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La question des Aires protégées à la neuvième Conférence des Parties à la CDB : Que protéger, comment et à quel prix ?


Lors de la CP-7, les Parties à la Convention ont visé l’établissement de réseaux d’aires protégées efficacement gérées et écologiquement représentatives d’ici à 2010 pour les zones terrestres et d’ici à 2012 pour les zones marines. Elles ont également créé un groupe de travail spécial à composition non limitée sur les aires protégées (GTAP), dont le mandat est d’appuyer et d’évaluer les progrès réalisés dans la mise en oeuvre de ce programme de travail et d’en faire état à la CdP. Or, deux ans avant le premier de ces échéanciers, le manque de financement et de capacités techniques est un obstacle majeur à la réalisation de ces objectifs. De plus, l’établissement d’aires marines protégées hors des juridictions nationales rencontre une forte résistance politique.
La question des aires protégées est de plus en plus liée à celle des changements climatiques dans les négociations internationales. Il est reconnu qu’elles peuvent jouer un rôle dans l’atténuation et l’adaptation aux changements climatiques. Par exemple, les aires protégées sont susceptibles d’être au coeur des nouvelles mesures de réductions d’émissions résultant du déboisement et de la dégradation des forêts dans les pays en voie de développement, puisque la Conférence de Bali sur les changements climatiques a décidé d’intégrer ces questions aux négociations sur l’accord post-Kyoto. Par exemple, la Norvège, qui a annoncé en décembre dernier son intention d’affecter un demi-milliard de dollars américains par année à la prévention de la déforestation, a tenté de faire référence à de telles initiatives en tant que mécanismes de financement pour les aires protégées, lors de la deuxième réunion du Groupe de travail spécial sur les aires protégées (GTAP-2). Les délégués ont plutôt opté pour la proposition du Canada, en faisant simplement référence aux efforts mondiaux consacrés à la lutte contre les changements climatiques.
Que protéger, comment, à quel prix et avec quel impact sur les autres dimensions de la protection de la biodiversité demeurent des sujets contestés (Guide du négociateur à la CdP 9 de la CDB, IEPF 2008).
La CdP 9 devra tenir compte des résultats de la rencontre du GTAP 2, tenue à Rome en février 2008. Ce groupe de travail a débattu du financement et a examiné la mise en oeuvre du programme de travail adopté lors de la CdP7. Les Parties ont laissé plus de 150 passages entre crochets au sein de deux recommandations. Les Parties ont discuté de différents mécanismes de financement novateurs, incluant la création de partenariats public-privé.
Les pays développés se sont plaints d’un manque d’ouverture de la part des pays en développement (PED) au sujet des mécanismes innovateurs. De leur côté, les PED ont déploré la réticence des pays développés à promettre de nouvelles ressources financières et techniques. Les délégués à la CdP9 auront comme défi de faire avancer les négociations malgré la méfiance et l’insatisfaction qui prévalent de part et d’autre.
L’examen de la mise en oeuvre du programme de travail s’est principalement inspiré des ateliers régionaux issus de la décision VIII/24. En plus de l’examen, les ateliers avaient comme objectifs d’encourager les Parties, les gouvernements et les organisations concernées à soutenir et à mettre en oeuvre des activités de renforcement des capacités. Cinq ateliers régionaux ont été organisés, dont un pour l’Afrique francophone, à Libreville (Gabon) du 7 au 10 janvier 2008.
Concernant les Aires protégées marines, lors de la CdP 8, les discussions ont surtout porté sur les aires protégées marines en haute mer. Elles se sont centrées sur le mandat de la CDB en lien avec celui de l’Assemblée générale des Nations unies, qui a établi un groupe de travail à composition non limitée sur la biodiversité hors juridiction nationale. La décision VIII/24 encourage la CDB à soutenir le processus de l’Assemblée générale en lui fournissant un apport scientifique et une expertise, notamment sur l’approche éco systémique et préventive.
Au cours de la CdP 8, les pays industrialisés ont dominé les débats, malgré les appels répétitifs des PED pour le respect de l’Accès et du Partage des Avantages des ressources marines dans le cadre du groupe de travail de l’Assemblée générale du 13 au 17 février 2006. L’année charnière pour l’avenir de la gouvernance internationale sur les aires protégées sera sans doute 2010, échéance du programme de créations d’aires protégées (Guide du négociateur à la CdP 9 de la CDB, IEPF 2008).
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Le jeudi 22 mai 2008, les délégués à la CdP9 ont examiné la question des Aires Protégées (AP)°, basée sur les recommendations du Rapport de la deuxième réunion du GTAP, tenu à Rome, en Février 2008 (UNEP/CBD/COP/9/8). Un grand nombre de délégations ont présenté les progrés réalisés dans la mise en œuvre du programme de travail aux niveaux national et régional, en insistant sur le besoin de renforcement des capacités et en ressources financières, ainsi que sur la participation effective et pleine des communautés autochtones et locales dans la délimitation et la gestion des AP. Plusieurs Parties ont rendu hommage au gouvernement de l’Allemagne pour son initiative « LifeWeb », qui a pour objet de jumeler les engagements volontaires des États afin de désigner de nouvelles aires protégées grâce à l’engagement des donateurs.
Concernant l’étude des possibilités de mobiliser des ressources financières pour la mise en œuvre du programme de travail par les pays en développement, un grand nombre de pays ont insisté sur le besoin de fonds supplémentaires. le Brésil a noté que les payments pour les services d’écosystèmes, les payements à titre de compensation environnementale volontaire, les partenariats entre public et privé représentent des mécanismes utiles mais restent très secondaires, comparés au soutien des bailleurs internationaux. Le Groupe Arabe a appelé à une augmentation significative des contributions au FEM, afin d’assurer la mise en œuvre du programme de travail. Les pays insulaires ont mis l’accent sur les mécanismes de financement suceptibles d’attirer et d’augmenter les revenus pour les AP. L’UE et Canada ont souligné le besoin d’innovatioon dans les mécanismes de financement.
Les groupes d’Afrique et de l’Asie- Pacifique ont demandé une plus grade reconnaissance du rôle des AP dans la mitigation et l’adapation aux changements climatiques. Le Japon a appelé au renforcement de la gestion des AP et à l’identification des lacunes. Le Forum permamnent sur les quetions indigènes a appelé à stoper l’établissment des AP sur des térritoires indigènes jusqu’à la mise en oeuvre complète de la déclaration des NU sur les droits des Peuples Indigènes. Plusieurs ONG ont noté des manques dans le programme de travail concernant les liens avec l’éradication de la pauvreté et les menaces occasionnées par les grands aménagements tels que les brarrages et les mines.



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