Pyrale du buis : le casse-tête continue
Pour Jean Philippe Ronchini, pépiniériste installé depuis plus de quarante ans à Nègrepelisse, le constat est amer. Alors qu'il vendait plus de 300 buis par an il y a encore trois ans, il en écoule seulement une trentaine aujourd'hui. Avec le retour des beaux jours, les pyrales ressortent, et la situation ne va pas aller en s'arrangeant.
Feuilles, tiges, écorces, rien n'est épargné par la chenille, qui se nourrit exclusivement de cette plante emblématique des jardins à la française. Arrivée par l'est de la France il y a une dizaine d'années, elles prolifèrent à vitesse grand V, puisqu'elles se reproduisent trois à quatre fois par an.
Elles se transforment ensuite en papillons nocturnes très attirés par la lumière, que l'on voit souvent tourner autour des lampadaires les soirs d'été.
Des solutions naturelles
Pour traiter, Jean Philippe Ronchini utilise le Bacillus Thuringiensis, un concentré de bactéries, qui vient parasiter et finalement tuer la chenille. Cette solution à l'avantage d'être totalement biologique, puisqu'on retrouve cette bactérie dans l'air et le sol.
Une autre solution naturelle utilise les trichogrammes, des microguêpes qui viennent pondre leurs œufs dans ceux de la pyrale, et littéralement «tuer dans l'œuf» toute éclosion possible.
Moins fiable, les pièges à phéromones attirent les mâles en imitant les phéromones produites par les femelles.
Jean Michel Breton, responsable au Jardiland de Montauban sud, plaide-lui pour une approche plus… globale. «La nature c'est un équilibre. Si l'on veut traiter efficacement la pyrale, il faut équilibrer son jardin, entre la part de naturel et la part d'humain. Garder un petit espace totalement naturel, que l'on ne touche pas dans son jardin est très utile. Les moineaux sont par exemple des prédateurs de la pyrale.»
En dehors du buis, une autre pyrale s'attaque aux jasmins et oliviers, mais le phénomène reste mineur dans la région.
Une appli pour suivre la pyrale
L'entreprise Biotop a récemment créé GeoInsecta, une application qui permet à ses utilisateurs de signaler la présence des insectes ravageurs, et ainsi d'alerter sur la présence de la pyrale. Les mouvements de la pyrale sont donc suivis «en direct» à travers toute la France.
Une innovation qui devrait ravir Jean Michel Breton, pour qui une collaboration entre voisins est «primordiale» pour éradiquer la chenille.
Comment traiter ?
Il est préconisé l'emploi du bacille de Thuringe, un insecticide naturel biologique commercialisé sous différentes marques dans les jardineries. Il faut agir au bon moment. Le premier traitement doit être fait début mars, les suivants débuts juillet, fin août et fin septembre. Il convient de traiter à l'intérieur des buis, le long des branches, du tronc et au pied des arbustes. Vous pouvez aussi placer des pièges à phéromones à la mi-mai. les pièges lumineux sont déconseillés par les spécialistes. Le piège à phéromone avec le «bacille de Thuringe» est d'une l'efficacité contre toutes les larves nuisibles. Ces phéromones imitant l'odeur des femelles pendant la reproduction, attirent les mâles provoquant leur perte. L'intérieur des buis, la partie boisée, doit être traité en premier après la taille annuelle. L'important est de traiter au bon moment (au premier vol de papillons vers le 25 mai) le traitement (comme et au château de Versailles) à l'aide d'un Karcher est aussi valable sur les grands espaces.
Tout sur la chenille envahissante
La pyrale du buis est une espèce originaire d'Asie Orientale dont les chenilles sont appelées «chenilles vertes». Elle serait arrivée en France via le commerce du buis et à cause de l'ampleur du marché il y a sans doute eu des introductions multiples. Observée pour la première fois en 2008 en Alsace, elle n'est réellement signalée qu'en 2012. Aujourd'hui, l'espèce est présente dans la quasi-totalité des départements français et touche majoritairement les régions PACA, Occitanie, Rhône-Alpes ainsi que l'Île-de-France. Les jardins de monuments historiques sont les plus concernés, mais de plus en plus d'espaces naturels sont aussi envahis.
Comment les reconnaître ?
La pyrale du buis est un papillon nocturne de 36 à 44 mm d'envergure, aux ailes blanches et marron et reconnaissable par ses reflets dorés ou irisés. Les chenilles sont vert clair et noires. Les vols du papillon s'observent entre juin et octobre. Cependant les chenilles attaquent dès le mois de mars.
Quels problèmes engendrent-elles ?
La pyrale du buis n'est nuisible pour les plantes qu'à l'état de chenille. Cette dernière s'attaque au bois et aux feuilles à tel point qu'elle laisse des jardins totalement ravagés et des sous-bois déforestés. L'infestation peut entraîner la mort du buis, car quand il n'y a plus de feuilles, les chenilles se mettent à ronger l'écorce. Cependant, lorsqu'elles s'en prennent à des buis sauvages, les conséquences deviennent plus graves. Le buis contribue en effet à la régulation de la température forestière, à la tenue des sols et abrite une importante diversité. Or, en les dévorant, les sols deviennent fragilisés ce qui peut provoquer des éboulements. De plus, les zones atteintes sont plus sensibles au départ de feux de forêts. En effet, le buis sec accroît le risque d'incendie. Quant à la pyrale sous sa forme de papillon, elle n'est pas dangereuse pour la nature mais n'en reste pas moins un problème. Les vols de papillons sont gênants pour les riverains et peuvent empêcher le bon fonctionnement de certaines installations. En voiture, ces nuées d'insectes sont dangereuses pour les conducteurs car elles gênent leur bonne visibilité. Étant attirée par la lumière, la pyrale du buis a tendance à vouloir rentrer dans les habitations. La pyrale du buis, peu importe sa forme, ne présente cependant pas de danger pour la santé. Elle n'est pas urticante et le contact physique avec l'insecte n'implique aucun risque.
Pourquoi est-il si difficile de s'en débarrasser ?
La première difficulté est de savoir si un buis est infecté ou pas car la pyrale commence à s'attaquer à l'intérieur. Or quand les effets deviennent visibles à l'extérieur il est souvent trop tard. Leur grande capacité de reproduction rend plus difficile la lutte et facilite leur extension. Une femelle pond en moyenne 800 œufs trois à quatre fois par an, ce qui permet à l'espèce de se développer très vite.
Quelles solutions existent ?
Il y a deux solutions principales, les insecticides et les pièges. Des traitements biologiques existent mais pour être efficaces ils doivent être appliqués quand les chenilles sont jeunes. Les pièges attirent les papillons à l'aide de phéromones.
Si la quantité d'arbustes infestés n'est pas trop grande il existe d'autres solutions. Il est par exemple possible de ramasser les chenilles à la main et de les détruire. Pour contrôler l'infestation, utiliser un jet d'eau puissant contre les buis permettra de détruire une partie des nids et des toiles et de déloger les chenilles.
La solution la plus efficace reste cependant d'attendre que la nature s'en charge et que les oiseaux deviennent des prédateurs pour les chenilles.
Plus d'informations sur :
http ://draaf. occitanie. agriculture.gouv.fr/La-pyrale-du-buis
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