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La problématique du livre au Cameroun


Depuis la rentrée scolaire 2018/2019 le Cameroun est rentré dans le système du livre unique dans chaque discipline inscrite au programme de chacun de nos deux sous-systèmes éducatifs.

Selon la circulaire du Ministère des Enseignements Secondaires du 10 juillet 2017, la production du livre scolaire doit se faire « dans le respect des spécificités de chaque sous-système éducatif, toute discipline inscrite au programme officiel doit être dispensée sur toute l’étendue du Territoire National au moyen d’un seul manuel scolaire pour chaque matière.Seul cet ouvrage doit être utilisé par les apprenants pour la matière considérée ».

Si cette circulaire semble avoir contenté les parents d’élèves et autres membres de la communauté éducative par rapport à la réduction des frais d’achat de plusieurs livres dans une même discipline, elle a mis en exergue d’autres préoccupations : d’une part depuis plusieurs années, certains établissements scolaires ont adopté un fonctionnement en marge de l’organisation officielle définie par le Ministère des Enseignements Secondaires. A titre d’exemple, des livres non-agréés au programme officiel sont adoptés par certains établissements scolaires au vu et su des autorités. Ce silence complice n’arrange guère les activités des éditeurs qui peinent à écouler le stock des manuels produits.

D’autre part dans certains pays africains, la production des manuels scolaires et autres outils didactiques bénéficie d’une subvention de l’Etat permettant la réduction de leur prix d’achat quand ils ne sont tout simplement pas distribués aux apprenants dès leur inscription dans un établissement scolaire. L’exemple du Tchad est assez parlant. Au Cameroun par contre, non seulement c’est l’Etat qui fixe les prix du livre scolaire et l’impose au éditeurs au mépris des frais de production et de distribution engagés, mais le manuel scolaire n’est guère subventionné. Les auteurs et les éditeurs camerounais sont livrés à eux-mêmes et peinent à vivre de leur travail. Le cas spécifique de l’auteur du livre dans ce contexte est pitoyable ; il ne connait ni le nombre d’exemplaires édités, ni les quantités vendues. C’est l’éditeur qui fixe la part qui lui revient dans le livre qu’il a produit. L’éditeur et le libraire sont-ils plus importants que l’auteur du livre ?Il est grand temps que la Commission Nationale du Livre se penche sérieusement sur la question de la subvention de la production du livre et du respect scrupuleux sur toute l’étendue du territoire national par tous les établissements des deux sous-systèmes, des manuels et outils didactiques agrées pour une éducation nationale à une seule vitesse.

L’auteur d’une œuvre intellectuelle agréée doit pouvoir vivre de son œuvre. L’Etat camerounais doit subventionner le livre scolaire !

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