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Nucléaire, la France a-t-elle raison ?



  • Nucléaire, la France a-t-elle raison ?

    Il y a quelques jours, la nouvelle ministre japonaise de l'Economie, du Commerce et de l'Industrie, Yuko Obuchi, s’est exprimée à la télévision en faveur d’un retour du nucléaire dans l’archipel. Trois ans après l’accident de Fukushima, le gouvernement japonais semble bien décidé à vouloir relancer ses réacteurs et convaincre l’opinion publique d’une telle nécessité. Une prise de position qui va en émouvoir plus d’un mais qui interroge également sur la situation du nucléaire en France et en Europe à l’heure de la transition énergétique.

    La France conserve son « option nucléaire »

    Principale énergie produite en France avec une part dans le mix énergétique s’élevant à près de 75 %, le nucléaire est pourtant la cible de nombreuses critiques, remettant en cause son utilisation et pointant du doigt les dangers qu’il peut présenter. Si la catastrophe de Fukushima est encore dans toutes les mémoires et a ouvert un boulevard à tous les anti-nucléaires, elle occulte également, du moins médiatiquement, l’importance de cette énergie et le rôle que cette dernière va pouvoir jouer dans le développement de la croissance verte. Bien que le projet de loi relatif à la transition énergétique prévoit une diminution de la part du nucléaire, en la ramenant à 50 % d’ici 2025, l’énergie atomique continuera d’avoir un rôle important à jouer dans les années à venir.

    « Nous ne sortirons pas du nucléaire, ce n’est pas le choix qui est fait. C’est grâce à l’énergie nucléaire aujourd’hui, à la sécurité qu’elle apporte, que nous pouvons accélérer et faire sereinement la transition énergétique », déclarait il y a quelques mois Ségolène Royal.  Un soutien à la filière nucléaire qui a suscité de vives réactions à la fois chez les détracteurs de cette énergie ainsi que chez les professionnels du secteur, comme Henri Proglio. En effet, le PDG d’EDF saluait cet été un projet de loi « équilibré » qui « n'oppose pas les énergies, mais souligne leur complémentarité ». Une place de choix dans l’instauration de ce nouveau modèle énergétique qui se justifie par les multiples avantages inhérents à ce type d’énergie.

    Énergie propre par excellence, le nucléaire n’émet quasiment pas de gaz carbonique, caractéristique qui répond positivement aux problématiques environnementales actuelles. L’énergie nucléaire permet ainsi une dépendance énergétique faible et réduit les problèmes d’approvisionnement de manière conséquente. Il fait figure de réelle alternative aux énergies fossiles qui arrivent à épuisement et contrairement aux énergies renouvelables, comme le solaire ou l’éolien, peut être produit avec constance. Le recours à cette énergie donne donc à la France de certains avantages, renchéris par la possibilité de pouvoir bénéficier des prix les plus bas d’Europe grâce à cette alliance nucléaire hydro-électrique.

    Certes, le danger entourant le nucléaire est présent et ne peux être ignoré sous peine d’être confronté au pire. Mais depuis l’accident de Fukushima, la sécurité entourant le nucléaire a considérablement été renforcée. L’Autorité Sûreté Nucléaire (ASN) a notamment imposé une nouvelle politique sécuritaire aux acteurs du secteur, un cadre qui a pu profiter des travaux du WENRA (Western European Nuclear Regulator’s Association) et de l’ENSREG (European Nuclear Safety Regulators Group) sur le sujet, études qui ont permis d’approcher une certaine normalisation européenne des conditions à respecter en termes d’installations et de contrôles des centrales.

    Porté par Henri Proglio, le nucléaire français s’exporte

    Devant la question de l’avenir du nucléaire, chaque pays européen semble réagir en fonction de ses capacités à répondre aux enjeux économiques et environnementaux qui entourent le nucléaire. Si la France n’a pas décidé de se défaire de cette énergie, certains pays européens ont fait ce choix ou s’apprêtent à sortir du nucléaire. Concernant les pays qui ont pris le parti de se passer complètement du nucléaire, on retrouve l’Irlande, le Portugal, l’Italie, la Grèce, l’Autriche, le Danemark ou encore la Pologne. À la différence de tous ces pays qui ont définitivement banni l’option nucléaire depuis longtemps, certaines nations ont prévu  de se passer de l’atome dans les prochaines années à l’image de l’Espagne, l’Allemagne, la Belgique ou bien la Suède. 

    Pour ce qui reste des pays où l’énergie nucléaire est toujours de rigueur, on retrouve donc la France avec une production émanant de 58 réacteurs nucléaires gérés par EDF. L’électricien français a donc un poids évident dans la définition de la politique énergétique du pays. Des compétences qu’il exporte volontiers à l’étranger, à l’image du projet de construction en Grande-Bretagne de deux réacteurs EPR. Porté par Henri Proglio, ce contrat vient tout juste de recevoir un avis favorable de Joaquim Almunia, le commissaire européen à la Concurrence, et traduit l’engagement de la Grande-Bretagne en faveur du nucléaire. Les Pays-Bas, la Finlande et de nombreux territoires de l’Est, comme la Slovénie, la République Tchèque, la Slovaquie, la Hongrie, la Roumanie, et la Bulgarie terminent la liste des pays pro-nucléaires.

    Face au nucléaire, l’Europe a du mal à se mettre au diapason et la perspective d’une politique commune est donc difficilement applicable tant les positions divergent. Dans une ère post-Fukushima, il est de bon ton de taper sur cette filière en niant ses avantages. En choisissant d’aborder la  transition énergétique en laissant une place de choix au nucléaire, la France a pris la décision de profiter d’une énergie propre, encadrée et sécurisée lui garantissant une importante marge de manœuvre sur un plan économique ou environnemental afin de développer son nouveau modèle énergétique. Un choix certes contesté mais réfléchi. 

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