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Madagascar : La sortie de la crise ?



  • A l'issue de la rencontre initiée sous l'égide de la SADC, Madagascar semble avoir trouvé la voie de sortie de la crise politique.  Pour rappel, Marc Ravalomanana, a été forcé à la démission au début de 2009, suite au soulèvement de la rue contre son régime.  Le mouvement de contestation populaire avait trouvé en la personne d'Andry Rajoelin, le rassembleur et leur porte voix.  Ce dernier, depuis son arrivé au pouvoir, a constitué sous sa présidence une 'Haute Autorité de Transition' ainsi qu'un gouvernement de transition en attendant la tenue des nouvelles élections.

    Cependant, la prise du pouvoir, sans être passée par la voie démocratique, a été condamnée sans réserve par la communauté internationale comme l'équivalent d'un coup d'état.  Depuis cet évènement, la communauté internationale, à travers des institutions telles que les Nations Unies, l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), la Communauté de l'Afrique Australe (SADC), l'Union Africaine et la Commission de l'Océan Indien (COI), n'ont pas lésiné sur les moyens pour essayer de ramener les protagonistes autour de la table de négociation.  Il fut difficile de trouver un terrain d'entente entre les différentes parties prenantes et finalement, la menace des sanctions politico-économiques et la diplomatie de la SADC et du groupe de contact sous la présidence de l'ex-président du Mozambique, M. Joaquim Chissano a eu finalement raison pour aboutir à l'Accord de Maputo.

    L'Accord de Maputo

     

    L'Accord de Maputo est l'aboutissement d'une rencontre qui a eu lieu du 5 au 8 août 2009 à l'initiative de l'équipe conjointe de médiation sous l'égide de l'Union Africaine, de la SADC, de l'OIF et des Nations Unies.  Cette rencontre a eu le mérite de réunir autour d'une même table les anciens présidents de Madagascar notamment Messiers Didier Rasiraka, Zafy Albert, Marc Ramalomanana et l'actuel Président de la 'Haute Autorité de Transition' M. Andry Rajoelina.  Ces quatre personnalités malgaches représentent les sensibilités de l'échiquier politique malgache qui, pour la première fois, ont accepté de dialoguer et d'arriver à un consensus sur l'accord de Maputo signé le 9 août dernier. 

    Cet accord prévoit l'organisation des élections dans une période de 15 mois et la mise sur pied d'un 'Comite de Vérité et de Réconciliation' sur le modèle Sud Africain.  L'Accord de Maputo va éviter à Madagascar les sanctions de la communauté internationale et permettra à la Grande Île d'enclencher son processus démocratique et son retour dans les différentes institutions internationales.  Aussi, l'acceptation d'un 'Comité de Vérité et de Réconciliation', s'il est mené à bien, permettra de réconcilier les malgaches entre eux.  Cette démarche est fondamentale pour la stabilité politique future et un développement durable car chaque crise politique, au cours de ses vingt dernières années, a laissé des cicatrices profondes à travers son lot de frustration, de prisonnier et exilé politique.  Or un pays ne peut se développer sur l'hôtel des familles déchirées et au détriment d'une partie de sa population.

    Les trois autres accords

    Maputo a aussi été le lieu de la signature de trois autres accords portant sur les questions suivantes :

    (i) L'annulation de toutes les sanctions administratives et toutes les condamnations judiciaires prononcées en 2002 à Madagascar ;

    (ii) Demande l'annulation de la condamnation judiciaire de Marc Ravalomanana ainsi que la cessation des poursuites en cours et la remise en liberté immédiate des détenus politiques concernés par les événements de 2009;

    (iii) L'annulation de toutes les sanctions administratives, toutes les condamnations judiciaires prononcées et couvrant la période 2002 à août 2009 contre les personnalités politiques, civiles ou militaires.

    En tous cas, l'Accord de Maputo jette les bases d'un processus de réconciliation nationale, qui est primordiale pour que Madagascar retrouve sa stabilité politique et des institutions constitutionnelles permettant aux parties prenantes de la société malgache notamment la société civile, le secteur privé et les autres mouvements sociaux de jouer pleinement leur rôle durant la transition ainsi que durant le processus de réconciliation.  Cependant, la restauration d'une culture démocratique ancrée dans les traditions et la culture malgache demeure une condition sine qua non de l'instauration d'un processus de développement qui permettra à Madagascar d'assumer pleinement son rôle dans le sud ouest de l'Océan Indien.          

     

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