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Cueillir pour survivre au Sénégal



  • Le réchauffement climatique accentue les difficultés climatologiques affrontés par les petits agriculteurs des terres sahéliennes. La variabilité pluviométrique, la hausse des températures et la salinisation des terres représentent une menace sérieuse pour le développement agricole puisque les saisons agricoles se voient perturbées. À Zinguichor, dans la commune de Niaguis au Sénégal, l’agriculture est la principale activité économique des petits exploitants. Les produits cultivés sont destinés à la consommation comme le riz, l’arachide, le mil, le maïs, le manioc et la patate douce. Pour faire face à la détérioration des conditions climatiques et la forte dépendance aux pluies, les agriculteurs trouvent de nouvelles stratégies d’adaptation pour assurer les revenus des ménages comme la cueillette de produits forestiers non ligneux. Cette activité, souvent marginalisée et peu reconnue, constitue aujourd’hui la clé de survie de nombreux paysans du Zinguichor. On compte environ 1 040 cueilleurs et le nombre augmente. 

     C’est une activité qui porte sur plusieurs produits parmi lesquels le vin de palme, le madd(un fruit utilisé comme condiment au Sénégal) et le nététou (utilisé comme condiment et comme médicament naturel contre le paludisme). Les cueilleurs des produits forestiers partent très tôt le matin et ne reviennent que lorsqu’ils ont des quantités importantes. La cueillette se fait souvent en groupe et se développe toute l’année. Son caractère continu, fait de celle-ci une activité majeure pour l’économie locale, d’autant plus qu’elle ne requiert pas de compétence particulière. C’est un secteur légèrement dominé par les femmes (51,3% contre 48, 7% d’hommes) et qui attire les jeunes actifs d’entre 18 et 45 ans. Les recettes issues de la cueillette permettent parfois de mieux subvenir aux besoins alimentaires journaliers des familles que les récoltes issues de l’agriculture traditionnelle. La cueillette procure en plus aux ménages, une relative autonomie financière. 

     Finalement, l’abandon progressif des activités de production traditionnelle telles que l’agriculture, la pêche et l’exploitation forestière, crée une forte dépendance de la cueillette. En effet, certains ménages ne se consacrent presque quasiment plus qu’à cette activité provoquant que les ménages les plus pauvres dépendent plus de la cueillette. Ainsi, les produits forestiers de cueillette constituent la part la plus importante de produits consommés tous les jours toute l’année par les familles. La cueillette est donc devenue la source de revenus substantiels pour les ménages de Niaguis par substitution des revenus issus de l’agriculture traditionnelle. Elle est devenue le moyen de survie par excellence des populations obligées à s’adapter au changement climatique. 

    source: Mohamed Lamine NDAO, « Cueillir pour survivre, un exemple d’adaptation à la crise agricole et sociale dans la commune de Niaguis (Ziguinchor, Sénégal) », Géoconfluences, octobre 2018.

    [MOGED]

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