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Entretien avec Francis Daniel Bougaire, chargé en chef de la Politique et stratégie de développement dans le secteur de l'eau à la Facilité africaine de l'eau



  • Francis Daniel Bougaire est chargé en chef de la Politique et stratégie de développement dans le secteur de l’eau à la Facilité africaine de l’eau (FAE), un fonds spécial hébergé et administré par la Banque africaine de développement. La FAE octroie des dons et fournit une assistance technique afin de mettre en œuvre des projets innovants dans son domaine. Pour Francis Daniel Bougaire, favoriser la Gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) est une clé pour atteindre un développement inclusif et durable.

    Quels défis, selon vous, représentent l’eau, avec son triple enjeu politique, social et environnemental ?

    L’humanité doit relever plusieurs défis liés à l'eau, qui affectent la sécurité alimentaire, la santé, le développement économique et social et la durabilité des écosystèmes dans plusieurs endroits du monde. L’importance et l’urgence des défis relatifs à la sécurité de l’eau et à l’assainissement, la gouvernance du secteur, la gestion des ressources en eau, la protection de l’environnement, les changements climatiques, mais aussi leurs interactions avec la question de l’intégration régionale – notamment la gestion des eaux transfrontalières – imposent aux pays africains de prendre des mesures à la mesure de l’ampleur des enjeux aux plans politique, financier, socioéconomique et environnemental.

    Comment prenez-vous en compte ces trois dimensions dans votre approche de la gestion des ressources en eau ?

    A l’instar de la quasi-totalité des institutions nationales et internationales concernées par l’eau, la Banque africaine de développement a opté, depuis 2000, pour une approche de Gestion intégrée des ressources en eau (GIRE) qui permet de tenir compte de toutes ces dimensions. Le concept de GIRE est un processus qui « favorise le développement et la gestion coordonnés de l’eau, des terres et des ressources connexes, en vue de maximiser, de manière équitable, le bien-être économique et social qui en résulte, sans pour autant compromettre la pérennité des écosystèmes vitaux ». L’eau doit être vue comme un bien économique, social et environnemental. Les politiques et orientations qui guident la gestion des ressources en eau doivent être étudiées dans un cadre intégré. Par exemple, sur le plan opérationnel du financement de projets d’eau, il faut établir un état des lieux dans tous les domaines (environnement naturel, socioéconomique, institutionnel, politique, juridique, technologique, etc.) qui ont une incidence quelconque sur les ressources en eau concernées. Le but est de préconiser des mesures intégrées pour s’attaquer efficacement aux défis de l’eau et faire en sorte que l’eau contribue à un développement inclusif, durable et à une croissance verte.

    Plusieurs projets financés par la FAE appliquent la GIRE, comme au Burundi, au Sénégal, au Niger, en Mauritanie, en Namibie, ou encore celui de la Commission internationale du bassin du Congo-Oubangui-Sangha (CICOS), ainsi que le projet Integrated Watershed Management of Kinoun and Tende River Basins au Kenya.

    Comment réduire, selon vous, les impacts du changement climatique dans le secteur de l’eau ?

    Le changement climatique exacerbe les problèmes liés à l'eau. Le changement climatique devrait encore augmenter la variabilité du climat, accroître l'étendue et l'ampleur des phénomènes extrêmes – notamment les sécheresses et les inondations –, et constituer une menace pour le développement, l'installation et l'entretien des infrastructures hydrauliques majeures. Comment alors réduire ces impacts sur les ressources en eau ? Avant toute chose, enn tenant compte du changement climatique dans la conception de tout projet, en veillant à ce que les meilleures pratiques locales et internationales soient adoptées ou renforcées lors de la coordination et de la préparation des documents requis pour les investissements futurs : études de préfaisabilité, de faisabilité, d'impact environnemental et social et tout autre document nécessaire à la réalisation d'un projet, dès les premières étapes de son cycle.

    C’est notre ligne de conduite à la FAE, en tant que fonds de préparation de projets. En septembre 2012, la FAE avait lancé un appel à propositions de projets pour le financement de la préparation de projets d’investissements sur l'eau et le changement climatique. Depuis lors, la FAE continue d’appuyer des projets de développement des ressources en eau qui intègrent la résilience au changement climatique, comme barrage à usages multiples de Kikonge, en Tanzanie, la réhabilitation du barrage souterrain de Naré, au Burkina Faso, l’amélioration de la mobilisation des eaux pluviales au Cameroun, ou encore le développement de l'irrigation des petites exploitations agricoles en Zambie.

    Les impacts du changement climatique sont de nature transversale.L es efforts pour mieux gérer et utiliser l'eau permettent de les atténuer ou de mieux orgnaiser la résilience. D’autres mesures peuvent aussi y contribuer, comme adopter des règles de sauvegarde en matière climatique, renforcer les capacités de tous les acteurs, optimiser les systèmes de collecte et de diffusion des données sur l’eau ainsi que la disponibilité de ressources financières pour appuyer les volets climatiques des projets.

    Source : BAD

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