « permis social d'exploitation » et un environnement règlementaire inadéquat pourraient constituer des obstacles majeurs au recours à la fracturation hydraulique comme méthode d’extraction du gaz de schiste.

    En outre, bien que la durée de vie du méthane (CH4) – principal composant du gaz naturel – soit plus courte que celle du CO2, dans l’atmosphère, son potentiel de réchauffement global est 28 fois supérieur à celui du CO2 sur un horizon de 100 ans. En 2016, selon l’Organisation météorologique mondiale, la concentration du méthane dans l’atmosphère avait atteint une teneur record avec 1,853 parties par milliard – soit environ 257% son niveau préindustriel.

    « Des réserves ont été émises quant aux grandes quantités d’eau utilisées par la fracturation hydraulique, ainsi que les risques potentiels que ferait encourir ce type d’opérations sur la qualité de ces ressources, notamment par le biais de la contamination des eaux souterraines et de surface», mentionne le rapport.

    Un potentiel énergétique certain

    Selon l’Energy Information Administration américaine, les ressources mondiales techniquement récupérables de gaz de schiste s’élèveraient à environ 215 mille milliards de mètres cubes en 2015, soit environ 60 années de consommation. La moité des resssources est situé en Algérie, en Argentine, au Canada, en Chine et aux Etats-Unis.

    Malgré la disponibilité du gaz de schiste dans plusieurs autres pays, les États-Unis sont restés le premier pays producteur de gaz de schiste en 2015 avec 87% du total mondial. Les États-Unis sont également devenus exportateurs nets de gaz naturel depuis le mois de juillet 2017.

    En outre, de nombreux investissements sont effectués aux États-Unis afin de développer les infrastructures de liquéfaction, ce qui pourrait conduire le pays à posséder les troisièmes plus importantes capacités au monde d’ici 2020, après l’Australie et le Qatar – des changements qui pourraient conduire à une globalisation du marché du gaz naturel qui est actuellement régionalisé.

    Aussi, le rapport examine l’évolution de l’extraction du gaz de schiste, aux États-Unis ainsi que dans d’autres pays, afin d’évaluer sa pertinence vis-à-vis des engagements pris dans le cadre de l’Accord de Paris sur le climat et ceci dans un contexte de besoins énergétiques en pleine croissance.

    Le recours au gaz naturel « devrait contribuer à faciliter une transition en douceur du modèle économique actuel, principalement alimenté par les énergies fossiles, à une économie sobre en carbone, tout particulièrement dans le contexte de l’Objectif de développement durable (ODD) 7 d’ici 2030 ».

    L’objectif 7 garantit l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable.

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