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Des politiques et des accords commerciaux et environnementaux appropriés sont donc nécessaires afin de limiter la surexploitation des ressources


Alors que les nations deviennent de plus en plus dépendantes au commerce international, avec une proportion de 40% des ressources extraites ou utilisées dans le monde liées directement ou indirectement au commerce, un nouveau rapport démontre que de nouvelles politiques sont nécessaires afin d'atténuer les répercussions environnementales néfastes.

Le rôle du commerce international dans les ressources : une évaluation biophysique, publié par le Panel international des ressources, hébergé par le Programme des Nations Unies pour l'Environnement, révèle qu'entre 1980 et 2010, la valeur du commerce international est devenue 6 fois plus importante et son volume a plus que doublé.

Cette augmentation a été accompagnée par un déplacement des conséquences du traitement intense des ressources et des impacts environnementaux associés vers les pays en développement.

Le directeur exécutif du PNUE, Achim Steiner, a déclaré : « Les bénéfices du commerce international incluent un meilleur accès aux ressources ainsi que des techniques de productions plus efficaces grâce aux économies d'échelle. Cependant, l'augmentation de la production et de la consommation mondiales a entrainé des effets négatifs sur l'environnement, comme la pollution ou la diminution des ressources disponibles. »

« Le fait que ses effets soient transférés sur les nations les plus pauvres est une autre cause de préoccupation. Tout en continuant à bénéficier du commerce international, il faut que des politiques protègent l'environnement des effets préjudiciables du commerce. »

Le rapport examine le volume de ressources nécessaires en amont de l'échange commercial, à savoir, les matières, l'énergie, les terrains et l'eau utilisés dans le pays d'origine de production du bien faisant l'objet de l'échange commercial, mais exclut les déchets et les émissions associés.

Alors que le commerce de la plupart des matériaux a augmenté, la dépendance des marchés mondiaux aux combustibles fossiles et aux métaux est plus élevée. Près de la moitié du volume des combustibles et des métaux de fossiles extraits est réaffecté pour des finalités commerciales.

L'estimation des besoins pour les produits de base échangés en amont est difficile, les estimations vont de 40 à jusqu'à 400% de matériaux échangés. En tenant compte de cette difficulté, le rapport tire les conclusions suivantes :

  • Le volume de l'extraction des ressources et de l'utilisation mondiale ? 65 milliards de tonnes en 2010, a augmenté à un rythme plus lent que le commerce, ce qui illustre la dépendance croissante de l'ensemble des pays au commerce.

 

  • Parmi les ressources extraites et utilisées à travers le monde, 15% sont directement négociées. Cette proportion atteint environ 40% lorsque sont inclues les ressources utilisée dans le processus de production indirectement associées au commerce, c'est à dire non physiquement inclues dans le bien échangé mais inclues dans le processus de production.

  • Les pays à haut revenu ont une balance commerciale positive jusqu'à deux fois plus importante lorsqu'elle est mesurée selon les matières premières plutôt que selon le commerce direct, pour les pays à faible revenu, c'est plutôt l'inverse. Cela signifie un déplacement dans le traitement intense des ressources depuis les pays à revenu élevé vers les pays en développement et les économies émergentes, avec un transfert des effets néfastes associés sur l'environnement.

 

  • La répartition de la dépendance au commerce a changé. Alors que les pays à haut revenu continuent à être les principaux bénéficiaires des ressources par le biais du commerce, les économies émergentes comme celle de la Chine, se sont transformées pour devenir les importateurs principaux. Le système du commerce mondial ne s'appuie désormais plus sur les exportateurs nets, ce qui rend le système vulnérable face aux ruptures d'approvisionnement.

  • Le commerce pourrait devenir économe en ressources puisqu'il permet que les marchandises proviennent de pays / localités où leur production nécessite moins de ressources et génère moins d'impacts environnementaux qu'ailleurs. Cependant, de nombreux processus, y compris les niveaux d'activités commerciales plus élevées, la baisse des teneurs en minerai et des rendements décroissants du rapport énergie extraite sur énergie dépensée (EROEI), l'augmentation de la demande alimentaire et la diminution de la productivité agricole ont pour conséquence une augmentation des besoins en ressources en amont de l'échange commercial. Ces facteurs sont susceptibles d'annihiler les avantages d'une allocation potentiellement plus efficace des ressources et des activités d'extraction et de production par le biais du commerce mondial.

 

Des politiques et des accords commerciaux et environnementaux appropriés sont donc nécessaires afin de limiter la surexploitation des ressources, les déchets et la destruction de l'environnement liée à des niveaux d'activités commerciales élargies.

Le Dr Ashok Khosla et le Dr Janze Potocnik, co-Président du IRP, ont déclaré : « Ce rapport extraordinairement clair réussit à présenter les idées essentielles dont les décideurs ont besoin pour concevoir et mettre en oeuvre des politiques qui assurent que le commerce international soit un instrument positif pour bâtir des économies plus prospères, un monde plus juste et un environnement plus sain .»

Communiqué du PNUE
Télécharger le rapport (an)

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