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Billet de blog 30 août 2019

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Les trois projets du gouvernement qui menacent l’Amazonie française

Alors que l’Amazonie brésilienne s’embrase, la Guyane française projette de miner, brûler et noyer sa forêt primaire avec l’appui des services de l’État, de la Collectivité territoriale et aux bénéfices des incontournables multinationales de l’extractivisme et de l’énergie (par Maiouri Nature Guyane).

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

1 - Guyane, un territoire miné

Actuellement, les permis miniers délivrés ou en cours d’instruction par le gouvernement menacent plus de 360 000 hectares du territoire guyanais. Ce choix politique de la Collectivité Territoriale de prioriser la filière aurifère dans une si vaste ampleur, rend impossible le développement d’activités alternatives vertueuses et durables, incompatibles avec la destruction de la biodiversité : tourisme durable, recherche scientifique, agroforesterie, permaculture, pharmacologie, métiers du bois, etc...

Loin de renforcer le contrôle en matière de protection de la biodiversité, le gouvernement a encore récemment allégé les règles applicables à l'évaluation environnementale en Guyane. Le décret du 4 avril 2018 instaure des dérogations spécifiques au territoire. Les associations craignent une aggravation de la destruction de la nature aux profits des industriels et notamment des sociétés minières.

Références :

1 - La carte inédite des permis et concessions accordés en Guyane sur ce lien.

2- « Les groupes miniers préparent « la grande braderie » du territoire» sur ce lien.

3 - Les permis d’exploration minière menacent 3000 km2 de forêts sur ce lien.

4 – Résumé des menaces de la méga-industrie minière en Guyane sur ce lien

Illustration 1
l'urgence climatique gérée par le Conseil Régional de Guyane (actuel CTG) © Patochard Copyleft 2014

2 - Biomasse industrielle, la fausse énergie verte

Pendant que l'Amazonie s'embrase, la Guyane Française projette de brûler sa forêt primaire avec les subventions de l'Europe !

La Biomasse quand elle s'alimente de déchets de scierie et/ou agricoles, est une énergie verte. Mais quand elle est envisagée, industriellement, en prélevant sa ressource dans la forêt primaire, dissimulée derrière de fumeux projets d’agro-foresterie, il s’agit alors d’une grave atteinte à une ressource qui n’a pas encore été inventoriée en terme de biodiversité et de biens communs de l'humanité.
En outre, en Guyane, à eux seuls les déchets semblent loin de pouvoir répondre à la demande projetée de biomasse de bois ; l’objectif pourrait-il donc être de déforester des forêts anciennes pour satisfaire la future demande ?

La Collectivité Territoriale de Guyane (CTG) avec le soutien de l’Etat proposent un grand plan biomasse et agro-carburants (sous couvert de développer les énergies renouvelables) pour atteindre une autonomie énergétique à hauteur de 50% d'ici 2030.

Voir le livre blanc projet pour la Guyane

Extrait : “Le potentiel de développement des agro-carburants (biodiésel et bioéthanol) en Guyane est fortement limité par la réglementation européenne qui exclut la production sur déforestation. L’Etat devra accompagner la CTG dans la levée [de] ces contraintes au travers d’un plan d’action intégrant le REDD++ (réduction des émissions résultant du déboisement et de la dégradation des forêts).”

Le Président de la République a, pendant sa visite en Guyane en octobre 2017, rappelé son souhait d’accompagner le développement de la filière biomasse en Guyane. Dans cet objectif, il a annoncé réformer les instructions de la Commission de Régulation de l'Energie (CRE) et de Bercy afin que les instructions soient traitées de façon rapide.

La CTG est consciente qu'elle ne pourra pas déforester l'Amazonie avec les règles européennes actuelles qui protègent la forêt primaire. Du coup, elle entend plaider pour une exception guyanaise, sous le régime des régions ultra-périphériques (RUP), à l’article 26 la Directive européenne COM (2016)767 : comme elle l'explique de façon très succincte dans cette présentation.

Le président de la CTG a déclaré avoir de son côté le président Emmanuel Macron qui lui aurait promis d'accélérer la procédure.

Ces projets d’implantation de la biomasse doivent venir alimenter trois nouvelles centrales : à Sinnamary, à St-Georges-de-l’Oyapock et à Cacao.

Selon les projections de la Programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE), la biomasse devrait à terme générer 40 MegaWatt.

Ce grand projet de biomasse nécessite des coupes rases dans la forêt primaire guyanaise et permettre l’implantation de projets couplés avec des installations agricoles.

Illustration 2
biomasse Guyane

Extrait Rapport gisement biomasse en Guyane

Les prévisions de la Programmation Pluriannuelle de l’Energie (PPE) de réaliser 40 mégawatt de biomasse sont supérieures aux capacités de la Guyane, qui ne peut fournir actuellement les ressources nécessaires pour assurer cette production électrique. On peut donc s’interroger sur l’origine de l’approvisionnement de ces centrales dont l’une est située à la frontière brésilienne ? Le bois sera-t-il extrait des forêts primaires guyanaises ou sera-t-il fourni par une augmentation de la déforestation brésilienne, en contradiction avec les récentes critiques du Président Macron à l’encontre du Président Bolsonaro ?

Sur le terrain, certains projets industriels voient le jour, alléchés par des effets d'aubaine. Le projet MIA de la société Maillet Forestal, repose sur une demande de bail agricole de 10 700 ha et propose d’alimenter en bois les centrales en biomasse, grâce à la déforestation de la forêt couplée, entre autre, d’un projet de reboisement en Teck de Malaisie (Tectona grandis).

Côté bois d'œuvre, introduire du Teck sur 1000 hectares, une espèce étrangère que l'on a testé en Guyane que quelques années, alors que le pays possède 1700 espèces d’arbres, est une aberration écologique, et d'une témérité économique qui nous rappelle le Plan vert et l'échec de ses plantations de pins-caraïbes.

Côté "Bois énergie", déforester une forêt ancienne sur 2000 hectares pour y implanter des espèces à croissance rapide pour alimenter des centrales à biomasse augure d'un bilan carbone très négatif ? D'autant plus que la monoculture intensive d’arbres à des fins énergétiques ou pas, à un impact dévastateur (rendement dérisoire, consommation d’eau, intrant de pesticides, disparition de la biodiversité...)
Ce type de projet, d'une ampleur excessive au regard de notre territoire, nous fait craindre une opération de greenwashing, une "usine à gaz" destinée à acquérir du foncier ou attirer des fonds publics qui pourraient être utilisés vertueusement en développant les économies d'énergie et les moyens de produire de l'énergie décarbonée (solaire, éolien, petit hydro-électrique, biomasse sur déchets... ?

Références :

Biomasse industrielle et monoculture intensive d’arbres :
https://sites.google.com/site/maiourinature/biomasse_destruction_massive_biodiversite

Burned : Documentaire en streaming gratuit jusqu'en oct. 2019 (en anglais) :
https://www.linktv.org/shows/burned-are-trees-the-new-coal/episodes/burned-are-trees-the-new-coal


3 - Barrages hydro-électriques, un hydro-désastre à empêcher !

En Guyane, le bilan carbone accablant de 20 ans de production hydro-électrique sur le barrage de Petit Saut en Guyane, montre que ses rejets en gaz à effet de serre (GES) sont de très loin supérieurs à ceux de la vieille ce ntrale à fuel de Degrad-des-Cannes. Et ces rejets devraient persister durant 72 ans !

Illustration 3
Grand barrage amazonien et gaz à effet de serre (methane, protoxyde d'azote).

En cause, méthane et protoxyde d’azote, générés par l’immersion de surfaces de forêts primaires, grandes comme trois fois la ville de Paris qui hébergeaient une biomasse de 400 tonnes à l’hectare en moyenne ! Ces gaz à effet de Serre issus de la fermentation de matières organiques animales ou végétales, en l'absence d'oxygène, ont de plus des Potentiels de Réchauffement Globaux (PRG) énormes, respectivement de 25 et 298 (contre 1 pour le gaz carbonique).

Le retour de projet s’explique par les liens étroits qui existent entre l’installation d’un méga-barrage et la volonté d'un Etat à développer la méga-industrie minière, énergivore par excellence.

Ainsi, alors que le bilan carbone du premier barrage s’est révélé contraire aux objectifs de protection du climat et de la biodiversité, et considéré comme l’un des barrages les moins rentables au monde, selon le rapport surface/puissance la construction d’un second barrage est à l’étude en Guyane.

Dans une interview de Radio Peyi d’avril 2019, retrouvé sur la toile, on apprend avec stupeur que Robert Dardanne (ex-directeur Voltalia), s’exprimant en tant que Président du GENERG (Groupement des ENtreprises en Énergies Renouvelables de Guyane), trouve ce projet « tout à fait intéressant » et envisage une implantation géographique « sur les fleuves Mana ou Approuague ».

A l’heure de l’urgence climatique, ennoyer des dizaines de milliers d’hectares de forêts primaires, c’est accepter l’idée insensée de détruire des pans entiers de forêts primaires qui n’ont même pas été inventoriés en terme de biodiversité et de chimio-diversité, c’est accepter de voir disparaître une masse colossale de grumes valorisables par les 25 métiers de la filière bois, c’est voir s’effacer des terres agricoles potentielles, d'innombrables de parcelles-jardins…

Cette déclaration sur un second grand barrage, de la part d’une organisation dont on pouvait attendre un minimum de prise de conscience des changements climatiques, est particulièrement grave alors que l'on connaît désormais l’impact considérable des grands barrages amazoniens sur le climat, équivalent aux émissions de GES de l’industrie aéronautique mondiale.

Réécoutez l’intervention à la 6:13 mn de cet interview de Samir Mathieu (France-Guyane).

Références :

Le dossier complet « Bilan de 20 ans du grand barrage de Petit Saut » 2014 :
https://sites.google.com/site/maiourinature/actualites-2011/a-qui-profiterais-un-second-barrage

Second barrage en Guyane : un désastre écologique toujours en projet !
https://sites.google.com/site/maiourinature/renouvelable-insoutenable

La définition d’énergies renouvelables ne doit pas être attribuée à des ingénieries pour lesquels les terres et les écosystèmes que l’on détruit pour les produire ne sont pas “renouvelables".

Les déclarations du président Emmanuel Macron dénonçant les incendies au Brésil tombent à point nommé, reste qu’en Guyane française, le gouvernement est en train d’organiser une déforestation massive au service des industriels de l'énergie et des mines industrielles.

La Collectivité Territoriale de Guyane (CTG) et son président Rodolphe Alexandre, a vouloir s’obstiner à développer des projets sans avenir (pétrole, extractivisme, incinération de forêts anciennes…) se détourne, de fait, de son rôle qui consiste à soutenir les filières d’emplois d’avenir, durables et endogènes ; nous voulons parler de l’agriculture raisonnée, l’éco-tourisme, la valorisation des produits de la pêche, l’afro-foresterie, la pharmacologie, etc, des filières décrites dans notre publication : Le Top 25 des filières d’avenir pour la Guyane ! 

Par Maiouri Nature Guyane

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Illustration 4
Les trois projets du gouvernement qui menacent l’Amazonie française © maiouri nature guyane

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