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Développement durable : 3 pays des Caraïbes, dont Haïti, adoptent un plan concerté en énergie et environnement



  • De notre envoyé spécial Ronald Colbert

    Roseau (Dominique), 10 Nov. 05 [AlterPresse] --- Les représentants de La Dominique, Haïti et Sainte-Lucie se sont accordés, dans la soirée du 9 novembre 2005, à Roseau, capitale de la Dominique, sur un programme concerté d’actions en énergie et environnement, à mettre en œuvre jusqu’en 2010, dans le cadre du plan stratégique décennal de la francophonie décidé en novembre 2004 à Ouagadougou, Burkina Faso, par les Chefs d’Etat et de gouvernement ayant la langue française en commun.

    « Le suivi de cette rencontre de deux jours [NDLR : les 8 et 9 novembre 2005] dépend de la volonté de chacun des pays. Nous tous, nous sommes des Créoles des Caraïbes, nous avons appris l’un de l’autre. Malgré la somme de tâches quotidiennes à abattre, nous devons continuer et maintenir les contacts, partager les efforts déployés dans chacun de nos pays », a souhaité, dans une déclaration à AlterPresse, Sonia Magloire-Akpa, Directrice des Affaires Politiques au Ministère des Affaires Etrangères de La Dominique.

    Avant fin décembre 2005, en consultation avec les collègues des 3 pays, un comité de suivi de la rencontre de Roseau, formé d’un délégué de chaque pays, devra compléter la programmation discutée, en clarifiant les activités et leurs échéanciers sur une période maximale de 4 ans, en précisant les coûts et financements, en identifiant les partenaires techniques ou financiers et en indiquant les apports des 3 pays.

    Par des liens fonctionnels avec le noyau de suivi, l’antenne de la francophonie, à Port-au-Prince, est ainsi appelée à jouer un rôle d’appui par la présentation du plan concerté d’actions à des partenaires potentiels, a pu savoir l’agence en ligne AlterPresse.

    La langue Créole, deuxième langue la plus parlée dans les Caraïbes après l’Espagnol, a servi de trait d’union au cours des échanges techniques entre les délégués des 3 pays, classés parmi les Petits Etats Insulaires en Développement (PEID). Ces derniers ont convenu également d’étudier les possibilités de formation spécifique en langue locale (donc en Créole) dans les domaines de l’énergie et de l’environnement.

    Tout en saluant la sérénité qui a marqué les discussions, le burkinabé Amado Pitroipa, coordonnateur (à Port-au-Prince) des programmes de l’Agence intergouvernementale de la Francophonie (AIF) pour les pays des Caraïbes, n’a pas caché les enseignements tirés en Créole à la rencontre de Roseau.

    Après la réunion internationale des Nations Unies sur les PEID tenue à Port-Louis (île Maurice) en janvier 2005, La Dominique, Sainte Lucie et Haïti sont les premiers pays à avoir travaillé dans la programmation envisagée par l’Institut de l’Energie et de l’Environnement de la Francophonie (IEPF), sous les auspices duquel s’est déroulée la rencontre de Roseau de novembre.

    L’information, via un renforcement de l’équipe actuelle de production régionale du système mondial francophone d’information, plus connu sous le nom de Médiaterre, a été retenue comme une priorité transversale à l’intérieur des perspectives en énergie et environnement dégagées.

    Quelques priorités et enjeux pour les 3 PEID des Caraïbes

    Revue par les pairs, au début et en cours du processus de formulation de stratégies nationales de développement durable (analyse et mise en cohérence), a été un thème sur lequel ont insisté à Roseau les délégués de La Dominique, Haïti et Sainte-Lucie.

    En plus d’un appui à la mise sur pied et au renforcement des capacités des Commissions Nationales de Développement (CNDD), il conviendra d’implanter les stratégies nationales de développement durable (SNDD), grâce à des consultations nationales, une analyse et une mise en cohérence des politiques existantes dans le contexte du développement durable, une articulation de visions, une sélection et une utilisation d’indicateurs, l’information et la mobilisation du public.

    Les délégués des 3 pays ont aussi plaidé en faveur d’un développement des capacités pour l’élaboration des politiques énergétiques (régulation énergétique pour les 3 pays, analyse de l’impact des producteurs indépendants à Sainte Lucie, mesures requises dans le secteur des transports à Sainte Lucie, appui à l’énonciation d’une politique nationale de l’énergie à La Dominique et en Haïti).

    De même, il importe de parvenir à une politique de formation en audit environnemental et dans l’évaluation des ressources (particulièrement la biodiversité), un renforcement des compétences pour l’évaluation et la valorisation des ressources naturelles de manière à développer les savoir-faire en gestion de la biodiversité, une consolidation des capacités pour l’évaluation des impacts du changement climatique sur les ressources du littoral et de la désertification.

    « Il existe des opportunités de collaboration Sud / Sud, particulièrement entre les Etats créolophones, susceptibles de s’appliquer au contexte et aux besoins des Caraïbes par une définition des stratégies et une identification de projets concrets. Il ne s’agit pas de faire des choses nouvelles, mais l’idée consiste à optimiser les travaux déjà en cours et à promouvoir le rôle des Etats francophones, renforcer la visibilité des pays, intégrer la problématique insulaire, renforcer tout ce qui est réseau, adopter une approche régionale et globale, en partenariat secteur privé / société civile et Etats », n’a pas manqué de rappeler Yves Renard de Sainte-Lucie, membre du Conseil d’Orientation de l’IEPF.

    De l’avis de l’expert Yves Renard, l’exclusion de certains pays « certains pays sont isolés, du fait de leur statut francophone » figure parmi les principaux enjeux actuels, au nombre desquels il faut signaler : un environnement global défavorable ; une contraction et une transformation des économies ; la dimension sociale ; la pauvreté ; la vulnérabilité ; une graduation des PEID et une absence d’engagement financier ; les questions de sécurité ; la diversité culturelle ; une nécessité d’une planification intégrée ; la dépendance énergétique ; une nécessité de transfert technologique ; des problèmes de capacité.

    Dans le cadre des opportunités, dont le processus a lieu à Maurice en janvier 2005, les Etats francophones avaient joué un rôle. Il est intéressant de remarquer que 5 des PEID sont aussi membres du Commonwealth. Il faut aussi souligner qu’un certain nombre de pays, comme le Canada et la Belgique, sont très actifs dans la coopération internationale.

    « Nous voilà à Roseau, à quelques mois de la rencontre francophone qui a eu lieu en marge du Processus de revue du Programme d’action de la Barbade pour le Développement Durable des Petits États Insulaires en Développement (Maurice, janvier 2005) pour échanger et surtout proposer des actions au bénéfice des pays ici présents, actions qui cadreraient avec le plan quadriennal de l’IEPF, lui-même balisé par le Cadre stratégique décennal arrêté par les Chefs d’État et de gouvernement réunis au Xe Sommet de Ougadougou. Cette rencontre, dans cet espace régional des Caraïbes, est une contribution nécessaire à la refondation de la coopération multilatérale francophone autour d’une solidarité renforcée pour asseoir les bases du développement durable dans notre espace », a, pour sa part, relevé, à l’ouverture de la rencontre des 8 et 9 novembre, l’algérien Boufedja Benabdallah, responsable de programme Prospective à l’IEPF.

    Voilà pourquoi, il est recommandé de « considérer le développement durable dans l’ensemble de ses piliers (économiques, culturels, environnementaux, sociaux) pour le bien-être humain, d’inverser les modes de production et de consommation, valorisation des énergies renouvelables, par la solidarité, la promotion de la paix, le respect de la diversité linguistique et l’éducation, grâce à une démarche partagée dans la région, qui privilégie l’action concrète et l’efficacité, ainsi que le pragmatisme, la solidarité dans la pensée et dans l’action ».

    Si La Dominique est vue comme l’île-nature, à cause de ses réalités environnementales, pourquoi Haïti ne redeviendrait-elle pas la Perle des Antilles et Sainte Lucie ne garderait-elle pas sa beauté légendaire, a prôné Amado Pitroipa, convaincu dans l’aboutissement à des conclusions positives pour les 3 PEID des Caraïbes.

    Le comité de suivi de la rencontre de Roseau des 8 et 9 novembre 2005 comprend les délégués : Andrea Marie (Officière de l’Unité de Coordination Environnementale, Ministère de l’Agriculture, des Pêches et de l’Environnement, La Dominique), Fritzner Pierre (Directeur de la Planification, Coordonnateur de Programme, Ministère de l’Environnement, Haïti), Paule Turmel-John (Secrétaire générale de la Commission Nationale du Fonds des Nations Unies pour l’Education, la Science et la Culture / UNESCO, Sainte Lucie).

    En plus du Groupe Médialternatif, point focal Médiaterre dans les Caraïbes, Haïti était représentée par Yves Robert Jean, Directeur général du Ministère de la Planification et Correspondant national auprès de l’AIF ; Dieuseul Anglade, Directeur général du Bureau des Mines et de l’Energie ; Fritzner Pierre, Directeur de Planification au Ministère de l’Environnement ; Fatima-Léonne Prophète, Economiste-Planificatrice au Ministère de la Planification et de la Coopération Externe. [rc apr 10/11/2005 0 :30]
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