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La Conférence sur les océans se termine sur un " Appel à l'action " pour soigner " la peste du plastique "



  • Dans l’océan, la quantité de déchets plastiques s’approche dangereusement de celle des poissons, un tiers des stocks de poissons tombent dans les filets de la pêche illicite et de la surpêche et 40% du récif corallien se perd ou se dégrade.  La Conférence des Nations Unies sur les océans a fermé ses portes aujourd’hui avec en main plus de 1 300 engagements volontaires et un « Appel à l’action » contenant 22 mesures « d’urgence » pour conserver et exploiter les océans de manière durable, y compris soigner « la peste du plastique », a dénoncé au premier jour des travaux par le Président de l’Assemblée générale, M. Peter Thomson. 

    La Conférence de haut niveau, qui s’est déroulée du 5 au 9 juin 2017 au Siège de l’ONU, à New York, a rassemblé de nombreux chefs d’État et de gouvernement, ainsi que des représentants de la société civile, du secteur privé et de la communauté scientifique, pour soutenir la mise en œuvre de l’objectif 14 du Programme de développement durable à l’horizon 2030: « conserver et exploiter de manière durable les océans, les mers et les ressources marines aux fins du développement durable ».

    Dans leur document final, « L’océan, notre avenir: l’Appel à l’action », les participants se disent « particulièrement alarmés par les effets néfastes que les changements climatiques ont sur l’océan », notamment la hausse de la température de l’océan, l’acidification de l’océan et des zones côtières, la désoxygénation, l’élévation du niveau des mers, la diminution du couvert de glace polaire, l’érosion côtière et les phénomènes météorologiques extrêmes. 

    Les participants se disent en outre « conscients qu’il faut remédier à ces effets », qui altèrent la capacité de l’océan à jouer un rôle déterminant dans la régulation du climat, la biodiversité marine, l’alimentation et la nutrition, le tourisme et les services rendus par les écosystèmes et à servir de moteur au développement et à la croissance économique durable.  À cet égard, les participants rappellent que l’Accord de Paris, conclu en septembre dernier au titre de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, revêt une « importance particulière ».

    Pour remédier aux effets des changements climatiques et au déclin des océans, « l’Appel à l’action » demande à toutes les parties prenantes de prendre 22 mesures « d’urgence » pour répondre aux 10 cibles associées à l’objectif 14.

    Sur ces 22 mesures, sept ont une portée transversale et appellent les participants à aborder la réalisation de l’objectif 14 de manière « intégrée et concertée », en tenant compte des liens entre ses 10 cibles et des synergies avec les autres objectifs de développement durable; à renforcer la coopération entre les institutions internationales, régionales et locales; à consolider et promouvoir des partenariats public-privé « efficaces et transparents »; et à mettre au point des stratégies globales visant à faire prendre conscience de l’intérêt biologique et culturel de l’océan.  Il s’agit aussi d’appuyer les plans destinés à encourager l’action éducative au sujet de l’océan; de participer au processus de suivi du Programme 2030 en contribuant aux travaux du Forum politique de haut niveau pour le développement durable; et d’envisager de nouveaux moyens d’appuyer la réalisation rapide et effective de l’objectif 14.

    Trois mesures visent à répondre à la « cible 1 » de l’objectif 14, qui appelle, d’ici à 2025, à réduire nettement la pollution marine résultant des activités terrestres.  Ces trois mesures invitent les participants à promouvoir la réduction de la production de déchets, en adoptant des modes de consommation et de production durables et en appliquant le concept des trois R (réduction, réutilisation et recyclage), notamment via des solutions commerciales de réduction des déchets et de leur production; et à mettre en place des stratégies visant à réduire l’utilisation de plastiques et de microplastiques.

    Une mesure est conçue pour répondre à la « cible 2 » de l’objectif 14, qui appelle, d’ici à 2020, à gérer et protéger durablement les écosystèmes marins et côtiers en renforçant leur résilience, et à la « cible 5 », qui préconise de préserver au moins 10% des zones marines et côtières d’ici à cette date.  Dans cette mesure, les participants demandent de promouvoir des outils de gestion par zone « efficaces et adaptés », notamment les aires marines protégées, et diverses stratégies, telles que l’aménagement de l’espace marin et l’aménagement intégré des zones côtières.

    Une autre mesure reprend la « cible 3 » de l’objectif 14, en appelant à élaborer des stratégies efficaces d’adaptation et d’atténuation pour accroître la résilience à l’acidification de l’océan et des zones côtières, à l’élévation du niveau des mers et à la hausse de la température de l’océan, ainsi qu’à combattre leurs effets.

    S’agissant de la « cible 4 », qui appelle, d’ici à 2020, à réglementer efficacement la pêche pour mettre fin à la surpêche et à la pêche illicite, et de la « cible 6 », qui vise à interdire, d’ici à cette même date, les subventions à la pêche contribuant à la surpêche et à la pêche illicite, l’Appel à l’action préconise quatre mesures: développer la gestion durable des pêches; mettre un terme aux pratiques de pêche destructrices et à la pêche illicite; accélérer les programmes interopérables de documentation des prises et la traçabilité des produits halieutiques; et prendre des mesures décisives pour interdire les subventions à la pêche.

    Pour réaliser la « cible 7 », qui appelle, d’ici à 2030, à faire mieux bénéficier les petits États insulaires en développement (PEID) et les pays les moins avancés (PMA) des retombées économiques de l’exploitation durable des océans, le document recommande deux mesures: l’une visant à appuyer la promotion et le renforcement d’économies océaniques durables, basées notamment sur des activités viables telles que la pêche, le tourisme, l’aquaculture, le transport maritime, les énergies renouvelables, les biotechnologies marines; et l’autre, visant à redoubler d’efforts pour mobiliser les moyens nécessaires à la mise en œuvre de l’objectif 14 dans les pays en développement.

    Afin d’aider à la mise en œuvre de la « cible 8 », qui invite à approfondir les connaissances scientifiques sur les océans, une mesure appelle à affecter davantage de ressources à la recherche scientifique marine ainsi qu’à la collecte et à l’échange de données pour encourager l’innovation scientifique et technologique.  Une autre mesure invite les participants à renforcer les capacités des pêcheurs artisanaux dans les pays en développement et accroître l’assistance technique qui leur est apportée, afin de répondre à la « cible 9 », qui demande de garantir l’accès des petits pêcheurs aux ressources marines et aux marchés. 

    Une mesure correspond à la dernière et dixième cible de l’objectif 14, sur le besoin d’améliorer la conservation des océans en application des dispositions de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.  Cette mesure appelle à participer aux débats sur « l’élaboration d’un instrument international juridiquement contraignant » lié à la Convention, portant sur la conservation et l’utilisation durable de la biodiversité marine des zones ne relevant pas de la juridiction nationale.

    Enfin, une dernière mesure, directement liée aux travaux effectués durant la Conférence, appelle à « accueillir favorablement le suivi des dialogues de partenaires » organisés cette semaine et à « honorer les différents engagements pris volontairement » dans le cadre de la Conférence.

    La Conférence s’est soldée par la formulation de 1 328 engagements, soit des initiatives volontaires et concrètes pour mettre en œuvre l’objectif 14 prises par les gouvernements (603), les ONG et la société civile (375), le système des Nations Unies et autres organisations intergouvernementales (166), le secteur privé (73), les universités et organismes scientifiques (65) et les partenariats (46).

    La Conférence a également adopté un rapport contenant les résumés des sept dialogues de partenaires qu’elle a organisés sur les thèmes suivants: pollution marine; gestion des écosystèmes marins et côtiers; acidification des océans; pérennisation de la pêche; retombées économiques pour les PEID et PMA et accès aux ressources marines et aux marchés pour les petits pêcheurs; approfondissement des connaissances scientifiques; et utilisation durable des océans et de leurs ressources, en application de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.

    La Conférence a enfin adopté une résolution recommandant à l’Assemblée générale d’approuver, à sa soixante et onzième session, son « Appel à l’action », avant de clôturer officiellement ses travaux, comme elle s’était ouverte, dans un soufflement de conque et des chants traditionnels des Fidji, l’un des deux pays à l’initiative de l’évènement avec la Suède. 

    Les Gouvernements du Kenya et du Portugal se sont tous deux portés volontaires pour accueillir la prochaine Conférence des Nations Unies sur les océans, qui devrait avoir lieu en 2020.

    Le représentant des États-Unis a insisté sur le fait que c’est parce que les droits de propriété intellectuelle sont protégés qu’ils favorisent l’innovation.  Il s’est donc opposé aux dispositions du document final sur le transfert de technologie. Il s’est également dissocié des dispositions relatives aux négociations de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), appelant au respect de son indépendante.  S’agissant à la référence à l’Accord de Paris, le représentant a rappelé que son pays a annoncé son intention de s’en retirer, avant que sous un tonnerre d’applaudissements, son homologue de la France n’insiste sur sa pertinence.  Le représentant de l’Union européenne a fait de même, en attirant aussi l’attention sur la validité de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer.

    Son homologue de l’Égypte a reproché au texte de ne pas faire mention des autres facteurs à l’origine « des espèces exotiques envahissantes ». La déléguée de la Fédération de Russie s’est dissociée des dispositions sur les subventions à la pêche.

    « Nous avons maintenant un long chemin à parcourir », a prévenu le Secrétaire général adjoint de l’ONU aux affaires économiques et sociales et Secrétaire général de la Conférence, M. Wu Hongbo, avant que le Président de l’Assemblée générale, M. Peter Thomson ne se réjouisse tout de même que ces derniers jours, un mouvement se soit mis en branle.  Cette semaine a été un évènement unique pour l’histoire de mon pays, a acquiescé le Premier Ministre des Fidji et Coprésident de la Conférence, M. Josaia Voreqe Bainimarama.  « Nous avons mis les voiles, le vent est favorable, gardons le cap », a conclu l’autre Coprésidente et Ministre du développement international et de la coopération de la Suède et Coprésidente de la Conférence, Mme Isabella Lovin.

    Télécharger l'Appel à l'action

    [ODD2030-14]

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