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Recherche : moins de glyphosate pour des cultures durables


Un chercheur de l’Université du Québec à Montréal, Marc Lucotte, travaille actuellement en collaboration avec des agriculteurs pour les aider à trouver des alternatives au glyphosate, un herbicide largement utilisé et décrié par de nombreuses organisations pour ses risques sur la santé. 

Le glyphosate est au coeur de la tourmente : malgré des centaines de publications scientifiques mettant en garde contre cet herbicide, Santé Canada a accepté en avril dernier son utilisation sur les terres canadiennes. Le glyphosate a fait l’objet de nombreuses études qui sont parfois contradictoires, certaines assurant que le risque pour la santé est minime, d’autres condamnant férocement son utilisation. Par ailleurs, les méthodes d’évaluation des risques varient d’une étude à l’autre, et ne tiennent pas toujours compte des sous-produits qui apparaissent lors de la bio-dégradation du glyphosate dans le sol, tel que l’AMPA (acide aminométhylphosphonique).

Mais en pratique, les herbicides à base de glyphosate (HBG) sont grandement appréciés par les agriculteurs. Ils sont peu coûteux et faciles d’utilisation, et permettent de tuer toutes les plantes non génétiquement modifiées pour leur résister. Le résultat : les mauvaises herbes sont anéanties, laissant libre cours à la récolte de soja ou de maïs tant espérée. Selon Actualités UQAM, près d’un million d’hectares ont été aspergés de ces herbicides au Québec en 2016.

La première phase du projet appelé MYFROG visait donc à mesurer la présence du glyphosate et de ses sous-produits dans les sols des producteurs québécois. Comme l’a rapporté La Terre de chez nous, la majorité des 44 champs échantillonnés en Montérégie, au Centre-du-Québec et dans Lanaudière comportaient de l’AMPA.

La phase actuelle du projet MYFROG vise à accompagner les agriculteurs dans la transition vers des produits alternatifs aux herbicides à base de glyphosate, tout en étant très sensible au rendement des terres.

« Nous regardons les rendements par hectare, mais aussi les coûts pour obtenir ces rendements. Si les rendements sont équivalents ou même légèrement plus faibles, mais que les coûts des pesticides ont diminué, le producteur, globalement, fait plus d’argent. »

Une solution pouvant potentiellement remplacer l’utilisation des glyphosates est aussi testée dans le cadre de ce projet. Il s’agit d’un système de semis mis en place par la compagnie SCV Agrologie, où des herbes telles que les légumineuses, la luzerne, l’avoine sont plantées pour prévenir la pousse de mauvaises herbes.

«Ce système se fait sans labour du sol. En effet, on sait maintenant que le labourage perturbe le sol et détruit la matière organique. Plutôt que de labourer, on sème des plantes de couverture qui vont occuper tout l’espace des mauvaises herbes », explique M. Lucotte.

Par la suite, le producteur peut utiliser une plus petite quantité d’herbicide pour éliminer cette couche protectrice et laisser le maïs ou le soja passer au travers.

Le professeur Marc Lucotte ne croit pas qu’il serait possible de procéder entièrement sans produits chimiques pour la récolte de milliers d’hectares, mais souhaite amener les producteurs à changer leurs pratiques, petit à petit.

Le projet de recherche MYFROG est financé par le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie (CRSNG) et mené par le professeur Marc Lucotte, en collaboration avec Charles Séguin, du Département des sciences économiques, qui travaille sur le rendement des cultures, et David Widory, du Département des sciences de la Terre et de l’atmosphère, qui s’intéresse à la géochimie isotopique et au traçage du glyphosate et de l’AMPA.

Note :  Alors que le glyphosate se dégrade et ne resten pas dans le sol indéfiniment, l’AMPA est beaucoup plus stable et s’accumule dans les sols d’année en année.  La présence de glyphosate a été détectée dans les aliments, mais celle de l’AMPA n’a pas été évaluée.

Un autre article publié sur le site Web The Conversation relate les impacts du glyphosate sur la santé humaine, de la faune et de la flore.

(Par Catherine Paquette) 

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