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Avons-nous progressé sur la voie de la mobilité durable ?


Par Nancy Vandycke, Responsable de programme, Mobilité durable pour tous (SuM4All)

Hélas, pas vraiment. La mobilité durable est restée à quai. Pour répondre à la demande de transport de personnes et de marchandises dans le monde, nous hypothéquons de plus en plus l’avenir des prochaines générations.
 
Tel est le verdict du rapport sur la mobilité dans le monde qui vient de paraître, première étude du genre à évaluer le secteur du transport et les progrès effectués pour parvenir à une mobilité durable à l’échelle planétaire.
 
Ce rapport est la première réalisation d’envergure de l’initiative en faveur de la « mobilité durable pour tous » — ou « Sum4All » selon son acronyme en anglais —, un partenariat mondial multipartite proposé l’an dernier au Climate Action Summit des Nations Unies qui se donne pour objectif de bâtir un avenir où la mobilité sera durable. La publication de cette étude apporte un éclairage bienvenu sur un secteur souvent négligé par la communauté internationale, mais essentiel à l’inclusion sociale, la santé, le changement climatique et l’intégration mondiale.
 
Le rapport retient quatre objectifs pour définir la mobilité durable : l’accès universel, l’efficience, la sécurité et la lutte contre la pollution et le changement climatique. Pour parvenir à une mobilité durable, il est nécessaire de poursuivre ces quatre objectifs simultanément.
 
Pour mesurer les progrès effectués, l’étude propose un cadre de suivi mondial qui prend en compte les objectifs déjà en place et des indicateurs ad hoc relatifs au transport, notamment ceux déjà identifiés par les Objectifs de développement durable (ODD). Cette démarche répond à l’appel du Groupe consultatif de haut niveau du secrétaire général des Nations Unies formulé dans le rapport Mobilizing Sustainable Transport for Development, soulignant la nécessité d’un cadre de suivi et d’évaluation efficace pour mesurer les avancées du secteur.
 
Des données et des éléments factuels recueillis partout dans le monde sont donc aujourd’hui réunis pour la première fois dans une étude exhaustive qui évalue le degré de pertinence des investissements consentis et des politiques menées. Et le constat est sans appel : le prix de l’inaction sur le front des transports sera extrêmement coûteux en termes d’exclusion sociale, d’accidents, d’inefficacité et de pollution.
                                                            
Voici quelques points saillants de ce travail :

  • Accès universel : environ 450 millions de personnes en Afrique, soit quelque 70 % du total de la population rurale du continent, ne seraient desservies par aucun moyen de transport.
  • Efficacité : l’acheminement d’un conteneur d’avocats des Pays-Bas vers le Kenya nécessite 200 interventions et plus de 20 documents, pour un coût égal à son transport. Avec des chaînes d’approvisionnement efficaces, le revenu des agriculteurs peut augmenter de 10 à 100 %.
  • Sécurité : chaque année, la route cause près de 1,3 million de décès et fait des dizaines de millions de blessés graves. Les accidents de la circulation sont la première cause de mortalité chez les jeunes âgés de 15 à 29 ans.
  • Lutte contre le changement climatique : le transport émet 23 % du total des gaz à effet de serre liés à la consommation d’énergie ; ses émissions de CO2 pourraient bondir de 40 % à l’horizon 2040.

 
Ces points sont autant de motifs de préoccupation, dans la mesure où la mobilité durable est essentielle à la tenue des engagements du Programme de développement durable à l’horizon 2030 et à la réalisation des ODD, en totalité ou en grande partie, comme la réduction des émissions de gaz à effet de serre (ODD 13), la sécurité alimentaire (ODD 2) et la promotion de la santé (ODD 3). Il est également indispensable de se doter de transports durables pour accroître la scolarisation (ODD 4) et garantir l’égalité d’accès des femmes à un emploi décent et leur autonomisation (ODD 5).
 
Le bien-être des personnes et de la planète sera nécessairement tributaire des évolutions liées à la mobilité. Les intérêts en jeu sont bien trop importants pour être ignorés : il faut répondre aux demandes de mobilité futures, compte tenu du rôle central qu’elle joue dans l’élimination de la pauvreté et la promotion d’un développement durable. Le Global Mobility Report peut ainsi devenir un instrument essentiel dans la poursuite de ce double objectif.
 
C’est cette urgence qui a poussé au lancement de l’initiative SuM4All et impulsé le travail qu’elle accomplit aujourd’hui. Plus de 50 organismes de premier plan prennent part à cette initiative, parmi lesquels des organismes donateurs bilatéraux, des organismes et des commissions régionales de l’ONU, des banques multilatérales de développement, le secteur privé, des organisations non gouvernementales, des organisations de la société civile et des établissements universitaires. Tous sont mobilisés pour parler d’une seule voix, agir collectivement dans la poursuite des ODD, transformer le secteur du transport et in fine conduire le monde sur la voie de la mobilité durable.

Lire la suite de l'article du Blog de la Banque mondiale

Source : Banque Mondiale

[ODD2030]

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