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Le Protocole de Montréal tient compte des progrès de la science



  • (Il pourrait servir de modèle pour lutter contre le changement climatique.) (858)

    Par Cheryl Pellerin Rédactrice de l'USINFO

    (Voici le deuxième article d'une série que nous consacrons au Protocole de Montréal et à l'ozone stratosphérique.)

    Washington - Le Protocole de Montréal sur les substances qui appauvrissent la couche d'ozone, en vigueur depuis 20 ans, est considéré comme un succès par les scientifiques et les gouvernements, notamment parce qu'il a été conçu de façon à tenir compte de l'évolution de la science et des multiples réalités économiques des pays industrialisés et des pays en développement.

    Cet accord, ratifié par 191 pays afin d'aider à sauvegarder la couche d'ozone qui protège la Terre des rayons ultraviolets nocifs du Soleil, est, selon les scientifiques, un bon modèle pour faire face à un autre problème environnemental : le changement climatique et l'accumulation dans l'atmosphère de gaz à effet de serre.

    « Il est intéressant de noter que le Protocole lui-même prévoit des réévaluations régulières des données scientifiques », a déclaré Guy Brasseur, directeur associé du Centre national de recherches atmosphériques des États-Unis, lors d'un entretien accordé à l'USINFO. « Ce n'est pas un protocole figé. Il est prévu pour évoluer avec le temps en fonction des nouvelles informations issues de la science. C'est un document unique. »

    En 1974, les scientifiques ont découvert que les émissions de chlorofluorocarbone (CFC) appauvrissaient l'ozone stratosphérique. Dans les années 80, des chercheurs ont observé un amincissement de la couche d'ozone, qu'ils ont baptisé « trou d'ozone », au-dessus de l'Antarctique. En 1987, quelque 24 pays ont signé la première version du Protocole de Montréal.

    Les pays qui ont ratifié ce document s'engagent à respecter des objectifs stricts et associés à des dates butoir de réduction de près de 100 substances contrôlées, dont le brome, le chlore et produits dérivés.

    Dans les années 90, les hydrochlorofluorocarbones (HCFC) étaient considérés comme des produits chimiques de transition en remplacement des CFC parce qu'ils détruisaient l'ozone moins rapidement. Cependant, en vertu du Protocole, les HCFC doivent être éliminés d'ici à 2030 dans les pays développés et d'ici à 2040 dans les pays en développement.

    Un document évolutif

    Depuis janvier 1989, date d'entrée en vigueur du Protocole, des représentants des parties se sont réunis 19 fois dans divers pays. La dernière réunion a eu lieu à Montréal du 12 au 21 septembre. Sur proposition des États-Unis, les 191 parties au Protocole se sont entendues pour avancer d'une décennie l'élimination progressive des HCFC. L'accord final combine les propositions de l'Argentine et du Brésil, de la Norvège et de la Suisse, des États-Unis, et de la Mauritanie, de Maurice et des États fédérés de Micronésie.

    Les parties ont notamment décidé d'un commun accord que les pays en développement fixeraient leur production et leur consommation de base pour les HCFC en 2009 ou 2010 au lieu de 2015, et qu'ils gèleraient la production et la consommation de cette substance en 2013 au lieu de 2016.

    Les pays en développement se sont également engagés à réduire la production et la consommation de HCFC de 10 % en 2015, de 35 % en 2020 et de 67,5 % en 2025, avec une élimination totale en 2030. Quant aux pays développés, ils élimineront progressivement la production de HCFC d'ici à 2020 et réduiront la consommation de cette substance de 75 % en 2010 et de 90 % en 2015, et l'élimineront en 2020.

    Il résultera de ces mesures une réduction de près de 47 % des émissions de substances chimiques qui appauvrissent la couche d'ozone.

    « Quant on songe à la question du climat, un autre grand dossier de l'environnement, a dit M. Brasseur, on se demande si les responsables ne devraient pas tirer les leçons du succès remporté dans le domaine de l'ozone. »

    Un modèle important

    Depuis 1990, afin d'aider les pays en développement à respecter leurs obligations en vertu du traité, le Fonds multilatéral pour la mise en ouvre du Protocole de Montréal et quatre agences qui y participent, à savoir le Fonds des Nations unies pour l'environnement, le Programme de développement des Nations unies, l'Organisation des Nations unies pour le développement industriel, et la Banque mondiale, offrent un soutien financier.

    À la fin 2005, le Fonds avait approuvé plus de 5.000 projets et activités dans plus de 140 pays. Ces projets, lorsqu'ils seront achevés, devraient éliminer la consommation annuelle de près de 224.000 tonnes et la production annuelle de près de 138.000 tonnes de substances destructrices de la couche d'ozone.

    « Le monde industrialisé a pris la responsabilité d'aider les pays en développement », a dit Anne Douglass, une scientifique de la NASA, lors d'un entretien accordé à l'USINFO.

    Le Fonds multilatéral est le premier mécanisme financier créé dans le cadre du Protocole de Montréal.

    Dans la foulée de l'accord trouvé en septembre dernier, les parties ont conclu que le financement du Fonds multilatéral serait stable et suffisant pour permettre aux pays en développement de respecter le calendrier accéléré d'élimination de certaines substances chimiques.

    Selon Richard Stolarski, un scientifique du Goddard Space Flight Center de la NASA, le Protocole de Montréal est unique parce que les pays du monde entier se sont entendus et ont décidé de se réunir à intervalles réguliers pour discuter rationnellement de mesures susceptibles d'aider notre planète. « C'est rare. »

    Source : Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat.
    Site Internet : http://usinfo.state.gov/fr/
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