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Développement agricole, protection sociale et gouvernance locale


Depuis janvier, le Gret met en œuvre dans le bassin des Trois Rivières, en Haïti, un projet d’amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle et d’accès à la protection sociale (Pasan-Apros).

L’objectif général du projet Pasan-Apros est d’améliorer la résilience des ménages et la sécurité alimentaire et nutritionnelle via une approche innovante à trois niveaux : gouvernance locale, développement agricole et protection sociale. Financé par le 11e Fonds de développement européen (FED), ce projet d’une durée de trois ans et demi est réalisé en partenariat avec l’Association des Originaires de Grand Plaine (AOG), Protos-Join for Water, l’Organisation pour le développement intégré du Nord-Ouest (Odrino) et Action contre la faim (ACF).

Pour ce qui est de l’ancrage géographique, quatre communes du bassin-versant des Trois Rivières  sont concernées par ce projet : Gros Morne, Bassin Bleu, Chansolme et Port-de-Paix. Un territoire majoritairement rural, à dominante agricole, et dont la population est catégorisée en situation de crise (selon l’Integrated Food Security Phase Classification, 2019) et affectée par un environnement dégradé.

Une démarche tridimensionnelle  

Dans le détail, le projet s’articule autour de trois composantes :

  • Améliorer le développement agricole. Pour ce faire, il projette d’appuyer plusieurs filières stratégiques : banane, canne à sucre, céréales, légumes, fruits. Pasan-Apros prévoit aussi l’aménagement et la valorisation de huit périmètres irrigués, la re-végétalisation et la protection des sols dans les versants, l’appui aux services agricoles stratégiques, l’accompagnement d’une dizaine de dispositifs de stockage et de transformation, ainsi que davantage de concertation entre producteurs, transformateurs et commerçants.
  • Développer la protection sociale. La seconde composante est la prolongation et l’adaptation d’un dispositif de protection sociale testée en Haïti depuis plusieurs années sous pilotage du ministère des Affaires sociales et du Travail. Ainsi, 2 000 ménages vulnérables seront ciblés à partir d’un système d’information alimenté par des enquêtes de vulnérabilité réalisées par le Programme alimentaire mondial (PAM) et la Commission nationale de sécurité alimentaire (CNSA). Cela permettra aux ménages identifiés comme vulnérables de recevoir des coupons alimentaires leur permettant de s’approvisionner en produits exclusivement locaux afin de réduire le déficit par rapport au seuil de survie et de recentrer leurs ressources financières sur des activités économiques via des associations villageoises d’épargne et de crédit (AVEC). Le projet prévoit d’accompagner 300 AVEC et proposera également à 150 jeunes issus des ménages ciblés de bénéficier d’une formation professionnelle sur un métier identifié comme porteur dans la zone.
  • Renforcer la gouvernance locale. Enfin, la troisième dimension du projet concerne le renforcement des autorités locales (mairies, conseils d’administration de sections communales, etc.) et des institutions déconcentrées au niveau départemental dans les secteurs agricoles et les affaires sociales sur les aspects de planification et de suivi de l’amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle.

Cette stratégie cherche à créer un cercle vertueux. Ainsi, le développement agricole alimente le dispositif de protection sociale en produits alimentaires locaux, tandis que le dispositif de protection sociale favorise une augmentation de la demande locale en produits agricoles. En définitive, cette démarche dynamise le secteur agricole, dans un contexte où les autorités locales et les institutions sectorielles sont parties prenantes des décisions stratégique, du suivi et de l’évaluation.

Un projet impulsé via des dispositifs innovants et durables

L’enjeu de durabilité des actions du projet Pasan-Apros est central. D’autant plus dans un contexte où les actions de développement ont souvent des impacts limités dans le temps, ce qui a tendance à alimenter auprès des acteurs locaux des perceptions plutôt négatives sur les projets. Ainsi, pour s’assurer que les effets bénéfiques soient durables, l’accent est mis sur les modalités de conception et de mise en œuvre des actions.

Le projet cherche également à favoriser l’inclusion des parties prenantes et la co-conception. Par exemple, les actions de protection des versants feront l’objet d’actions expérimentales concertées dans lesquelles les modalités de re-végétalisation seront mises en œuvre dans le but de contribuer à la fois à la protection des sols et à l’amélioration de l’économie des ménages. La création ou l’appui de services agricoles, tels que l’accès aux intrants ou la maintenance des équipements agricoles et l’accompagnement au développement des unités de stockage et de transformation de produits agricoles feront également l’objet d’un travail approfondi de définition des conditions institutionnelles, socio-organisationnelles et économiques de leur durabilité et de leur développement. Cela passera par une analyse fine des acteurs concernés et de leurs dynamiques organisationnelles, ainsi que par la conception avec eux de schémas organisationnels et de plans d’affaires adaptés, réalistes et répondant aux contraintes et potentialités.

Doté d’un dispositif de suivi-évaluation, capitalisation et apprentissage, le projet Pasan-Apros analysera au cours de sa mise en œuvre les actions menées, les retours d’expériences et les premiers impacts afin de discuter, valider, adapter et approfondir les différentes hypothèses. Il s’agira de déboucher sur des leçons et recommandations partagées permettant d’améliorer la pertinence des stratégies nationales en matière de sécurité alimentaire et nutritionnelle.

Consulter la page thématique : Agriculture, filières et politiques agricoles
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