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SE4ALL : « La conférence COP 21 est cruciale pour le continent »

  • Date de création: 10 mai 2015 04:53

(Agence Ecofin) - Lancée par Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations Unies, en septembre 2012, l’initiative SE4ALL (Sustainable energy for all) s’est fixée pour objectif d’ici 2030 de fournir un accès à l'énergie pour tous, de doubler l’efficacité énergétique ainsi que de doubler la part des énergies renouvelables dans le bouquet énergétique mondial pour la porter à 30%. La plateforme africaine de SE4ALL est hébergée par la Banque africaine de développement. Son coordinateur, Daniel-Alexander Schroth, fait le bilan des actions déjà menées et définit ses prochains objectifs, notamment dans la perspective de COP 21.

Energies Africaines : Quel est le bilan de la plateforme africaine de SE4ALL depuis son lancement en 2013 ?

Daniel-Alexander Schroth : Aujourd’hui, la plupart des 43 pays africains adhérents à l’initiative ont déjà effectué une évaluation de leur situation énergétique par rapport aux trois objectifs de SE4ALL : assurer un accès universel à des services énergétiques modernes, doubler le taux global d’amélioration de l’efficacité énergétique, ainsi que de la part des énergies renouvelables dans le mix énergétique. Plus d’une vingtaine d’entre eux développent actuellement leur programme d’actions énergétiques national, via l’élaboration d’agendas d’actions SE4ALL et de prospectus d’investissement. Ces agendas d’actions constituent une feuille de route énergétique pour les pays et mettent les préoccupations d’énergie durable au cœur des stratégies énergétiques des pays. De plus, à travers le nouveau Centre pilote des technologies et financements climatiques en Afrique, financé par le Fonds pour l’environnement mondial, la plateforme africaine SE4ALL pilote et finance directement l’élaboration des agendas d’actions du Kenya, de la Tanzanie, du Ghana et du Rwanda, en cours de finalisation. En 2015, le Centre financera également le processus pour la République démocratique du Congo, l’Angola, le Zimbabwe, le Malawi et la Zambie.

Ces agendas d’actions nationaux seront mis en place cette année et se transformeront en projets concrets sur le terrain avec l’aide des prospectus d’investissement et des différents outils à disposition de la plateforme africaine, comme le Fonds des énergies durables pour l’Afrique (appelé SEFA), et des outils des partenaires. Le premier bilan est donc positif, avec un nombre important de pays africains adhérents et qui se sont approprié l’initiative. Le défi pour cette année est d’aider les pays à trouver les financements nécessaires pour la réalisation de leurs feuilles de route énergétiques.

EA : Quelle est à ce jour la capacité financière du Fonds des énergies durables pour l’Afrique ?

DAS : Le Fonds des énergies durables pour l’Afrique est un fonds fiduciaire multi-bailleurs administré par la Banque africaine de développement (BAD) et entériné grâce à un engagement de 60 millions de dollars des gouvernements danois et américain. SEFA appuie des projets d’énergies renouvelables de petite et moyenne taille et d’efficacité énergétique en Afrique. Le fonds est conçu pour opérer par le biais de trois guichets de financement : préparation de projets, prise de participations et appui à la mise en place d’un environnement propice aux investissements. SEFA est opérationnel depuis janvier 2012 et a approuvé depuis une quinzaine de projets pour un montant total de 11,4 millions de dollars. Fin 2014, le gouvernement britannique a également rejoint le fonds en s’engageant sur un montant d’environ 15 millions de dollars pour promouvoir les mini-réseaux d’énergies renouvelables en Afrique en collaboration avec la plateforme.

EA : Depuis sa création en 2011, quels ont été ses investissements les plus marquants ?

DAS : SEFA a permis la création du Fonds africain des énergies renouvelables, ou AREF. En novembre 2013, le conseil d’administration de la BAD a approuvé un programme de prise de participations de 65 millions de dollars au capital du Fonds africain des énergies renouvelables. Ce programme englobe 25 millions de dollars de ressources propres de la BAD, 35,5 millions de dollars octroyés par SEFA et 4,5 autres millions par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM). AREF est un fonds géré par Berkeley Energy, qui investit des fonds propres dans des projets d’énergies renouvelables de petite et moyenne taille en Afrique subsaharienne (à l’exclusion de l’Afrique du Sud) et vise une capitalisation totale de 200 millions de dollars. Depuis sa création, AREF a approuvé deux investissements, en Ethiopie (projet géothermique de Corbetti de 20 MW) et en Ouganda (projet hydraulique d’Achwa de 41 MW).

Parmi les réalisations de SEFA en 2014, on peut encore citer l’approbation d’un financement de 777 000 dollars pour permettre de réaliser les études de faisabilité d’un projet de construction d’une centrale solaire de 72 MW sur le territoire camerounais. En termes de capacités, il s’agit du plus important projet solaire financé par le fonds. SEFA a également approuvé une subvention de 950 000 dollars destinée au développement de la centrale solaire photovoltaïque de Windiga, au Burkina Faso, d’une capacité de 20 MW. La subvention de SEFA pour la préparation du projet sert à accompagner les prestations de conseil restantes, nécessaires à la clôture financière du projet, notamment l’élaboration de l’accord d’achat d’électricité, pour une durée de 25 ans, avec la société nationale publique Sonabel. Pour la mise en place d’un environnement favorable aux investissements, le fonds a accordé un don d’un montant de 480 000 dollars pour accompagner les efforts du gouvernement comorien dans le développement des énergies renouvelables. Cette subvention est destinée à la préparation d’un projet de géothermie en cours, et à faciliter l’intervention du secteur privé dans la production d’énergie électrique sous forme de partenariats public-privé.

EA : Parmi les différentes solutions de production d’énergie durable (solaire, éolien, hydroélectrique, biomasse, géothermie…), lesquelles se financent le moins difficilement ?

DAS : La difficulté de financement dépend plus de l’emplacement et des caractéristiques du projet que de la technologie choisie en matière d’énergie durable. La disponibilité de la ressource à l’endroit souhaité, les données existantes sur l’abondance de cette ressource, la politique énergétique mise en place dans le pays (mécanismes d’incitation, accords d’achat d’électricité, tarifs de rachat préférentiels, etc.) sont des facteurs clés pour élaborer le financement des projets. Cependant, de par sa nature, le solaire reste l’énergie renouvelable la plus facile à mettre en place pour des projets de petite taille : les panneaux solaires peuvent facilement être installés, même à des endroits éloignés, et nécessitent moins d’études préalables sur la disponibilité de la ressource.

Au niveau des prix des énergies renouvelables, si l’on compare les coûts unitaires moyens actualisés de l’électricité en Afrique donnés par l’Agence internationale de l’énergie renouvelable (IRENA), la biomasse est l’énergie renouvelable la plus abordable en moyenne (0,049 $/kWh), avec la géothermie et l’hydraulique (environ 0,058 $/kWh). L’éolien et le solaire restent les plus chers (respectivement 0,096 et 0,210 $/kWh). Cependant, cette différence tend à s’atténuer : il y a eu des réductions de coûts remarquables entre 2010 et 2014 avec des projets exemplaires (par exemple en Afrique du Sud) aujourd’hui concurrentiels avec des projets issus des combustibles fossiles.

EA : Que peut espérer l’Afrique de COP 21 ? Que fera la plateforme SE4ALL pour soutenir l’Afrique dans cette grande négociation ?

DAS : L’Afrique émet peu de gaz à effets de serre en comparaison des autres continents, mais elle est la région la plus impactée par le réchauffement climatique. La conférence COP 21 est donc cruciale pour le continent, qui espère voir aboutir un accord international ambitieux et contraignant permettant de contenir le réchauffement global en deçà de 2°C. Les contributions nationales, qui représentent l’effort que chaque pays estime pouvoir réaliser, ainsi que le montant du financement de la lutte contre le changement climatique seront également des éléments déterminants de CO 21. La Banque africaine de développement entend continuer à être le porte-voix de l’Afrique dans les négociations pour aboutir à l’accord global sur le climat. L’objectif est de promouvoir un développement qui prenne en compte le changement climatique en Afrique et de faciliter l’accès des pays africains aux financements climatiques. La BAD joue un rôle de facilitateur entre les pays africains et les acteurs mondiaux (décisionnaires, investisseurs, bailleurs de fonds), dont le Fonds vert pour le climat, bientôt opérationnel, et les entreprises privées. Elle apporte également son soutien technique et financier au groupe des négociateurs africains chargé de s’exprimer au nom du continent lors des négociations. La banque mettra tout en œuvre pour que les préoccupations des Africains soient prises en compte.

Dans le cadre de son Plan d’action sur le changement climatique, la BAD a prévu d’investir jusqu’à 10 milliards de dollars entre 2011 et 2015. Ces ressources proviennent de ses fonds propres, ainsi que de fonds fiduciaires bilatéraux et d’instruments de financement climatique tels que les fonds d’investissement climatiques, le Fonds pour l’environnement mondial, le Fonds africain des énergies renouvelables, le Fonds spécial ClimDev, le nouveau Fonds pour les changements climatiques en Afrique et le Fonds pour les forêts du Bassin du Congo. Entre 2011 et 2013, les investissements de la BAD dans des projets qui prennent en considération le changement climatique ont atteint les 5,2 milliards de dollars. La banque est ainsi bien partie pour remplir son engagement d’investir 10 milliards de dollars d’ici la fin 2015.

En œuvrant pour atteindre les trois objectifs de SE4ALL, la plateforme africaine de l’initiative participe également à l’effort de réduction des gaz à effets de serre sur le continent en encourageant la transition énergétique de chaque pays vers des projets d’énergies durables. SE4ALL participera d’ailleurs activement à la COP 21. L’initiative SE4ALL permet en effet de définir un cadre général d’action et de fédérer les projets d’accès à l’énergie durable, d’efficacité énergétique ainsi que de développement des énergies renouvelables.

EA : Quel est l’objectif du Livre blanc que vous avez initié pour l’Afrique centrale ?

DAS : Le Livre blanc est un document de politique régionale CEEAC-Cemac et s’intitule Politique régionale pour un accès universel aux services énergétiques modernes et le développement économique et social. Il repose sur une vision commune de la CEEAC et de la Cemac afin d’assurer à l’horizon 2030 l’accès universel aux services énergétiques modernes pour les populations, le développement des énergies renouvelables en vue de l’émergence de l’Afrique centrale, et le développement humain durable. Cette initiative a bénéficié de l’appui technique et financier du PNUD. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) indique dans son rapport récent sur les perspectives de l’énergie africaine appelé Africa Energy Outlook 2014 que l’Afrique centrale est la région qui a la différence la plus importante entre les ressources énergétiques disponibles et les capacités de production existantes. Selon les projections de l’AIE, sans un changement de politique, plus de la moitié de la population de l’Afrique centrale restera sans accès à l’électricité en 2040. La plateforme africaine a contribué activement aux discussions de la réunion de validation de ce Livre blanc, qui s’est tenue en octobre 2014 au Cameroun. Les ministres de l’Energie ont adopté une résolution qui demande aux pays d’Afrique centrale de développer des agendas d’action et des prospectus d’investissement en collaboration avec la plateforme Afrique.

EA : Quelle est, selon vous, la région d’Afrique la plus avancée en termes d’énergies durables ?

DAS : Selon les statistiques de l’IRENA, si l’on considère l’ensemble des énergies renouvelables, l’Egypte est le pays avec la plus grande capacité de production installée issue des énergies durables, suivie par l’Afrique du Sud et la République démocratique du Congo. Ces trois pays ont une production hydraulique importante. Concernant le solaire, l’Afrique du Sud, le Kenya, le Maroc et l’Egypte sont en tête ; pour l’éolien, ce sont l’Egypte, le Maroc et l’Ethiopie, et enfin le Kenya est le leader pour la géothermie. L’ensemble de ces pays possède des cadres institutionnels et réglementaires favorables au développement des énergies renouvelables. Le Kenya, le Maroc et l’Afrique du Sud ont jeté les bases de programmes de transformation à grande échelle, avec des réformes publiques permettant de diminuer les risques liés à des projets d’énergies renouvelables. Aussi, d’autres pays africains ont fait des progrès considérables dans la création d’un environnement propice pour les investissements énergétiques renouvelables.

Le Kenya est un bon exemple pour la diversification de ses ressources. L’énergie éolienne, solaire et la géothermie viennent peu à peu compléter ses ressources hydrauliques déjà existantes. Pour développer ses capacités géothermiques, le Kenya a créé la Société d’exploitation géothermique (GDC). Cette société réalise l’exploration de champs géothermiques ainsi que les forages, développe ensuite les projets et gère leur exploitation, comme à Menengai par exemple. L’Afrique du Sud, qui encore récemment dépendait presque entièrement du charbon, a réussi sa transition vers les énergies renouvelables grâce à son Programme d’accélération et de soutien des investissements privés dans le secteur des énergies renouvelables (Renewable Energy Independent Power Producer Procurement Program, ou REIPPPP). Aujourd’hui, plus de 60 projets ont été attribués au secteur privé et les premières réalisations sont déjà livrées. Les engagements du secteur privé atteignent 14 milliards de dollars, et permettront de générer environ 4000 MW d’énergies renouvelables.

Propos recueillis par Dominique Flaux

Entretien paru dans ENERGIES AFRICAINES No 2



 
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