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Le Forum politique de haut niveau se penche sur les moyens de rendre les sociétés viables et résilientes



  • Pour sa deuxième journée de travaux, le Forum politique de haut niveau pour le développement durable organisé sous les auspices du Conseil économique et social (ECOSOC) s’est penché sur les moyens de rendre les sociétés viables et résilientes face aux inévitables chocs politique, économique, climatique ou bien encore face à la « destruction créatrice » découlant des changements technologiques.

    Pour la première des trois tables rondes organisées de la journée, le Forum, tout à son examen de la mise en œuvre des ambitieux objectifs de développement durable, fil conducteur de ses huit journées de travaux, a pu entendre la Secrétaire générale adjointe de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) prôner la mise en place de mécanismes de protection sociale.

    « Les politiques économiques et sociales devraient être axées sur les travailleurs plutôt que sur les secteurs », a ajouté Mme Isabelle Durant.  Celle-ci a également préconisé l’effacement de la dette, ou le moratoire, pour les pays qui subissent des chocs.  « En libérant des fonds, le pays est mieux préparé à d’éventuels chocs futurs. »

    Les catastrophes naturelles ont été au cœur de la présentation du représentant de « 100 Resilient Cities », M. Jeb Brugmann qui a pris l’exemple de Porto Rico après le passage de l’ouragan Maria en 2017 pour illustrer la complexité du concept de résilience.  Partageant la même fibre sociale que la déléguée de la CNUCED, il a dénoncé le fait qu’après une catastrophe, le Gouvernement et les assureurs, à travers leurs procédures de financement, empêchent l’utilisation des fonds de relèvement pour le développement. 

    « Nous avons besoin d’une éducation aux catastrophes à tous les niveaux. »  C’est ce qu’a prôné le Coordonnateur de l’Institut du développement durable de l’Université des Indes occidentales (Jamaïque), M. David Smith, qui a plaidé pour un financement de la recherche et un meilleur accès aux informations scientifiques, en particulier dans les pays en développement et les pays insulaires en développement.  « Il faut bâtir le capital humain et aider les personnes à trouver le financement nécessaire pour qu’elles puissent s’adapter à la résilience. »

    Auparavant, la déléguée de la CNUCED avait vanté l’efficacité des technologies innovantes, avant, pendant et après les chocs, ainsi que pour accélérer les progrès et le développement en général.  « La télédétection a ainsi été utilisée pour identifier les zones vulnérables à la désertification, conduisant à des initiatives de reboisement », a-t-elle dit, tout en prédisant un bouleversement total de l’économie lorsque l’utilisation des imprimantes 3D sera généralisée. 

    L’apport de la science, de la technologie et de l’innovation (les « STI ») au service du développement durable, mais aussi le potentiel déstabilisant de ces derniers pour les sociétés, ont été au cœur de la deuxième table ronde de la matinée.  « Le rôle des sciences est crucial pour réaliser les objectifs de développement durable », a d’emblée déclaré la Coprésidente du groupe de scientifiques chargé de rédiger le Rapport mondial pour le développement durable, en recommandant aux scientifiques et aux décideurs politiques d’établir davantage de liens entre eux.

    Le paradoxe, a fait remarquer un chercheur au sein de l’Université de Vienne pour la technologie, c’est que trois milliards de personnes sont actuellement laissées pour compte par les STI, alors qu’ils sont la clef pour réaliser le développement durable.  Face à la « destruction créatrice » des changements technologiques dont parlait l’économiste Joseph Schumpeter, il a préconisé de lisser les effets de ces changements et de rechercher des synergies.

    Certaines délégations ont détaillé les stratégies de leurs pays s’agissant des STI et les progrès déjà engrangés.  Le Kenya consacre ainsi 2% de son PIB à ce secteur, tandis que l’Afrique du Sud est bien classée selon l’Indice mondial de l’innovation.

    Enfin, un même vent de pessimisme que lors de la journée précédente a soufflé sur la troisième table ronde de la journée consacrée à l’examen de l’objectif 7 « Garantir l’accès de tous à des services énergétiques fiables, durables et modernes, à un coût abordable ».

    Alors qu’il avait noté, la veille, des retards dans la réalisation de l’objectif 6 relatif à l’eau propre et l’assainissement, le Forum n’a pu faire qu’un constat similaire s’agissant dudit objectif 7.  « Le monde n’est pas encore en voie d’atteindre l’accès universel à de tels services d’ici à 2030 », a déclaré sans ambages une responsable de la Section de suivi des objectifs de développement durable de la Division de statistique de l’ONU.

    « Il faut 12 à 15 milliards de dollars par an pour atteindre cet objectif d’ici à 2030 », a renchéri le délégué du Bangladesh, qui a déploré, à l’instar de nombreuses délégations, le non-respect de la promesse de l’aide publique au développement (APD) et la faiblesse des ressources internes. 

    Loin de jeter l’éponge, la Présidente-Directrice générale de la Fondation européenne du climat, qui a lié accès universel à l’énergie et Accord de Paris sur les changements climatiques, a appelé à une forte mobilisation internationale, nécessaire pour « gagner cette bataille ».  « Il faut parachever la décarbonisation du secteur énergétique d’ici à 2030 pour réaliser cet objectif. »

    Même volontarisme du côté de la Directrice exécutive d’ENERGIA Zambie, un réseau fondé par un groupe de femmes impliquées dans le travail sur le genre et l’énergie dans les pays en développement.  Invitant les États à « redresser la situation, à 12 ans de la réalisation des objectifs de développement durable », elle a appelé à « intégrer le genre dans les politiques énergétiques, utiliser tout ce qui est possible pour la distribution hors réseau et accroître les investissements dans les nouvelles capacités de production d’énergie ».

    Compte rendu de l'ONU

    [ODD2030] [MFT-ODD]

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