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Lettre des Aires Protégées d'Afrique - Mars 2017



  • http://www.mediaterre.org/users/fbreuil/images/2016/napa94.jpgLa NAPA n°106 nous parle des sites à désignations internationales multiples et comment mieux les gérer. Elle rappelle aussi nos deux MOOCs qui sont en cours et que vous pouvez rejoindre : Gestion des AP et Suivi Ecologique. Elle propose quelques offres d'emploi également...

    Le numéro 106 de la lettre NAPA

    Edito : Geoffroy MAUVAIS Coordinateur du Papaco

    Partenariat ou privatisation ?

    Un matin, le Président Zuma, lassé des débats parlementaires interminables à Pretoria, décide d’aller passer quelques jours dans le parc national du  Kruger  pour  se  ressourcer.  Installé  dans  le « Panic Hide », un sandwich à la main, il observe nonchalamment un éléphant, les pieds dans l’eau, qui secoue la tête pour se défaire des taons qui bourdonnent autour de lui. Un touriste Coréen, ornithologue de son état, observe la scène et d’un air  entendu,  lui  confie  son  analyse :  une  telle excitation du pachyderme témoigne certainement d’un fort braconnage, if faut faire quelque chose ! Piqué au vif, le Président rentre dare-dare à la capitale et d’un trait de plume retire le parc des mains de SANParks pour le confier à un ami qui a développé une ferme de faune sauvage au Mozambique où il gère, à coup de bottes de foin et d’AK 47, un joli troupeau d’impalas albinos, avec un certain succès. A ses conseillers qui s’inquiètent des réactions possibles de quelques citoyens du pays, encore attachés à leur parc, il répond en soupirant : on appellera ça un partenariat public- privé, ça fera passer la pilule.

    Bon, il s’agit bien sûr de fiction. Mais c’est pourtant parfois comme cela que commencent de fausses bonnes idées…

    Qu’on  ne  s’y  trompe  pas :  il  y  a  mille  bonnes raisons de faire appel au secteur privé pour la conservation de la nature en Afrique. Il possède un savoir-faire, une réactivité, parfois des moyens... que  le  service  public  ne  pourra  ou  ne  voudra  mobiliser.  Il  permet  d’étendre  les  surfaces protégées au-delà des seuls parcs d’Etat. Il enrichit la palette des modes de gestion et des types de gouvernance indispensables à l’équilibre global. Dans plusieurs pays (dont l’Afrique du Sud d’ailleurs), son apport à la conservation d’espaces et d’espèces importants n’est plus à démontrer et on ne peut que l’encourager à faire plus et mieux. Ce fameux « partenariat public-privé » a tout son sens et notre priorité à tous doit être d’en avoir toujours plus, pourvu qu’ils soient bons.

    Evidemment,  la  défaillance  ô  combien fréquente des services étatiques, quelles que soient les missions considérées, pourraient facilement nous laisser croire qu’en les faisant remplir par le privé, tout ira mieux. Ce n’est pas vrai. Dans quelques situations de chaos, dans les pays ravagés par la guerre ou laissés sans Etat, ou alors sous la coupe d’autocrates égarés, alors oui, chacun comprendra qu’entre rien, n’importe quoi ou le secteur privé, il vaut mieux ce dernier. Mais partout ailleurs, partout sans  exception,  effacer  la  gouvernance  étatique des parcs au motif qu’elle marche mal ou qu’elle est compliquée est une erreur magistrale qui se paye tôt ou tard. 

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