Le Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires et Coordonnateur des secours d’urgence, M. Mark Lowcock, a averti, cet après-midi, que « le système humanitaire est au bord de la rupture, puisqu’en 2017 l’écart entre les besoins et les ressources disponibles s’est creusé ». Il présentait le rapport de 2017 du Secrétaire général sur le « Renforcement de la coordination de l’aide humanitaire d’urgence fournie par les organismes des Nations Unies » à l’ouverture de la session 2018 du segment humanitaire du Conseil économique et social (ECOSOC).
Le thème de cette session, « Restaurer l’humanité, respecter la dignité humaine et ne laisser personne de côté: travailler ensemble pour réduire les besoins humanitaires, les risques et la vulnérabilité des populations » a fait dire à de nombreux orateurs du débat général, entamé aujourd’hui, qu’il est important de respecter le droit international humanitaire, notamment l’accès sans entrave aux gens dans le besoin.
Le Vice-Président de l’ECOSOC, M. Jerry Matthews Matjila, de l’Afrique du Sud, a rappelé que ce segment humanitaire est « un forum unique de débat et de compréhension de la nature complexe des besoins humanitaires et des défis opérationnels de l’assistance humanitaire ». En effet, le segment permet aux États Membres, aux entités des Nations Unies, aux partenaires humanitaires et de développement, au secteur privé et aux communautés affectées de discuter des questions humanitaires émergentes et urgentes. Outre le débat général, la session de cette année, après celle de Genève en 2017, prévoit trois tables rondes, avant l’adoption de la traditionnelle résolution sur le thème à l’ordre du jour, sans compter 18 évènements parallèles.
Dans le rapport présenté par M. Lowcock, il est noté que les besoins humanitaires n’ont jamais été aussi grands du fait des crises humanitaires engendrées par les conflits et les catastrophes liées aux risques naturels. Les organisations humanitaires sont venues en aide à 101,2 millions de personnes et ont sauvé des millions de vies, réduit les souffrances et promu la dignité humaine. Le nombre total de déplacés de force par les conflits et la violence a atteint le niveau record de 65,6 millions à la fin de 2016, dont 40,3 millions de déplacés à l’intérieur de leur propre pays.
En outre, depuis 2008, ce sont chaque année plus de 100 millions de personnes qui sont touchées par des catastrophes liées à des risques naturels, et 25,3 millions en moyenne qui sont déplacées. En 2017, l’année la plus chaude jamais enregistrée sans la présence d’un phénomène El Niño, toutes les régions ont subi les effets dévastateurs des catastrophes naturelles.
Face à ce sombre tableau et malgré la générosité des donateurs qui ont versé 13,97 milliards de dollars en réponse aux appels interinstitutions, les plans d’aide humanitaire et les appels n’ont été financés qu’à hauteur de 58,9%. Or, il est primordial qu’ils soient totalement financés, a insisté le Secrétaire général adjoint, car, fin 2017, 135,7 millions de personnes avaient besoin d’une aide humanitaire, et les besoins de financement avaient atteint le montant de 23,5 milliards de dollars. Cette situation a fait dire à la représentante de la Bulgarie, parlant au nom de l’Union européenne, qu’il faut un système humanitaire plus « proactif », capable d’anticiper les crises et les catastrophes.
« À long terme, les donateurs traditionnels ne pourront pas assurer les besoins croissants humanitaires », a averti son homologue allemand qui a plaidé pour de nouveaux moyens innovants de financement. Un avis partagé par l’Égypte, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, qui a appelé à un financement adéquat et prévisible. Le G77 encourage le système onusien à améliorer ses efforts pour établir des mécanismes de financement anticipé afin de prévoir un soutien humanitaire en temps voulu et s’assurer que l’aide atteigne effectivement les gens dans le besoin.
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