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Cameroun : répondre aux besoins de contraception



  • D'après le dernier rapport de l'Institut de Formation et de Recherche Démographiques (IFORD) basé au Cameroun et du Guttmacher Institute basé aux Etats-Unis intitulé « Avantages à répondre aux besoins de contraception des Camerounaises » et publié le 29 juillet 2014 à Yaoundé, le faible taux d'utilisation des contraceptifs modernes a de fortes répercussions sur les Camerounaises, leur famille et le système de santé national. Ce rapport dresse un état des lieux de la planification familiale au Cameroun et présente les avantages sanitaires et financiers conséquents que permettrait une augmentation des investissements dans les services nationaux de contraception.

    En 2013, ce sont environ 2,3 millions de Camerounaises actives sexuellement qui souhaitaient reporter leur prochaine grossesse (72%) ou ne voulaient plus avoir d'enfants du tout (28%). L'étude révèle cependant que seules 37% de ces femmes avaient recours à une méthode de contraception moderne. Et si 18% des autres femmes comptaient sur des méthodes de contraception traditionnelle, 45% n'utilisaient aucune méthode. Ce faible niveau de recours à la contraception entraîne des taux élevés de grossesses non planifiées et alimente les statistiques alarmantes des taux de morbi-mortalité maternelles dans le pays.

    Alors que près de 6 000 Camerounaises meurent chaque année suite à des complications de grossesse, environ 30% de ces femmes ne voulaient pas être enceintes quand elles l'ont été. De multiples cas de décès et d'invalidité maternels font suite aux avortements à risque auxquels de nombreuses femmes ont recours lors d'une grossesse non planifiée. Selon l'étude, environ 40% des grossesses sont non planifiées et 36% de ces dernières débouchent sur un avortement. Mais l'avortement étant soumis à une législation très stricte au Cameroun, l'immense majorité de ces interventions ont lieu clandestinement et entraînent souvent des complications qui mettent la santé et la vie des femmes en danger.

    Cette nouvelle analyse indique que la satisfaction des besoins de contraception des femmes entraînerait de très nombreux avantages : le Cameroun compterait annuellement 373 000 grossesses non planifiées en moins, ce qui permettrait de réduire de 75% le nombre de naissances non planifiées, d'avortements et de fausses-couches. De plus, le nombre de décès maternels diminuerait aussi de plus de 20%. La satisfaction de la moitié seulement des besoins de méthodes de contraception modernes entraînerait d'importants avantages en matière de santé. Cela permettrait d'éviter près de 187 000 grossesses non planifiées chaque année, donc également 95 000 naissances non planifiées, 65 000 avortements provoqués et 600 décès maternels en moins.

    Investir dans les services de planification familiale permet également d'économiser de l'argent. En effet, chaque dollar supplémentaire investi dans le système de santé permettrait d'économiser 1,23 dollar en soins maternels et infantiles. Répondre à la moitié des besoins de contraceptifs modernes se traduirait par une économie nette de US$2,7 millions (1,3 milliard F CFA), et la satisfaction de l'ensemble de ces besoins permettrait de sauvegarder US$5,4 millions nets (2,7 milliards F CFA).

     

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