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Le rapport du Forum économique mondial offre un aperçu des risques dans le monde

Young boys are rescued using inner tubes at a flooded riverside community in Manila, Philippines Jason Gutierrez/IRIN
Young boys are rescued at a flooded riverside community in Manila, Philippines (Aug 2012)
Le Forum économique mondial (World Economic Forum, WEF) a publié son huitième rapport annuel sur les risques dans le monde. Le rapport répertorie les principales menaces identifiées par une enquête menée auprès de plus de 1 000 experts. Comme l’an dernier, les risques qui apparaissent en tête de liste sont essentiellement économiques et financiers. Le risque de crise économique systémique majeure figure notamment parmi les premiers risques identifiés.

Rien d’étonnant jusqu’ici. Les préoccupations liées au changement climatique, notamment l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre et l’échec des gouvernements et des entreprises à atténuer ces changements ou à s’y adapter, figurent aussi en bonne place dans la liste des principaux risques.

À l’occasion du lancement du rapport, John Drzik, PDG d’Oliver Wyman, un groupe de gestion des risques et de courtage en assurances, a dit : « Deux tempêtes, l’une environnementale et l’autre économique, vont finir par entrer en collision à un moment ou un autre. »

Il a fait remarquer qu’au cours des dernières années les gouvernements, et notamment celui des États-Unis, avaient agi comme des assureurs de dernier recours, supportant par le fait même un fardeau de plus en plus lourd à la suite des catastrophes naturelles.

« Cette situation a soulevé des attentes croissantes du public envers le gouvernement. La population s’attend désormais à ce que ce dernier intervienne et fournisse de l’aide à la suite des catastrophes », a-t-il dit. « Et c’est là que le bât blesse, car le gouvernement n’a plus la capacité économique de faire face aux crises. »

M. Drzik a dit à IRIN que cela s’appliquait non seulement aux opérations de secours nationales, mais aussi à l’aide internationale d’urgence. « La situation financière des pays avancés vient ajouter au risque d’affaiblissement de la capacité de soutien des opérations d’aide dans les pays en développement affectés par les catastrophes. »

Aperçu du rapport

L’échantillon d’experts interrogés dans le cadre du sondage est exceptionnel. Il est composé de membres des « communautés du Forum économique mondial » et inclut notamment des figures emblématiques des gouvernements nationaux, des entreprises, des organisations internationales et du monde universitaire.

Cette année, les participants à l’étude étaient originaires de plus de 100 pays, mais une grande partie d’entre eux venaient d’Europe et d’Amérique du Nord. Plus de 40 pour cent des répondants étaient issus des milieux d’affaires et moins de 30 pour cent étaient des femmes. L’échantillon incluait toutefois des personnalités mondiales influentes qui, en raison de leurs responsabilités, ont une conscience aiguë des risques futurs.

Tom Mitchell, qui étudie le changement climatique et les questions de résilience et de risques au sein de l’Institut de développement d’outre-mer (Overseas Development Institute, ODI) à Londres, se montre sceptique quant à l’utilité des sondages du Forum pour les professionnels du développement, mais il souscrit à l’importance que le rapport accorde aux liens entre les risques.

« Les auteurs mentionnent notamment que les risques sont fortement inter-reliés. C’est un élément important qui mérite réflexion », a-t-il dit à IRIN. « On n’a qu’à penser à l’impact des sécheresses ou des inondations sur les zones de production alimentaire. [Ces catastrophes] ont de fortes répercussions sur les prix pratiqués dans les supermarchés et sur ce que les Africains paient pour acheter des denrées alimentaires. [Les prix sont] liés à la quantité de terres utilisées pour la production de biocarburants et, par le fait même, au prix du pétrole. La nature catalytique du risque et la façon dont les divers éléments dépendent les uns des autres apparaissent clairement. »

Selon Dom Hunt, conseiller en matière de réduction des risques de catastrophe auprès de Concern Worldwide, certaines parties de l’étude peuvent être utiles pour les travailleurs humanitaires. « Il faut sélectionner les éléments qui sont importants pour vous. Les risques cybernétiques ne sont pas un sujet de préoccupation pour les gens avec qui nous travaillons, c’est-à-dire ceux qui vivent dans la pauvreté extrême », a-t-il dit à IRIN. « En revanche, les agriculteurs doivent de plus en plus souvent composer avec la variabilité du climat, et notamment la variabilité des précipitations, et nous devons susciter la réflexion des décideurs, des agriculteurs et des vulgarisateurs au sujet de ses effets », a-t-il ajouté.

« Les pays asiatiques sont les premiers à songer aux risques parce que leur économie croît très rapidement. Ils ont atteint un stade de développement où le risque de perte de PIB est très élevé. Or, les protections que l’on voit ailleurs ne sont pas encore en place dans ces pays. »
« Le risque de catastrophe et les tendances de risque mondiales ne concernent pas seulement les humanitaires. Les causes sous-jacentes des crises et des catastrophes humanitaires sont aussi liées au développement, et nous croyons qu’on doit s’y attaquer en utilisant les fonds destinés au développement. Des rapports comme celui-ci nous permettent d’ajouter une autre corde à notre arc. »

Sujets de discussion

Le rapport 2013 examine également certains risques moins souvent abordés.

Il souligne par exemple le risque que représentent les « cyberincendies sauvages » — c’est-à-dire les rumeurs ou les autres informations dommageables, vraies ou non, qui se propagent de manière incontrôlable sur Internet. Le rapport cite comme exemple le film anti-islamique tourné aux États-Unis qui a déclenché des émeutes au Moyen-Orient et entraîné la mort de dizaines de personnes.

Il attire également l’attention sur l’augmentation de la résistance aux antibiotiques et le manque d’efforts pour en développer de nouveaux afin de remplacer ceux qui sont devenus inefficaces. Le rapport attribue ce manque d’efforts à une défaillance du marché. La mise au point de médicaments pris peu fréquemment, pendant de courtes périodes et pour des maladies qui risquent de développer rapidement une résistance présente peu d’avantages pour les compagnies pharmaceutiques. Celles-ci ont plutôt intérêt à développer des médicaments pour les maladies chroniques, car ils seront administrés pendant de longues périodes et il est peu probable qu’ils perdent de leur efficacité.

Le Forum n’offre pas de solutions. Il présente plutôt ces questions comme des sujets à aborder lors de la réunion annuelle de ses membres à Davos à la fin janvier et dans le cadre d’un débat plus large.

Alan Johnson, qui travaille sur les infections et la résistance aux antimicrobiens au sein de l’Agence britannique de protection de la santé (Health Protection Agency, HPA), propose une solution de marché pour promouvoir le développement de nouveaux médicaments. « Les gens disent que les antibiotiques sont sous-évalués. Nous devrions peut-être réévaluer leur valeur à la hausse », a-t-il dit à IRIN.

« Nous devrons peut-être, à l’avenir, accepter de reconnaître que ces médicaments sont nécessaires et qu’ils doivent se vendre plus cher pour que les entreprises considèrent qu’il est rentable d’investir dans leur développement. Ce qui est certain, c’est qu’il faut engager un dialogue avec les compagnies pharmaceutiques et encourager la coopération entre les pays. Les gouvernements doivent en effet adopter une approche conjointe pour déterminer une nouvelle structure des prix, car l’initiative est vouée à l’échec s’ils ne travaillent pas en collaboration les uns avec les autres. »

Qui gère les risques ?

Les risques évoqués touchent l’ensemble de la planète, mais ils sont généralement gérés au niveau national. Le Forum économique mondial dit travailler en collaboration avec les gouvernements afin de développer des mécanismes de gestion du risque. Son rapport présente un classement des États en fonction de l’efficacité perçue de leur gestion du risque : Singapour se trouve en tête de liste et le Venezuela figure au dernier rang.

« Les risques sont généralement liés au contexte, ce qui rend difficile la mise en place d’un registre mondial des risques. Certains risques ne s’appliquent pas à certains pays ou communautés, notamment lorsqu’ils ne sont pas liés aux flux financiers mondiaux. Chaque pays doit donc compiler son propre registre des risques et agir en conséquence », a dit M. Mitchell, de l’ODI.

Malheureusement, les pays en développement qui le font ne sont pas très nombreux, a-t-il dit. « Et ceux qui le font ont tendance à fonder leur notion du risque sur ce qui est arrivé dans le passé plutôt que d’utiliser des modèles pour déterminer ce qui pourrait se produire dans le futur. »

« On assiste cependant à des améliorations, surtout dans les pays qui sont préoccupés par l’avenir de leurs mégapoles. Les pays asiatiques sont les premiers à songer aux risques parce que leur économie croît très rapidement. Ils ont atteint un stade de développement où le risque de perte de PIB est très élevé. Or, les protections que l’on voit ailleurs ne sont pas encore en place dans ces pays. »

eb/rz-gd/amz


This article was produced by IRIN News while it was part of the United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs. Please send queries on copyright or liability to the UN. For more information: https://shop.un.org/rights-permissions

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