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Une coalition d'organismes canadiens demande l'instauration d'un "New Deal Vert"


Par Catherine Paquette pour GaïaPresse

Une nouvelle coalition de 60 organismes a vu le jour à l’échelle du Canada pour revendiquer une transition vers une société juste, équitable et plus respectueuse de mère nature. Ils demandent l’instauration d’un « New Deal Vert », où un ensemble de politiques seraient adoptées pour lutter à la fois contre les changements climatiques et les inégalités sociales et raciales.

Les membres de la coalition ont tenu trois conférences de presse en simultané à Montréal, Toronto et Vancouver, le 6 mai, pour interpeller tous les paliers de gouvernement du pays à entreprendre cette transition rapide et inclusive, mettant à l’avant plan le respect entier des droits des peuples autochtones et l’arrêt des projets d’extraction d’énergies fossiles.

Le New Deal Vert qu’ils suggèrent repose sur quelques principes fondamentaux, notamment d’être « en accord avec ce que dictent les connaissances scientifiques et le savoir autochtone », de « réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre du Canada d’ici onze ans », et de « protéger le patrimoine de notre biodiversité et de notre diversité culturelle ».

« Il est temps de faire un choix. Soit nous nous laissons entraîner vers les divisions et le désastre, soit nous nous unissons pour mettre en place un plan ambitieux pour un avenir juste, sûr et prospère pour tout un·e chacun·e », peut-on lire dans la déclaration du regroupement.

Le lancement du regroupement pancanadien est inspiré par le mouvement du « Green New Deal » américain mené par des députés démocrates, dont le nom est inspiré du New Deal du président américain Franklin Delano Roosevelt

Bien plus qu’une transition économique

Tous les groupes appellent la population à se mobiliser dans la mise en place de ce New Deal Vert. « Le discours visant à établir un New Deal Vert doit nécessairement naître d’un mouvement populaire », écrivent-ils. Les organismes prévoient donc organiser des assemblées citoyennes dans les prochaines semaines afin de donner vie au mouvement.

Pour les panélistes réunis lors de la conférence de presse montréalaise, la lutte pour la justice et le climat vont de pair, puisque les problématiques environnementales prennent forme à même un système social et économique qui repose sur la défavorisation de nombreuses communautés au Canada. Ces mêmes communautés sont souvent les premières touchées par les effets des changements climatiques.

«Nous avons besoin d’un processus de décolonisation au Canada, nous avons besoin d’une société juste, équitable et en santé, équilibrée, à l’image de l’équilibre que nous enseigne la nature. […] Les changements climatiques, un sous-produit de la colonisation et de l’industrialisation, ont eu des effets dévastateurs sur toutes nos relations et constituent une crise mondiale », a déclaré la militante des droits humains Carole Brazeau, qui est aussi l’ancienne coordinatrice Environnement et Développement Durable chez Quebec Native Women Inc.

De son côté, le militant anti-raciste et documentariste Will Prosper a fait allusion au débat sur la laïcité au Québec et dénoncé l’orientation que prennent les politiques d’immigration, indiquant que la crise climatique doit devenir la priorité des gouvernements.

« En ce moment, on a des politiques de peur, des politiques qui nous divisent des politiques qui font en sorte qu’on qui ne parlent même pas de l’environnement. Il est beaucoup plus question de ce que les gens vont porter sur leur tête. […] Les menaces qui sont à nos portes, ce sont les inondations auxquelles on fait face présentement, parce qu’elles vont se répéter […] On ne peut plus se permettre de tomber dans le panneau qui nous divise sur des enjeux préfabriqués de toutes pièces par nos gouvernements tandis que notre planète nous indique de vrais signaux d’alarme », a-t-il expliqué.

Aussi présent à la table, l’urgentologue Eric Notebaert, Responsable du Regroupement québécois des professionnels en santé pour l’environnement, a dit être témoin d’une évolution du nombre de cas associés au climat dans les salles d’urgence au cours de sa carrière, citant les décès causés par les canicules, les cas de maladie pulmonaires, et la propagation de maladies venant du Sud comme le Virus du Nil et la maladie de Lyme.

« Nous sommes confrontés à des maladies qui nous étaient autrefois inconnues », a-t-il indiqué.

Le docteur recommande l’investissement dans les transports actifs, ainsi que l’arrêt des projets d’extraction au Québec, inquiété par les risques des méthodes d’extraction non-conventionnelles et les polluants qui seront rejetés dans l’atmosphère.

Les autres panélistes montréalais étaient Damon Matthews, Professeur et Titulaire de la Chaire en Science du climat et Développement Durable de l’Université Concordia, Jamie Latvaitis, représentant de La planète s’invite à l’Université et de Climate Strike Canada et Dominic Champagne du Pacte pour la Transition, auteur et metteur en scène.

Voici les principes fondamentaux du New Deal Vert proposé par le regroupement :

Nous exhortons les politiciens et les partis politiques à répondre aux demandes de la
population en instaurant un New Deal Vert qui reposerait sur les deux principes fondamentaux
suivants :
1. Il doit être en accord avec ce que dictent les connaissances scientifiques et le
savoir autochtone. Il doit réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre du Canada
d’ici onze ans, et il doit protéger le patrimoine de notre biodiversité et de notre diversité
culturelle.
2. Il doit être entièrement inclusif, ne laisser personne pour compte, permettre de
bâtir un présent et un avenir viable.
– Cela signifie respecter les droits fondamentaux et la souveraineté des peuples
autochtones, mettre en œuvre la DNUDPA et donner suite aux 94 appels à l’action de la
Commission de vérité et réconciliation.
– Cela signifie s’assurer que les solutions soient universelles et d’une portée considérable à
long terme.
– Cela signifie que nous devons transformer nos systèmes de transport, d’énergie, de
logement, d’alimentation, d’agriculture et de services publics tout en créant des emplois décents qui soutiennent les familles.
– Cela signifie qu’aucun migrant ne devrait être exploité en raison de son statut précaire, et
aucun travailleur ne devrait être forcé à sacrifier un salaire ou des avantages durement acquis lorsqu’ils évoluent vers de nouveaux secteurs d’emplois.
– Cela signifie créer des communautés en meilleure santé.
– Cela signifie faciliter la reconnexion entre les gens et instaure un sentiment (perdu) de
sécurité.
– Cela signifie aussi que l’ensemble de la société entende l’appel des jeunes et se rallie à
eux, pour établir un plan de transition qui soutienne notre génération et les sept qui suivront.

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