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ARTICLE 06 novembre 2017

Un petit État insulaire en première ligne pour mobiliser la planète en faveur de l’action climatique


LES POINTS MARQUANTS

  • Organisée sous la présidence des Fidji, la 23e Conférence des parties (COP) de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques entrera dans l’histoire comme étant la première COP des petits États insulaires. Les négociations se tiendront du 6 au 17 novembre à Bonn.
  • Afin de soutenir les ambitions de l’accord de Paris, le Groupe de la Banque mondiale intensifie l’action autour de thèmes clés : mobiliser les financements climatiques et aider les pays vulnérables à renforcer leur résilience aux conséquences du changement climatique, notamment.
  • Pour le Groupe de la Banque mondiale, la COP23 est une occasion importante de collaborer avec les pays en développement, le secteur privé, les partenaires et les décideurs afin de trouver des solutions aux obstacles qui entravent la mobilisation d’investissements publics et privés massifs dans l’action climatique.

Cette année, les phénomènes climatiques catastrophiques se sont enchaînés. Les pluies diluviennes qui se sont abattues sur l’Asie du Sud ont entraîné des inondations qui ont touché plus de 41 millions de personnes et ont fait au moins 1 200 morts. Des ouragans d’une violence inédite ont emporté des vies et détruit des infrastructures dans plusieurs États insulaires des Caraïbes, ainsi que dans des villes et grandes agglomérations du Sud des États-Unis. La sécheresse qui a frappé l’Afrique menace de famine 20 millions de personnes en Somalie, au Soudan du Sud, au Nigéria et au Yémen. Et, de l’Asie de l’Est-Pacifique à l’Afrique du Nord, le stress thermique causé par des températures océaniques bien trop élevées a provoqué, pour la troisième année consécutive, un blanchissement inquiétant des récifs coralliens (a).

Tous ces événements qui frappent la planète envoient le même avertissement :. À l’occasion de la Conférence de l'ONU sur les changements climatiques, qui aura lieu cette année à Bonn, en Allemagne, l'appel à l'action a trouvé un porte-parole idéal : les Îles Fidji (a), qui resteront dans l’histoire comme étant le premier petit État insulaire à assurer la présidence de la COP et à organiser les négociations.

Depuis la signature de l’accord de Paris en 2015, de nombreux progrès ont été réalisés pour accélérer l’action climatique à l’échelle mondiale. Selon l’Agence internationale de l’énergie (a), en 2016, le volume mondial d'émissions de dioxyde de carbone liées à l'énergie est resté stable pour la troisième année consécutive, malgré la croissance économique mondiale, ce qui atteste de la poursuite du découplage entre les émissions et l’activité économique. Les marchés mondiaux subissent une profonde transformation tirée par les énergies renouvelables, sous l’effet de la chute rapide des coûts du solaire et de l’éolien (a), les technologies de stockage parvenant de mieux en mieux à équilibrer l’offre et la demande. Et la tarification du carbone se généralise : à l’heure actuelle, une quarantaine de pays et 25 collectivités territoriales ont déjà donné un prix au carbone.

Mobiliser les financements en faveur de l’action climatique

La réalisation des engagements de l’accord de Paris exige cependant d’agir vite et de procéder rapidement à des investissements d’une ampleur sans précédent (a). C’est la raison pour laquelle la nécessité de à l’occasion de la COP23. De fait, les capitaux privés ne manquent pas, mais les placements procurent souvent des taux de rémunération peu élevés, quand ils ne sont pas négatifs. Ces capitaux ne vont pas toujours vers les investissements climatiques qui en ont le plus besoin, en raison notamment de problèmes de politique générale et de l’absence d’instruments qui, à l’instar des garanties, pourraient permettre de réduire les risques.

C’est pour capter ces capitaux que le Groupe de la Banque mondiale a récemment lancé l’initiative Invest4Climate en collaboration avec l’ONU. Avec cette nouvelle plateforme, il s’agit de rassembler des gouvernements, des institutions financières, des investisseurs privés, des organisations caritatives et des banques multilatérales afin de soutenir des investissements pour le climat porteurs de transformations dans les pays en développement.

Pour lever des fonds sur les marchés financiers, le Groupe de la Banque mondiale promeut aussi le recours aux « obligations vertes ». Via la Banque mondiale et la Société financière internationale (IFC), il a joué un rôle de premier plan dans l’essor de ce marché en émettant au total 15 milliards de dollars de titres verts depuis 2008, qui permettent de financer des investissements dans la lutte contre le changement climatique aux quatre coins du monde. La Banque mondiale et IFC s’attachent aussi à soutenir le développement des obligations vertes en favorisant la diffusion des bonnes pratiques en matière de normes et de notification et en collaborant avec les pays pour encadrer et réglementer les émissions d’obligations vertes par le secteur public mais aussi par le secteur privé. Le mois dernier, avec le concours du gouvernement australien et du Groupe de la Banque mondiale, la République des Fidji est devenu le premier marché émergent émetteur d’une obligation verte (a) : le pays est ainsi parvenu à lever l’équivalent de 50 millions de dollars en faveur de l’atténuation du changement climatique et de l’adaptation.

Le Groupe de la Banque mondiale soutient par ailleurs activement ce qui constitue l’un des volets essentiels de l’accord de Paris, à savoir les « contributions déterminées au niveau national » (CDN), par lesquelles chaque pays signataire s’est engagé à prendre un certain nombre de mesures pour réduire ses émissions et renforcer sa résilience aux effets du changement climatique. Le Groupe de la Banque mondiale finance ainsi, dans 77 pays, quelque 300 initiatives liées à la mise en œuvre des CDN, par le biais de projets d’investissement dans les secteurs de l’énergie, de l’agriculture et du transport. De plus, dans le cadre du mécanisme d’appui au Partenariat pour la mise en œuvre des contributions déterminées au niveau national (a) lancé au Maroc en 2016 lors de la COP22, plus de 8 millions de dollars ont déjà été alloués à un groupe de 23 pays afin de financer des activités d’assistance technique, de renforcement des capacités et de développement de projets.

Enfin, par le biais de la CAPE, une initiative destinée à l’apprentissage entre pairs, au partage du savoir et à l’échange de conseils, les ministères des finances de pays en développement s’emploient à traiter ensemble des aspects budgétaires liés à la mise en œuvre des CDN. Treize ministres étaient ainsi réunis récemment à Shanghai pour un atelier consacré aux taxes carbone, à l’application des modèles d’évaluation du risque budgétaire et à la mise en place de systèmes de budgétisation pour la lutte contre le changement climatique.



Protéger les plus vulnérables


Dans la perspective de la COP23, le Premier ministre des Fidji Voreqe Bainimarama a souligné combien il était important de faire entendre la situation des îles du Pacifique (a), et plus généralement des petits États insulaires en développement et des zones côtières de faible élévation, qui sont particulièrement vulnérables à la montée du niveau de la mer et à la fréquence accrue de conditions météorologiques extrêmes. Dans le sillage des deux ouragans violents qui se sont abattus sur les Antilles au mois de septembre dernier, le mécanisme d’assurance contre les risques de catastrophes dans les Caraïbes (a), qui a été mis en place sous l’égide technique de la Banque mondiale, a versé des dédommagements rapides à dix pays, pour un montant total de 55 millions de dollars.

Un pays doit également s’assurer, avant qu’une catastrophe ne le frappe, qu’il aura accès à des ressources financières. C’est ce que permettent les fonds d’urgence, les mécanismes d’assurance et les lignes de crédit conditionnelles, comme par exemple l’option de tirage différé en cas de catastrophe (Cat DDO). Au mois de septembre, la République dominicaine a bénéficié d’un prêt de la Banque mondiale de 150 millions de dollars assorti de cette option, ce qui lui permet de bénéficier d’une aide d’urgence en cas de catastrophe naturelle.

La prévention des catastrophes et le renforcement de la résilience face aux conséquences des dérèglements du climat, en particulier dans les pays les plus vulnérables, occupent une place centrale dans le Plan d’action sur le changement climatique du Groupe de la Banque mondiale, dont les objectifs ambitieux prévoient notamment de : mettre en place des systèmes d’alerte précoce et de diffusion des informations hydrométéorologiques au profit de 100 millions de personnes ; développer des plans d’investissement dans l’agriculture climato-intelligente dans au moins 40 pays ; étendre les dispositifs de protection sociale évolutives à 50 millions de pauvres supplémentaires d’ici 2020 ; multiplier par quatre les financements alloués aux transports climato-résilients, et expérimenter de nouvelles approches de développement urbain résilient dans 15 villes.

Le programme « Hydromet » en Afrique fournit un bon exemple des efforts entrepris dans ce domaine : avec un investissement total de 600 millions de dollars, il va permettre de moderniser les services hydrométéorologiques et d’améliorer les systèmes d’alerte précoce et d’intervention dans 15 pays. Au cours des huit prochaines années, ce programme qui réunit plusieurs partenaires devrait bénéficier à 100 millions d’habitants.

De même, le projet d’investissement pour la résilience du littoral ouest-africain, actuellement en préparation, est conçu pour lutter contre l’élévation du niveau de la mer et l’érosion côtière dans une région gravement menacée par ces phénomènes. Mis en place à la demande de pays soucieux d’accéder à des solutions et des financements qui leur permettent de préserver des actifs économiques et sociaux aujourd’hui en péril, ce projet leur apportera une aide technique et des ressources financières en appui à une gestion durable des zones côtières.



Au cours de l'exercice 2017, le Groupe de la Banque mondiale a consacré plus de 12 milliards de dollars au financement de projets portant sur le changement climatique.
Voici un aperçu des résultats obtenus.

Énergies propres :

Villes :

  • Au Viet Namla Banque mondiale a aidé la ville de Can Tho à devenir moins tributaire du climat et à promouvoir l'urbanisation et la création de corridors de transport durables. Un investissement 250 millions de dollars et une contribution supplémentaire de 10 millions de dollars de l'Agence suisse de développement (SECO) répartis dans six secteurs de développement permettront d'accroître le potentiel d'adaptation physique, financier et social de la ville aux évènements défavorables. Une des activités prévues consiste à combiner un axe de transport et un remblai, ce qui procurera de multiples avantages tels que la réduction du déplacement d'eau et des crues dans le delta du Mékong.

Transports :

  • En Tanzanie, grâce à l'aide de la Banque mondiale, la ville de Dar-es-Salaam a lancé le projet de transport rapide (DART), le premier véritable réseau de liaisons rapides par autobus d'Afrique de l'Est. La disparition des « daladalas », minibus gérés par des particuliers qui utilisaient cet axe de transport, contribue à réduire sensiblement les émissions polluantes. Le projet comprend également l'aménagement de pistes cyclables et de sentiers pédestres, ainsi que des passages pour piétons ; il épargnera à l'économie tanzanienne des milliards de shillings perdus quotidiennement à cause des embouteillages, tout permettant à au moins 300 000 personnes de se déplacer plus aisément.

Eau :

Forêts :

  • En Chine, le projet de reboisement écologique du Shandong (a) a permis de reboiser 66 915 hectares de terrains montagneux arides et de zones côtières salines, pour accroître le couvert forestier, ralentir l'érosion des sols et améliorer l'environnement et la biodiversité. Le projet a permis de piéger l'équivalent de 12 millions de tonnes de CO2 au cours de ses six années d'exécution.

Agriculture climato-intelligente :

  • En Uruguay, le projet de gestion durable des ressources naturelles et de lutte contre le changement climatique (a) appuie l'intensification durable de l’agriculture par le biais d'un certain nombre d'initiatives, y compris la mise en place d'un système d'information et d'aide à la décision et la préparation de plans de gestion des sols. Depuis 2014, des pratiques d’agriculture climato-intelligente ont été appliquées sur 2 946 000 hectares, offrant un potentiel de piégeage du carbone atteignant jusqu'à 9 millions de tonnes de CO2 par année.
  • Au Niger, le projet d'appui à l'agriculture climato-intelligente bénéficiera à 500 000 agriculteurs et agropasteurs dans 44 communes. Il contribuera à développer la distribution et l'utilisation de semences améliorées et résistantes à la sécheresse, et à accroître le nombre d'agriculteurs recourant à l'irrigation.

Tarification du carbone :

  • Organisée par la Coalition des leaders de la tarification du carbone (a) lors de la COP 22, avec l'appui de la France et du Groupe de la Banque mondiale, la Commission de haut niveau sur les prix du carbone (a) a réuni 13 économistes de premier plan dans le but de définir la fourchette des prix du carbone qui permettrait d'atteindre l'objectif principal de l'accord de Paris : limiter le réchauffement planétaire à 2 degrés Celsius. La commission, dirigée par Joseph E. Stiglitz, lauréat du prix Nobel, et par Lord Nicholas Stern, a conclu qu'un prix fixé à 40-80 dollars par tonne d’équivalent CO2 d'ici 2020, suivi d'une augmentation à 50-100 dollars par tonne d'ici 2030, conjugué à des politiques appropriées, permettrait d'atteindre l'objectif de Paris.
  • Au Mexiquele Partenariat pour la préparation au marché du carbone (PRM) (a), qui aide les pays à évaluer, préparer et mettre en application des instruments de fixation des prix du carbone pour promouvoir la réduction des émissions de gaz à effet de serre, aidera le pays à lancer l'an prochain un système d’échange de quotas d’émission. Le partenariat appui une simulation du système avec la collaboration volontaire de 94 entreprises, représentant 67 % du total des émissions mexicaines.
  • En octobre dernier, le Chili a achevé un projet de PMR incluant des activités qui ont grandement contribué à la mise en place de sa taxe carbone. Le programme visait entre autres à analyser l'impact du régime de taxation du carbone actuellement en vigueur dans le bouquet énergétique du pays, à examiner comment ce régime pourrait évoluer, ou être renforcé ou complété ; à former plus de 650 représentants des secteurs public et privé à l'utilisation des instruments de fixation des prix du carbone aux fins de la mesure, de la notification et de la vérification (MRV).
  • Cette année, la Banque mondiale a contribué à la collecte d'informations sur la tarification du carbone en lançant deux plateformes interactives : le Carbon Pricing Dashboard (a), un outil permettant d'accéder en ligne aux données les plus récentes sur la tarification du carbone, et le protocole d'évaluation des mesures d'atténuation (a), un outil en ligne pour la mise en place d'un cadre transparent et indépendant qui aidera les autorités publiques, les concepteurs de projets, les investisseurs et d'autres parties prenantes pertinentes à élaborer, évaluer et comparer les risques relatifs et l'efficacité des efforts d'atténuation des émissions de GES déployés à travers le monde.

Actions de sensibilisation :

  • Enseignement créatif, formation ciblée, mobilisation du public, communication multimédia : le programme Connect4Climate (a) s’adresse aux jeunes du monde entier en valorisant la lutte contre le changement climatique et en en faisant une source d’opportunités pour les jeunes générations. Prenez part à la campagne #Uniting4Climate campaign (a), lancée à l’occasion de la COP23 afin de soutenir la présidence fidjienne et l’Allemagne, pays hôte, et de militer pour une unité mondiale en faveur de l’action pour le climat. 


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