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Deux ans après la loi contre le gaspillage alimentaire, où en sont les supermarchés ?



  • Un article de COME BASTIN publié en février 2018 sur le site http://consocollaborative.com sous licence Creative Commons

    Une étude de Comerso souligne le développement de nouvelles pratiques dans les magasins : sensibilisation des salariés et clients, ventes à prix réduits, dons aux associations, tri… Mais d’importantes marges de progressions subsistent évidemment.

    C’est une étude commandé à IPSOS par Comerso, un acteur phare de la lutte contre les invendus dont nous vous parlions en décembre 2016. Objectif : mesurer les effets de la loi anti-gaspillage votée en février 2016 sur les pratiques des supermarchés. Et même s’il ne s’agit que de résultats déclaratifs, ils sont (plutôt) encourageants.

    Si 63% des hypermarchés, supermarchés et drive interrogés affirment qu’ils avaient déjà mis en place des actions anti-gaspillage, 35% d’entre eux déclarent en effet que cette loi les a incités à aller plus loin et prendre de nouvelles initiatives : accélération des ventes de produits à dates courtes, don aux associations caritatives ou encore la valorisation des déchets résiduels.

    Sensibilisation et ventes à prix réduits

    L’étude s’intéresse d’abord aux actions mises en place en amont des ventes.  98% des magasins affirment favoriser ainsi une meilleure gestion des stocks et 69% proposer un peu moins de produits. La sensibilisation est aussi à l’honneur puisque 52% des magasins organisent des formations anti-gaspi pour leurs employés et 37% des grandes surfaces alimentaires ont même choisi de mener des actions de sensibilisation en direction des clients.

    C’est évidemment en aval que le problème du gaspillage se concentre également. A cet effet, la majorité des magasins (92 %) déclarent pratiquer le stickage : la vente à prix réduits des produits dont la péremption est proche. Reste à savoir évidemment si cette pratique vue comme chronophage par les responsables de magasin est réalisée sur tout ou partie des produits. 38% des magasins ne suivent ainsi pas régulièrement les ventes stickage et 11% ne les suivent pas du tout.

    Les produits qui ne parviennent pas à être vendus à temps peuvent encore être donnés à des associations caritatives. 93% des magasins pratiquent le don aux associations et interagissent en moyenne avec 2,1 associations.

    Un écosystème à développer

    Évidemment, la route est encore longue pour ne plus rien gaspiller. 55% des magasins ne donnent ainsi pas tous les jours et 20% des collectes se font sans camion frigorifique. La responsabilité en cas de problème sanitaire, administratif et fiscal est mise en avant par les magasins qui n’effectuent pas de dons. D’où l’importance, souligne l’étude du « développement d’un écosystème de partenaires spécialisés et certifiés (…) pour apporter aux faibles donateurs des solutions d’optimisation et de sécurisation. »

    Enfin, il reste toujours une part de déchets incompressible qui pourrait néanmoins être mieux valorisée à travers le tri. 60% des magasins déclarent avoir mis en place un tri bio-déchets (le plus souvent les hypermarchés qui dépassent les 10 tonnes de déchets à partir desquels il est obligatoire). Pour les autres, des progrès doivent donc être réalisés, là encore grâce à au développement de partenaires et de filières spécifiques : logisticiens, spécialistes de la collecte et de la méthanisation, agriculteurs…

    Des résultats à affiner

    Cette étude reste néanmoins incomplète pour rendre pleinement rendre compte du phénomène. Pour aller plus loin, il faudrait s’intéresser à l’impact concret de ces actions sur la réduction du gaspillage, souligne Flore Berlingen, directrice de l’ONG Zero Waste France. « Cette étude rend compte de pratiques telles que “meilleure gestion des stocks” mais pas de leur résultats. On aimerait savoir combien de déchets l’ensemble a concrètement permis d’économiser. »

    Autre biais méthodologique : l’enquête a été menée sur la base d’un fichier de contact dont on ne sait pas qui sont les répondants. Même anonymes, il y a fort à parier que les mauvais élèves de la lutte contre le gaspillage aient pu parfois passer leur tour lorsqu’ils ont été sollicités…

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