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Le Parc Marin de Mohéli (PMM), un sanctuaire de la biodiversité à la recherche d’un second souffle



  • Le 3 juin dans l’après midi s’est tenue à l’Alliance Franco Comorienne de Moroni, une conférence pour présenter le Parc Marin de Mohéli (PMM)  dans sa nouvelle configuration. Les conférenciers étaient Fouad Abdou Rabi et François Beudard deux experts qui travaillent au sen du parc marin.

    D’emblée les conférenciers  ont situé le contexte dans lequel le parc a vu le jour. Le PMM a été créé par décret présidentiel le 19 avril 2001. Il  englobe le territoire de 10 villages côtiers. Il couvre une surface de 404 Km² englobant les îlots de Nioumachoi et les rochers d’Itsamia. D’une surface importante de mer ouverte jusqu’à l’isobathe de 100 mètres, il prend en compte les bassins versants.

    Le Parc Marin de Mohéli est un établissement public à caractère administratif et il est  placé sous la tutelle du Ministère chargé de l’environnement de l’Union. Il est administré par un organe délibérant, le comité de pilotage, et un organe exécutif, le staff du parc.

    Il faut savoir que le  PMM englobe une grande diversité d’habitats et d’espèces remarquables qui a justifié son classement. On trouve dans la zone du parc quelques 45 plages de pontes de tortues. Plus de 200 baleines à bosses qui se relaxent chaque année de juillet à novembre. La présence confirmée mais rare des Dugongs par des pêcheurs. Une présence permanente de dauphins. On a recensé 91Ha de mangrove. Les récifs coralliens frangeants bordent la côte et les îlots sur près de 4000 ha ; ils ne dépassent pas 1 km de large.

    Si certaines zones sont aujourd’hui très dégradées, les zones encore vivantes de la pente externe révèlent une forte diversité d’espèces inféodées à ces récifs. 820 espèces marines de poissons ont été recensées pour le moment, dont 485 inféodées aux récifs coralliens,. 5 îlots et plusieurs rochers

    Le PMM est surtout connu pour la forte participation communautaire au développement local, qui constitue un des piliers de sa conservation. En effet les 10 villages riverains du parc ont adopté une approche participative de cogestion. On trouve un représentant de chaque village et des institutions (état, tourisme, lois) au sein du Comité de Pilotage qui supervise les activités du parc.

    Malgré tout cela le parc est confronté à un certains nombre de problèmes  dont un manque de ressources humaines, matérielles et financières adéquates.

    En effet Le PMM fonctionne actuellement avec un personnel limité et une démotivation des écogardes qui ne peuvent plus assurer leurs fonctions faute de paiement depuis octobre 2006. Le PMM ne trouve pas encore de projet pouvant assurer leur paiement à travers les activités de surveillance, suivi et sensibilisation.

    Les investissements en matériels et aménagements écotouristiques n’ont pas été assurés à la fin du projet « Conservation de la Biodiversité ». Le PMM ne possède pas de matériels de plongée, de matériels de suivi adéquat, des embarcations motorisées rapide qui peuvent assurer une bonne surveillance….. Le PMM est totalement dépendant des projets, ce qui entrave son fonctionnement et la motivation de son personnel dès qu’il ne trouve pas de projets à exécuter. Le dispositif juridique du PMM repose en grande partie sur la capacité des associations villageoises à contribuer à la gestion du Parc. Or ces ONGs villageois connaissent actuellement une démotivation.

    Et pourtant le parc ne manque pas d’atouts. On trouve un Comité de Gestion et un staff motivés. Il existe un plan de gestion pour 2008-2012 et qui a été  revu récemment et qui attends encore le conseil d’autres experts pour être validé. Un manuel de procédure a été élaboré et validé en réunion de Comité de Gestion. Un Plan d’Affaire financé par le PNUD-Comores est entrain d’être finalisé. Un programme d’appui aux organisations communautaires de base pour la protection de la forêt et des bassins versants du PMM est en cours. Un programme de microfinancements  du Pnud/Fem a concentré ses premiers efforts à Mohéli aux communautés du PMM. Une Diversité Biologique riche et des atouts touristiques

    Les conférenciers ont définis les besoins urgents du parc. Il s’agit d’officialiser les propositions de revue organisationnelle et institutionnelle du PMM. De sécuriser de façon permanente la prise en charge des écogardes et du responsable du Parc. Assurer une surveillance quotidienne au PMM. Lancer une campagne de communication/sensibilisation pour faire connaître le potentiel du Parc au niveau national, régional et international.. Dès que le document  « Plan d’affaire du PMM » sera  validé, il faudra trouver des financements pérennes pour financer les activités prévues. Et aussi lancer le processus de mise en place d’un Trust Fund spécial Parc Marin de Mohéli. Vaste programme et qui a le mérite d’exister !

    On ne peut que souhaiter beaucoup de courage à l’équipe du parc, qui en cette année internationale de la biodiversité ne ménage aucun effort pour la préservation de notre biodiversité si riche mais aussi si méconnue.

    Hachime Abdérémane

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