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Déclaration de la Marche Mondiale des Femmes contre les oléoducs 


« Libérons nos corps, notre Terre et nos territoires »

La Terre n’est pas un don de nos parents. Ce sont nos enfants qui nous la prêtent.

Mise en contexte

  • Nous, les femmes réunies aujourd’hui devant Suncor, dénonçons vivement les projets d’oléoducs et le développement effréné des énergies fossiles. Les projets d’oléoducs sèment la destruction sur leur passage et visent à transporter le pétrole issu des sables bitumineux, actuellement le plus grand projet industriel du Canada et le plus polluant au niveau mondial.
  • Notre action s’inscrit en solidarité avec les luttes en cours partout en Amérique du Nord pour contrer le mégaprojet industriel des sables bitumineux. Le raffinage polluant de ce pétrole lourd, son extraction et son passage dans les multiples projets d’oléoducs sont extrêmement dévastateur.
  • Nous nous déclarons en appui à toutes les femmes qui luttent depuis des années sur l’ensemble de la Terre Mère, pour défendre les territoires contre les mégaprojets industriels qui offensent leurs corps, polluent la Terre et détruisent leurs territoires.
  • Nous sommes particulièrement solidaires des femmes autochtones, elles qui sont au-devant des luttes; comme elles le sont au Canada contre l’extraction du pétrole des sables bitumineux et contre les projets d’oléoducs qui serpenteront leurs territoires.
  • Notre action fait écho au « Wall of Women against Tar Sands » initié en Colombie-Britannique en mars 2014 par des femmes autochtones. Nous nous inscrivons donc dans la défense de nos corps, notre Terre, nos territoires, d’un océan à l’autre du continent. 

Libérons nos corps

  • Nous, les femmes présentes ici, dénonçons les atteintes à la santé humaine, physique et mentale, du mégaprojet des sables bitumineux. Les communautés autochtones sont particulièrement touchées. Dans la communauté autochtone Chipewyan se trouvant près de Fort McMurray en Alberta, on observe une incidence et une augmentation alarmante des taux de cancer, particulièrement des cancers rares.
  • Nous considérons inacceptable de sacrifier la santé des populations pour ce projet de sables bitumineux.
  • Nous dénonçons le fait qu’aux abords des chantiers d’extraction des sables bitumineux, on observe une augmentation de la prostitution et de la violence domestique.

Libérons notre Terre

  • Nous dénonçons les menaces de ce mégaprojet sur l’eau potable à de nombreux endroits au Canada. Au Québec, la rivière des Outaouais, celle des Miles Iles ainsi que le fleuve Saint-Laurent sont hautement menacés de contamination. Le pétrole des sables bitumineux est extrêmement néfaste lorsqu’il se déverse dans l’environnement : il coule dans l’eau au lieu de flotter, ce qui le rend beaucoup plus difficile à récupérer.
  • Nous dénonçons les impacts que le raffinage de ce pétrole lourd et visqueux aura sur la pollution atmosphérique dans l’est de Montréal notamment. Cela a un impact directement à Pointe-aux-Trembles où 40 % des gens souffrent d’au moins une maladie chronique : la Pointe-de-l’Île est le territoire où l’on trouve le plus de personnes atteintes de maladies chroniques à Montréal.
  • Nous dénonçons ce mégaprojet qui menace la biodiversité. Que ce soit la survie des bélugas à Cacouna avec le projet québecois, ou celle de la baleine à bosses à Kitimat, en Colombie-Britannique, avec les impacts du projet Northern Gateway. La coupe des forêts qu’entraine cette industrie dans la vallée d’Athabasca en Alberta est elle-aussi alarmante.
  • Nous sommes outrées que nos gouvernements acceptent passivement les hauts risques de déversements des oléoducs, en territoire autochtone, sur les terres agricoles, et dans les villes et villages. Depuis 1999, on peut compter à une seule compagnie plus de 800 déversements. Parmi eux, le plus important en sol nord-américain est survenu en 2010 dans la rivière Kalamazoo au Michigan et n’est toujours pas nettoyé.
  • Nous dénonçons les changements climatiques que produisent déjà l’extraction des sables bitumineux, tels que la fonte de la calotte glaciaire, l’augmentation des gaz à effets de serre.

Libérons nos territoires 

Nos territoires sont des espaces politiques, des espaces économiques, des espaces de vie.

  • Nous dénonçons une économie basée sur l’expansion d’un secteur industriel qui perpétue des inégalités.
  • Nous dénonçons ce secteur qui ne crée pas d’emplois adéquats pour les femmes. Les emplois générés pour elles sont précaires, moins bien rémunérés et peu nombreux. 
  • Nous dénonçons un système d’emploi fondé sur de longues absences des travailleurs de leurs familles. Ceci entraîne une hausse de la charge de travail domestique non rémunéré et une augmentation des responsabilités familiales pour de nombreuses femmes.
  • Nous dénonçons les impacts sur les modes de vie de nombreuses communautés, dont celles qui vivent de l’agriculture. Nous pouvons aussi constater qu’il y a une perte d’accès au territoire et d’autonomie par les communautés autochtones.
  • Nous sommes en colère que cela entraine la militarisation des territoires ainsi que la criminalisation de la résistance et l’augmentation des violences liées à la répression.
  • Nous dénonçons les lois qui visent à restreindre les libertés civiles, telle la loi C-51.
  • Nous dénonçons le fait que les citoyennes ne sont pas consultées adéquatement, ni inclues dans les processus de décision et d’approbation de ces mégaprojets d’extraction et de transport des sables bitumineux. 

Ceci n’est pas un mur qui divise. Il se veut rassembleur des luttes plurielles et diverses. Nous sommes là, comme mur de femmes pour stopper les industries dévastatrices comme protectrices de la Terre Mère. À la différence des murs érigés à travers le monde pour diviser des peuples celui-ci se veut unifiant.

Nous sommes en solidarité avec…

  • la convergence des luttes féministes, autochtones, écologistes, contre les mesures d’austérité et contre la militarisation.
  • Nous sommes en solidarité avec les femmes autochtones qui font face à une grande problématique de disparitions et de meurtres de femmes de leurs communautés.
  • Nous sommes en solidarité avec celles et ceux qui recherchent la transition vers une économie juste et basée sur les énergies renouvelables.

Nous exigeons

  • Que les gouvernants tiennent réellement compte des populations dans les décisions et que celles-ci aient droit à une information claire, totale et dans leur langue (ce qui n’est pas le cas au Québec avec les rapports en anglais).
  • Nous exigeons que la protection de l’environnement et des femmes soient au cœur de toutes les décisions prises par nos gouvernements et par les municipalités dans ces dossiers.
  • Nous exigeons que les instances chargées d’évaluer les projets prennent réellement en compte les impacts en amont et en aval dans le mégaprojet industriel des sables bitumineux. C’est-à-dire de prendre en compte les impacts de l’extraction, du raffinage, du transport, et de la consommation de ce pétrole sale non conventionnel.
  • Nous exigeons que cesse l’expansion de l’exploitation des sables bitumineux, une des industries les plus polluantes monde, afin de protéger le droit des peuples à vivre dans un environnement sain et le respect du droit des générations futures.
  • Nous exigeons une transformation en profondeur de notre société et un investissement massif dans les énergies renouvelables et alternatives.

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