350 femmes de la commune de Zè, au Bénin, participent, depuis le 8 mai, à un projet inspirant, d’un point de vue économique, écologique, agronomique et social : la valorisation des déchets organiques du manioc, grâce à la mise en place d’un biodigesteur.
Ce projet est mis en œuvre par l’ONG Afrique Espérance, avec l’appui de l’Institut Francophone pour le Développement Durable (IFDD), un organe subsidiaire de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF). Il doit s’achever en octobre 2020.
« Au Bénin, le gari (farine de manioc) et ses dérivés ont une importance socio-économique considérable. Ils constituent l’un des principaux aliments de base et contribuent à l’autosuffisance alimentaire », expliquent les initiateurs du projet. « Dans le sud, on dénombre par centaines les femmes transformatrices du manioc. La cuisson du gari est assurée avec la combustion du bois de chauffe. Elle nécessite en moyenne 1,30 à 2,40 kg de bois par kg de gari produit. Aussi, faut-il en moyenne 30 heures par femme pour la collecte et le ramassage du bois. »
Ils ajoutent : « Les conditions de vie de ces femmes sont difficiles, dues notamment à la collecte de la biomasse, mais aussi du danger qu’elles encourent pour leur santé. Ces femmes sont exposées pendant près de 10 heures par jour aux fumées générées par la combustion du bois de chauffe. Composées de différents polluants gazeux, elles peuvent entraîner des maladies respiratoires comme les bronchites chroniques, les cancers pulmonaires, les maladies cardiovasculaires et oculaires. »
En outre, « cette dépendance au bois de chauffe a de nombreux effets néfastes sur l’environnement local et mondial : déforestation ; diminution de la fertilité des sols; changement climatique ; dégradation de l’écosystème terrestre. »
L’activité phare du projet sera la mise en place d’un biodigesteur, c’est-à-dire une installation dans laquelle est produit du biogaz, à partir de la décomposition de la matière organique, sous l’action de micro-organismes.
Ce biogaz sera utilisé pour les besoins en chaleur liés à la cuisson du gari et ses dérivés.
Il faut savoir que, lorsque les femmes transforment le manioc, la production de déchets organiques est vraiment importante : 1 kg de manioc transformé génère 0,6 kg de pelures.
Les femmes peuvent aussi utiliser d’autres déchets valorisables, comme ceux issus de l’élevage de volaille (fientes de poulets) et la production d’huile de palme.
Outre la production de biogaz, la dégradation de ces déchets peut conduire, après maturation, à la fabrication de biofertilisants (compost) qui seront soit utilisés par les bénéficiaires, soit vendus à d’autres agriculteurs, avec une nouvelle augmentation de revenus à la clé.
À l’occasion du lancement du projet et pendant ce premier mois d’activité, 1100 plants ont été mis en terre sur 0,44 ha : des eucalyptus et des acacias, deux espèces à croissance rapide.
La prochaine étape sera la construction du biodigesteur de 20 m3 entre juin et juillet 2020. Il sera basé sur un modèle breveté nommé OMD (Organic matter digester), conçu au Bénin et ayant prouvé sa fiabilité et durabilité.
Le projet est financé à hauteur de 9000 euros par l'IFDD dans le cadre de son initiative Objectif 2030. Les ressources complémentaires (605 euros) sont mobilisées par l'ONG Afrique Espérance.
Ce projet de valorisation des déchets organiques dans la commune de Zé répond précisément à l’objectif numéro 15 des Objectifs de développement durable (ODD) : « préserver et restaurer les écosystèmes terrestres ».
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