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"Le Conseil" ou l'exclusion des enseignants du choix du livre scolaire.



  • 1428 : tel est le nombre de livres à expertiser pour choisir un par classe et par discipline. Le conseil peut-il gagner ce pari ? Analyse des modalités de choix du livre scolaire.

    L’Arrêté N° 001PM/ CAB du 04 Janvier 2002 du Premier Ministre portant création, organisation et fonctionnement du Conseil National d’Agrément des Manuels Scolaires et des Matériels Didactiques, dénommé « Le Conseil » lui donnait la latitude de proposer trois (03) livres par classe et par discipline au choix de chaque établissement scolaire. Cela a ouvert la voie à la marchandisation et à plusieurs autres dérives. Nous avons condamné ces faits et mené un combat contre cette marchandisation du livre scolaire.

    Les textes du Premier Ministre datant du 23 Novembre 2017 instituant le retour au livre unique ont pour objectif de réglementer le secteur et de corriger les manquements jusque-là observés. Ces textes font croire, tant soit peu, que le gouvernement est à l’écoute des populations et veut répondre à leur besoin tout en respectant l’orthodoxie académique. Toutefois, le choix du manuel scolaire incombe toujours au seul Conseil. 47 personnes pour choisir sur un éventail de 1428 livres de toutes les classes des cycles maternels, primaires et secondaires. Comment vont-elles les parcourir tous ? Pendant combien de temps ? Quelles que soient les réponses à ces questions ou la méthode à utiliser, cela n’est pas humainement faisable tant la tâche s’avère titanesque.

    Cette centralisation, nous ne le dirons jamais assez, ouvre fatalement la voie au mercantilisme, au marchandage et autre corruption, excluant du même coup les enseignants, c’est-à- dire les principaux concernés, du choix du livre scolaire.

    L’appel d’offres lancé à l’endroit des éditeurs est inopportun dans la mesure où il arrive avant même qu’on ait demandé aux enseignants et autres écrivains de proposer les contenus des livres sollicités pour la formation des citoyens camerounais.

    Nous ne saurons douter de la volonté de cet organe de mener à bien ses missions, mais nous pensons que les modalités et la méthodologie du choix du livre scolaire pourraient être plus rigoureuses et objectives si l’on y impliquait les enseignants à travers leurs Inspections Pédagogiques Régionales (IPR) respectives de la manière suivante :

    1)      Un appel à candidatures par matière et par niveau définissant les critères requis pour chaque livre scolaire ;

    2)      Les livres sont déposés, par leurs auteurs, en douze (12) exemplaires auprès du Conseil qui se charge de :

    • les rendre anonymes,
    • fixer les critères d’évaluation, assortis d’un barème d’annotation pour les livres de chaque discipline,
    • les mettre à la disposition des Inspections Pédagogiques Régionales qui font appel aux enseignants qualifiés pour évaluer les livres de leurs disciplines respectives ;

    3)      Les résultats sont retournés au Conseil qui en fait la somme c’est-à dire détermine la moyenne obtenue et identifie le livre ayant reçu la meilleure note ;

    4)      Un Appel d’Offres, le cas échéant, est lancé à ce moment en direction des éditeurs, avec un cahier de charge précis en veillant d’y accorder un pourcentage du marché aux éditeurs nationaux.

    Nous pensons que cette méthode est plus appropriée dans la mesure où elle permet aux enseignants de participer tant à la conception, l’élaboration, la rédaction qu’au choix du livre scolaire et d’échapper, tant soit peu, au piège du marchandage lié à la concentration de cette mission entre les mains d’un Conseil très restreint de quarante-sept (47) membres.

    C'est à ce prix que notre système éducatif pourra retrouver ses lettres de noblesse et participer à un développement durable.

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