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Un pavillon des sports entièrement fait de matériaux trouvés au dépotoir



  • Par Catherine Paquette

    À Kuujjuaq, au Nord du Québec, le dépotoir situé au nord-ouest du village est amicalement surnommé le « Canadian Tire ». En raison des nombreux obstacles à la construction de nouvelles infrastructures, les résidents de cette communauté inuit sont souvent forcés d’avoir recours à leur imagination pour bâtir à partir de matériaux recyclés, faute de ressources.

    C’est cette fibre créatrice qui a été exploitée par le Minimum Cost Housing / Hackathon Group de l’Université McGill, lequel a été invité en 2017 à construire avec les résidents locaux un pavillon des sports entièrement fait d’objets trouvés au dépotoir. Le projet vient tout juste de se voir remettre un Prix de design urbain par l’Institut royal d’architecture du Canada. 

    En cinq jours, les étudiants de McGill ont construit un Pavillon des sports, qui fait 75m carré, est situé entre la patinoire et le terrain de baseball du village. Les constructions au style éclectique comprennent une scène, un abri pour les sports d’été et d’hiver, une estrade et une tour munie d’une lumière, tel un phare, qui doit servir à annoncer les événements qui ont lieu dans le village. Le budget alloué par la municipalité de Kuujjuaq était de 15 000 $.

    Ce genre de projet est appelé un « Hackathon » : il s’agit d’événements où sont construites des infrastructures de manière informelle, en collaboration avec des résidents locaux.  Selon les leaders du projet, les Hackathon ont le potentiel d’inciter les institutions politiques à adopter des pratiques de création et de gestion basées sur la collaboration.

    Bien que le pavillon ait été conçu avec les résidents locaux, il n’a pour l’instant pas été suffisamment utilisé par la communauté, indique l’ex-maire de Kuujjuaq, Tunu Napartuk dont le mandat s’est terminé en novembre 2018. Ce dernier est d’avis que la municipalité devra y organiser davantage d’événements pour susciter l’intérêt des résidents envers le pavillon.

    Il s’agissait du deuxième projet de design auquel participait Tunu Napartuk en collaboration avec l’Université McGill. En 2016, une charrette de design (un atelier de courte durée réunissant plusieurs équipes) intitulée Recomposer le Nord avait eu lieu, où différents projets ont été présentés mais sont restés à l’étape de plans.

    Manque de ressources 

    M. Napartuk rappelle que l’absence d’une route reliant Kuujjuaq au Sud du Québec occasion des prix et contraintes plus importantes dans les régions du Nord. Il en coûte en effet trois fois plus dans ces régions éloignées qu’au sud du Québec pour y amener les matériaux et construire les bâtiments. « Si on veut construire quelque chose, la seule façon de faire c’est d’amener les matériaux par bateau, et en plus on a seulement 4 ou 5 mois pour le faire. Il faut tout planifier et trouver l’argent des mois d’avance », affirme-t-il.

    Le maire souligne également le manque de main d’oeuvre. Alors même que des travailleurs du Sud se rendent à Kuujjuaq, il peut parfois être difficile de les loger, et construire leur maison prendra plusieurs mois de préparation et de travail.

    Prix de design urbain 

    L’Institut royal d’architecture du Canada a remis le 7 janvier des prix à 12 lauréats à travers le pays. Quatre villes québécoises comptent des projets primés : Kuujjuaq, Percé, Montréal et Québec. D’autres projets primés se trouvent à Calgary, Toronto et Vancouver.

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