Session de 2017, Forum de partenariat
matin & après-midi
ECOSOC/6821

Forum de partenariat de l’ECOSOC: à petite ou grande échelle, les partenariats public-privé sont cruciaux pour la réalisation du développement durable

Le Conseil économique et social (ECOSOC) a tenu, aujourd’hui, l’édition 2017 de son Forum de partenariat sur le thème « Partenariats pour promouvoir les opportunités, l’accroissement de la prospérité et du développement durable pour tous ». 

Cette journée de débats, qui était organisée autour d’un segment liminaire et de deux tables rondes, a été l’occasion pour les intervenants de confirmer le caractère crucial de ces alliances pour la réalisation de chacun des objectifs du Programme de développement durable à l’horizon 2030, dont le neuvième est d’ailleurs consacré aux partenariats.

« Si l’on veut réaliser le développement durable pour tous, il faut des partenariats stratégiques basés sur les principes de transparence et de responsabilité », a posé comme préalable à la discussion le Président de l’ECOSOC, M. Frederick Musiiwa Makamure Shava.

« Les partenariats sont nécessaires, par exemple, pour assurer un accès à l’eau potable aux 800 millions de personnes qui n’en ont pas, ou encore fournir de l’électricité à un prix abordable », a observé le Président de l’Assemblée générale, M. Peter Thomson.  Il a misé en particulier sur la Conférence sur les océans, prévue du 5 au 9 juin 2017, pour mettre en valeur des partenariats stratégiques pour appuyer la sauvegarde des océans. 

La Vice-Secrétaire générale de l’ONU, Mme Amina J. Mohammed, a quant à elle fait valoir qu’outre l’accès à l’eau et l’agriculture, les partenariats sont importants pour « la diffusion des connaissances et le partage des technologies », sans oublier leur rôle crucial pour renforcer les capacités des femmes.

Mme Mary Robinson, Présidente de la Mary Robinson Foundation-Climate Justice, s’est attardée de son côté sur les défis des changements climatiques, avertissant notamment que les gouvernements ne pourront pas réaliser les principes de l’Accord de Paris sans l’appui de la société civile.  

Les discussions de la première table ronde étaient consacrées à l’identification de partenariats novateurs dans le développement des infrastructures dans les pays les moins avancés (PMA), les pays en développement sans littoral et les petits États insulaires en développement (PEID). 

D’une manière générale, les experts et les délégations ont été d’accord pour dire que les partenariats public-privé fonctionnent bien pour les grands projets d’infrastructure, comme l’a fait remarquer Mme Marie-Jose Nadeau, ancienne Présidente du Conseil mondial de l’énergie.

Cela étant, un haut fonctionnaire de la Banque mondiale, M. Mahmoud Mohieldin, a toutefois constaté que le secteur privé ne voulait pas toujours se mobiliser lorsque les projets étaient trop importants, soit à cause d’un problème de capacités soit à cause de la règlementation.   

Chef de la Division des partenariats, de l’intégration régionale, des infrastructures et du commerce au Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), M. Symerre Grey-Johnson, a aussi fait état d’un problème de capacités, notant que les ministères concernés n’ont pas toujours les compétences techniques nécessaires pour la mise en œuvre des projets.  Vu la complexité des partenariats public-privé, il a recommandé de recruter des personnes compétentes au plan international.

« A-t-on les cadres règlementaires nécessaires?  Est-ce que le niveau d’endettement d’un État lui permet d’honorer ses paiements? »  Tels sont les défis à relever pour maximiser les partenariats public-privé selon M. Trevor Davies, Chef mondial des services d’assistance au développement international chez KPMG, qui a par ailleurs regretté un débat trop général.

La deuxième table ronde, qui portait sur les directives régissant les partenariats associés des Nations Unies, a été l’occasion, pour les intervenants, de réaffirmer la nécessité de faire preuve de souplesse et de favoriser les innovations pour adapter les partenariats aux nouveaux défis de terrain. 

M. Craig Mokhiber, Chef des questions économiques et sociales, à la Division du droit au développement du Bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, a également conseillé de mesurer la pertinence du produit final en le confrontant aux normes des droits de l’homme.  « Il ne faut pas que les gouvernements délèguent leurs responsabilités en matière de développement aux entreprises », a-t-il notamment affirmé.

Le représentant de l’Équateur, au nom du Groupe des 77 et de la Chine, a par ailleurs souhaité que les partenariats tiennent compte de la diversité des réalités de développement, tandis que les porte-parole de la Communauté des États d’Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) et des PMA ont souligné le caractère indispensable de l’aide publique en développement (APD) pour laquelle les États Membres ont une responsabilité.

Certes, mais « les gouvernements ne pourront réaliser les objectifs de développement durable sans la contribution du secteur privé et de la société civile », a argué Mme Louise Kantrow, Observatrice permanente de la Chambre de commerce internationale auprès des Nations Unies.  Un débat que le représentant du Bélarus a élargi en invitant à former des constellations de partenariats plus larges englobant par exemple les médias, les universités et les jeunes. 

Depuis 2008, le Forum de partenariat réunit des représentants des entreprises, des fondations, du système des Nations Unies, de la société civile, du monde universitaire, entre autres, pour s’engager avec les gouvernements sur les moyens de mobiliser des partenariats à l’appui des objectifs de développement convenus au niveau international. 

PARTENARIATS POUR PROMOUVOIR LES OPPORTUNITÉS, L’ACCROISSEMENT DE LA PROSPÉRITÉ ET DU DÉVELOPPEMENT DURABLE POUR TOUS

Déclarations liminaires

M. FREDERICK MUSIIWA MAKAMURE SHAVA (Zimbabwe), Président du Conseil économique et social (ECOSOC), s’est réjoui de la tenue d’une réunion qui rassemble tous les partenaires moteurs du développement, soulignant la nécessité de « conjuguer nos forces » pour parvenir au développement durable.  Il a également appelé à faire preuve d’une volonté politique suffisante pour faire face aux défis qui se posent en matière de développement, « des défis qui le plus souvent dépassent les frontières ».  Il a reconnu le rôle vital que jouent les infrastructures dans le développement économique et social des villes et des nations, souhaitant tirer parti de toutes les synergies possibles entre le secteur public et le secteur privé.  « Si l’on veut réaliser le développement  durable pour tous, il faut des partenariats stratégiques basés sur les principes de transparence et de responsabilité », a-t-il ajouté.  Il a aussi indiqué que les Nations Unies étaient convaincues,  depuis longtemps, de la nécessité d’entendre toutes les idées pertinentes, de tous les partenaires.  L’ECOSOC, qui est un forum adapté à cet échange, joue un rôle particulier à cet égard, a-t-il observé.

M. PETER THOMSON (Fidji), Président de la soixante et onzième session de l’Assemblée générale, qui revenait de Dakar où il a assisté à une réunion spéciale de l’ECOSOC sur « l’innovation pour le développement des infrastructures et une industrialisation durable », a fait part du message de cette réunion qui a engagé à aller au-delà des moyens traditionnels de mise en œuvre et à trouver des façons novatrices de parvenir au développement  durable en Afrique.  Il a plaidé en faveur de partenariats pour, par exemple, assurer un accès à l’eau potable aux 800 millions de personnes qui n’en ont pas, ou encore fournir de l’électricité à un prix abordable.  Les partenariats seront également utiles pour scolariser les 120 millions d’enfants qui ne vont pas à l’école.  M. Thomson a estimé nécessaire de faire appel à des ressources mixtes telles que les financements privés, l’aide publique au développement (APD) et les ressources  nationales. 

Le Président de l’Assemblée générale a encouragé les gouvernements à jouer leur rôle en établissant des cadres politiques et stratégiques favorables aux investissements.  Il faut, a-t-il ajouté, que les pays en développement, et notamment les pays en situation particulière, bénéficient d’une aide pour renforcer leurs capacités.  M. Thomson a annoncé la tenue d’autres réunions de haut niveau axées sur la mise en œuvre des objectifs de développement durable qui rassembleront les gouvernements, la société civile, les investisseurs et les innovateurs, dont une sur la paix durable et l’action climatique.  Une autre réunion aura pour thème le « laboratoire de financement » (18 avril), tandis que « l’innovation et la connectivité », puis « l’éducation », seront les thèmes de réunions devant se tenir les 17 mai et 28 juin prochains.  Il a indiqué que l’on attend aussi de la Conférence sur les océans, prévue du 5 au 9 juin, des partenariats stratégiques pouvant mener les actions nécessaires à la sauvegarde des océans.  Cette conférence sera d’ailleurs organisée autour de sept dialogues sur le partenariat.

« Rien n’est impossible quand nous travaillons en partenariat », a déclaré Mme AMINA J. MOHAMMED, Vice-Secrétaire générale de l’ONU, en soulignant l’importance des partenariats pour diffuser des connaissances, partager des technologies et trouver les financements nécessaires à nos ambitions en matière de développement.  Elle a tout particulièrement souligné la pertinence des efforts de partenariat à long terme dans les domaines de l’assainissement, l’accès à l’eau et l’agriculture.  Elle a aussi expliqué que c’est l’orientation des investissements actuels qui déterminera les succès à venir en matière de développement.  La Vice-Secrétaire générale a par ailleurs appelé à tenir compte du fait que la majorité de la population mondiale vit en zone urbaine.  Elle a aussi dit l’importance que revêtent les partenariats pour renforcer les capacités des femmes et des pays en développement, pour ensuite appeler à revoir et adapter les stratégies de partenariat aux nouveaux enjeux.

Mme MARY ROBINSON, Présidente de la Mary Robinson Foundation-Climate Justice, a déclaré qu’aucun pays ne peut, à lui seul, protéger sa population contre les effets des changements climatiques.  C’est pourquoi l’ancienne Présidente de l’Irlande a appelé à mettre au point un nouveau paradigme et modèle de coopération pour lever les obstacles qui entravent les efforts de la communauté internationale.  « L’esprit de coopération semble être mis en péril alors que les vagues de populismes menacent », s’est-elle notamment inquiétée.  Mme Robinson a estimé que les partenariats doivent aussi permettre de trouver des solutions locales aux problèmes locaux.  Elle a aussi souligné les dangers, pour notre planète, d’une économie dépendant essentiellement des énergies fossiles, déclarant notamment qu’« investir dans une mine de charbon aujourd’hui c’est condamner notre avenir ».  Mme Robinson a en outre exhorté le secteur privé à appuyer les objectifs de développement durable en respectant le droit du travail et les droits environnementaux.  Elle a par ailleurs souligné que les gouvernements ne pourront pas réaliser les objectifs de développement durable et les principes de l’Accord de Paris sur les changements climatiques sans l’appui de la société civile.  Elle a aussi appelé à définir « un nouveau terrain moral » pour faire face aux défis en matière de changement climatique.  

Table ronde 1 sur le thème « Des partenariats novateurs pour une infrastructure résiliente, y compris dans les pays en situation particulière »

Dans quelles circonstances un partenariat public-privé peut-il être le plus efficace et quel secteur en bénéficie le plus? Comment tenir compte de la problématique homme-femme dans ce débat? Comment combler le déficit de financement des infrastructures?  Ce sont des questions que le modérateur de la discussion, M. RAJESH MIRCHANDANI, Vice-Président de la communication et de la sensibilisation au Centre for Global Development, a posées aux panelistes pour lancer la discussion.

Mme MOIRA FEIL, Coordonnatrice des politiques au G-20 et au Ministère fédéral allemand du développement économique et de la coopération (BMZ), a rappelé que le G20 est lui-même un partenariat.  Le G20, a-t-elle précisé, c’est deux tiers de la population mondiale, quatre-cinquième du PIB, trois-quarts des échanges mondiaux et 80% des émissions de gaz à effet de serre.  Elle a parlé d’un groupe de travail du G20 mis place en 2010 à ce sujet et mis l’accent sur le principe de la mutualisation des risques au sein de ce partenariat, avant de souligner l’importance de la transparence entre ses membres.  Le G20 a un rôle à jouer pour contribuer à combler les lacunes en matière d’investissement, a-t-elle expliqué.  Elle a aussi mentionné un partenariat avec l’Afrique mis en place l’an dernier par son pays.

Justement, M. SYMERRE GREY-JOHNSON, Chef de la Division des partenariats, de l’intégration régionale, des infrastructures et du commerce au Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), a fait part du succès de plusieurs partenariats menés en Afrique.  Il a toutefois indiqué que ce sont les partenariats régionaux qui ont enregistré le moins de succès, parlant des 433 projets entrepris d’ici à 2020. Il a d’ailleurs relevé que pas un seul de ces projets n’est exécuté par un partenariat public-privé, en raison de la nécessité de mettre en œuvre des projets de transport routier ou ferroviaire transfrontière qui nécessitent des garanties importantes.  Le vrai problème est le manque de préparation de ces projets, a-t-il tiré comme conclusion de cette expérience. Il a d’ailleurs fait remarquer que ce n’est pas l’argent qui manque, constatant que seuls les projets bien conçus et bien préparés motivent les partenaires. 

Mme MARIE-JOSE NADEAU, ancienne Présidente du Conseil mondial de l’énergie, un organe créé en 1933 qui regroupe 100 pays, a souligné à son tour les aspects très spécifiques qui caractérisent les partenariats public-privé.  Ceux-ci fonctionnent bien pour les grands projets d’infrastructure, a-t-elle remarqué, car les partenaires peuvent espérer en tirer des bénéfices.  Elle a aussi observé que ces partenariats sont mis en œuvre le plus efficacement là où l’état de droit prévaut et où les projets sont réalisables d’un point de vue financier.  Leur réussite dépend aussi de la disponibilité de capacités suffisantes pour les mettre en œuvre, a-t-elle ajouté, en notant à cet égard l’importance des formations.

M. ZHAO HUXIANG, Président d’International Federation of Freight Forwarders Associations (FIATA), la plus grande ONG dans le domaine des transports, Vice-Président de China Merchants Group et Président du Conseil d’administration de SINOTRANS, a parlé des investissements considérables consacrés aux pays émergeants, sa propre société ayant consenti des investissements majeurs dans ces pays.  Faisant écho aux propos de l’ancienne Présidente du Conseil mondial de l’énergie, il a lui aussi indiqué que les partenariats public-privé sont particulièrement importants pour les projets d’infrastructures.  Il faut néanmoins que les mécanismes d’appui soient de qualité pour mener à bien les projets d’infrastructures.

« Dans les partenariats public-privé, on apprend les uns des autres », a poursuivi Mme CHERYL MARTIN, Chef du Département des industries, membre du Conseil d’administration du Forum économique mondial et ancienne Directrice de Rohm and Haas, en parlant de « cercle vertueux ».  Elle a invité à examiner ces partenariats en s’interrogeant sur leurs incidences positives pour les femmes, l’éducation, les droits et le développement  des compétences.  Un certain nombre de projets de l’OCDE sont mis en œuvre dans le secteur de l’énergie, a-t-elle témoigné.

« On utilise deux perspectives pour aborder les partenariats public-privé », a fait observer à son tour M. MAHMOUD MOHIELDIN, Vice-Président principal à la Banque mondiale pour le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et les relations et partenariats avec les Nations Unies, parlant de l’approche étroite, qui a trait aux investissements nécessaires, et de celle, plus large, qui examine les modalités de ces investissements.  L’approche « étroite » ne l’est pas tant que ça si l’on considère la quantité importante d’argent qu’il faut pour financer les infrastructures, a-t-il dit en conseillant d’exploiter les capacités des marchés du secteur privé.  Sur la question de la problématique homme-femme, il a mentionné l’existence de codes et de règles sur les questions sexospécifiques et pour lutter contre les violences faites aux femmes et aux filles.  En améliorant les infrastructures et la sécurité des transports, on augmente aussi les chances d’accès des femmes aux infrastructures, a-t-il ajouté.  Interrogé sur les partenariats menés par la Banque mondiale, il a indiqué qu’elle travaille actuellement sur 20 projets.

Le modérateur de la table ronde a ensuite fait réagir les intervenants sur le problème des « projets mal préparés ».  L’expert du NEPAD a reconnu qu’il y avait un problème de capacités, notant que les ministères des pays africains n’ont pas toujours les compétences techniques nécessaires pour la mise en œuvre des projets.  Vu la complexité des partenariats public-privé, il a recommandé de recruter des personnes compétentes au plan international.

Une autre solution est d’autonomiser le personnel local, comme en a témoigné le Président de FIATA qui a parlé d’un programme de formation des formateurs que le FIATA a mis en place.  La représentante du Conseil mondial de l’énergie a, quant à elle, cité en exemple le lancement récent d’une académie qui vise à motiver les professionnels du secteur de l’énergie, et qui travaille en partenariat avec des universités d’Amérique du Sud.  En outre, le Conseil a mis au point un indice qui permet d’évaluer les besoins des pays et d’identifier les mesures à prendre pour augmenter leurs capacités.  Pour elle, les compétences les plus utiles sont celles qui ont trait aux marchés, aux cadres règlementaires et aux aspects techniques. 

L’experte du G20 a voulu partager son expérience acquise avec le partenariat africain du G20, qui compte trois éléments, dont l’un est lié aux infrastructures du secteur de l’énergie.  Elle a mentionné une initiative lancée récemment par le G20 dont l’objectif est de faciliter la coopération entre les institutions financières internationales et les partenaires africains.

Un autre problème se pose lorsque le secteur privé ne veut pas se mobiliser parce que les projets sont trop importants, a ensuite remarqué le représentant de la Banque mondiale.  Lorsque le secteur privé ne s’engage pas sur un projet, « il faut se demander si c’est un problème de capacités ou un problème de règlementation », a-t-il dit.

De son côté, le Président de FIATA a expliqué avoir mené des études de faisabilité sur la façon dont le secteur public peut travailler avec le secteur privé.  « On a constaté, dans certains pays, que le premier est souvent plus optimiste que le deuxième. »  La confiance est cruciale dans ces partenariats, a remarqué pour sa part l’expert de la Banque mondiale.

« Ce qui m’a frappé aujourd’hui, c’est que le débat est très général », a résumé M. TREVOR DAVIES, Chef mondial des services d’assistance au développement international chez KPMG, en tirant les enseignements de la discussion.  Il aurait aimé entendre plus d’idées pour les pays en situation particulière.  Pour faire face à la croissance démographique de l’Afrique, il a notamment prévenu qu’il faudrait construire, au cours des prochaines années, 140 villes de la taille de New York dans l’ensemble du continent.  Il a donc appelé à maximiser les partenariats public-privé pour parvenir à réaliser tous les objectifs de développement durable, en relevant les défis suivants: « a-t-on les cadres règlementaires nécessaires? Est-ce que le niveau d’endettement d’un État lui permet d’honorer ses paiements? »  Il n’en a pas moins noté le travail important réalisé avec le continent africain « où l’on peut conclure beaucoup d’affaires intéressantes ».  

Étonné lui aussi par la teneur du débat, qui a porté essentiellement sur les grands investissements dans les grandes infrastructures, M. ELLIOTT HARRIS, Directeur du Bureau du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) à New York, a expliqué que cela n’était pas représentatif de la réalité des pays en développement.  « Les projets d’infrastructures ne sont pas tous des projets à grande échelle, a-t-il relevé, surtout dans les petites économies dont nous parlons. »  Il a donné des exemples d’investissements à petite échelle qui permettent d’atteindre des objectifs de développement, comme cela a été le cas au Bangladesh pour améliorer l’accès à l’énergie. 

« Capacité, confiance et réduction des risques », a résumé le représentant  du Japon, pays qui accueille les réunions de la Conférence internationale de Tokyo pour le développement de l’Afrique.  Son collègue de l’Afrique du Sud a demandé, en particulier, de respecter le rôle des gouvernements nationaux dans la mise en œuvre des partenariats public-privé sur leurs territoires.  La coopération Sud-Sud ne doit intervenir que pour compléter la coopération Nord-Sud, a-t-il tenu à préciser.  En ce qui concerne la Chine, son représentant a mentionné la coopération bien établie entre l’Asie et l’Afrique.

La représentante de la Zambie a attiré l’attention sur l’insuffisance des infrastructures des pays sans littoral qui se heurtent à de grands problèmes de développement, tandis que ses collègues des Maldives, au nom de l’Alliance des petits États insulaires (AOSIS), et de Nauru, au nom des petits États insulaires en développement du Pacifique, ont souligné des problèmes similaires pour les PEID et prévenu des besoins importants en matière de financement.

Comment adopter une approche équilibrée vraiment efficace dans la promotion des partenariats? a demandé le représentant du Maroc.  La déléguée des Émirats arabes unis a expliqué avoir revu son approche car, après s’être concentré sur le matériel, son pays a compris qui fallait investir aussi dans l’augmentation des capacités.  Pour la représentante de la République de Corée, il faut avant tout créer un environnement favorable aux partenariats, en garantissant la transparence des données.

Enfin, la représentante de l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (OMPI) a annoncé une réunion sur le thème « Innover pour l’eau » qui se tiendra en juin 2017, à Genève.  De son côté, la représentante de l’Union internationale des transports routiers a vanté les mérites d’un partenariat mondial dans les transports, mais regretté qu’il n’y ait pas encore de définition du « financement vert » alors qu’il faudrait réguler les marchés selon des normes écologiques.

Table ronde 2 sur le thème « Les principes et les directives régissant les partenariats associés des Nations Unies »

Cette deuxième table ronde du Forum de partenariat a été l’occasion, pour les participants, d’entendre de nombreuses interventions sur la nécessité de faire preuve de souplesse et d’innovation pour adapter les partenariats, leurs principes et directives, aux nouveaux défis rencontrés sur le terrain, dont la réalisation des 17 objectifs de développement durable

« Les incidences positives sur les êtres humains sont les principaux critères pour choisir un partenariat », a expliqué M. CRAIG MOKHIBER, Chef des questions économiques et sociales, à la Division du droit au développement du Bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme.  Ce dernier a aussi souligné la nécessité de mesurer la pertinence du produit final en le confrontant aux normes des droits de l’homme. 

De son côté, le modérateur, M. GAVIN POWER, Directeur adjoint du Pacte mondial des Nations Unies, a jugé indispensable que les partenaires de l’ONU respecte les 10 principes des Nations Unies en matière de droits de l’homme, de droit du travail et droit de l’environnement.  « Toutes les opportunités d’établir des partenariats ne doivent pas nous faire oublier la responsabilité des États Membres en matière d’aide publique au développement (APD)», ont dit les représentants d’El Salvador, au nom de la Communauté des États d’Amérique latine et des caraïbes (CELAC) et du Bangladesh, au nom des pays les moins avancés (PMA).  Les représentants du CELAC et des PMA ont appelé à se pencher sur la transparence, la cohérence, l’appropriation et la supervision gouvernementale, ainsi que sur les retombées, le suivi et la reddition des comptes.  « Il ne faut pas que les gouvernements délèguent leurs responsabilités en matière de développement aux entreprises », a, pour sa part, insisté le représentant du Haut-Commissariat des droits de l’homme

Plusieurs intervenants ont relevé le rôle déterminant du Conseil économique et social des Nations Unies (ECOSOC) en matière de coordination des différents partenariats et invité le Département des affaires économiques et sociales (DAES) à se livrer à une cartographie des partenariats en cours.

Illustrant la démarche de son organisation, M. VINICIUS CARVALHO PINHEIRO, Représentant spécial de l’Organisation internationale du Travail (OIT), a expliqué que l’OIT a révisé les principes de son partenariat pour s’adapter aux nouveaux objectifs de développement durable.  Nous sommes en train de mettre en place notre nouvelle stratégie pour mieux travailler avec la société civile et le secteur privé, a expliqué, de son côté, M. OLAV KJÖRVEN, Directeur des partenariats publics au Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).  Ce dernier a notamment indiqué que 15 000 enfants avaient soumis leurs commentaires pour guider la mise à jour des principes et directives régissant les partenariats associés à l’UNICEF

M. GEOFFREY HAMILTON, Chef du Programme PPP à la Commission économique pour l’Europe (CEE), a expliqué qu’il était indispensable que les partenariats public-privé gardent l’être humain au cœur de leur démarche pour s’aligner sur les objectifs de développement durable.  Il a dit la nécessité de convaincre les acteurs du secteur privé au bien-fondé des objectifs de développement durable.

« Nous avons révisé nos orientations ces deux dernières année afin d’adapter nos propres directives », a déclaré, quant à elle, Mme NANCY ABURI, Chef du développement des partenariats au Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), avant de souligner la nécessité d’un nouveau type de partenariat qui ne se limite pas seulement à des levées de fonds ou actions philanthropiques

Réagissant aux commentaires des intervenants, Mme LOUISE KANTROW, Observatrice permanente de la Chambre de commerce internationale auprès des Nations Unis à New York, a rappelé que les gouvernements ne pourront réaliser les objectifs de développement durable sans la contribution du secteur privé et de la société civile avant d’appeler à faire coïncider les orientations des entreprises et celles de l’ONU en matière de partenariats.  « Nos rapports sur les partenariats sont un guide pour les entreprises et l’ONU », a renchéri M. PIETRO BERTAZZI, Directeur adjoint des affaires politiques et mondiales de l’Initiative mondiale sur les rapports de performance (GRI).  Il a appelé à faire preuve de souplesse et d’innovation pour trouver de nouveaux modèles de partenariats. 

Au nom du Groupe des 77 et de la Chine, le représentant de l’Équateur a souhaité que les partenariats tiennent compte des spécificités et priorités nationales, dont, notamment, la diversité des réalités de développement.  Il a invité le Département des affaires économiques et sociales (DAES) à se livrer à une cartographie des partenariats en cours.  « Les initiatives Sud-Sud sont souvent parmi les plus innovantes », a souligné le représentant de la Commission économique pour l’Europe (CEE)

« Si les gouvernements, le secteur privé et la société civile constitue le noyau du partenariat », le représentant du Bélarus a appelé à former des constellations de partenariats plus larges englobant par exemple les medias, les universités et les jeunes.  Celui du Tadjikistan a dit l’importance du « fonds vert » pour aider les PMA et les PEID à faire face à leurs défis en matière d’infrastructures.   

Au nom de la CARICOM, la représentante de la Grenade a appelé à aller au-delà des actes pour permettre une réelle coordination avec les initiatives nouvelles en matière d’infrastructures.  Celle de la République dominicaine a exhorté les organisations de l’ONU à ne plus travailler avec les entreprises qui ont été rayées de la liste du Pacte mondial.  M. FELIX DODDS, chercheur et consultant en développement durable, a souligné la pertinence de la recommandation en notant que 6 000 entreprises ont été radiées pour ne pas avoir respectées les normes du pacte mondial en matière de droit du travail, droit de l’environnement ou droits de l’homme.  Le problème n’est pas seulement la confiance, a-t-il affirmé.

Remarques de clôture

Dans ses remarques de clôture, le Président de l’ECOSOC s’est félicité de ces échanges qui ont permis de souligner l’importance cruciale des partenariats afin de mettre en œuvre les objectifs de développement durable.  

 

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