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Startup réinsertion : l’entrepreneuriat peut-il être une solution contre la récidive ?

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    L'entrepreneuriat, une solution contre la récidive ?


    Par Kevin Bresson
    Temps de lecture : 25 minutes

    Il est 15h13 en ce jour de janvier 2017. Le temps est maussade sur les Bouches-du-Rhône, mais Jimmy* s’en moque puisqu’après cinq ans de détention, il est enfin libre. Devant le centre de détention de Tarascon, son regard mêle joie et inquiétude, le trentenaire retrouve sa femme et sa fille de 9 ans. « Tu sais, on croit que la prison ça n’arrive qu’aux autres, mais quand la sentence est prononcée, tu restes là comme un con… bon, on ne va pas parler du passé, je veux aller de l’avant. »

    « Je n’ai pas honte de mon passage en prison, la vie est ainsi faite, philosophe Jimmy. Ce qui m’embête plus, c’est le regard que portent les gens sur moi et la situation professionnelle dans laquelle je me retrouve. J’avais un boulot, plutôt bien payé pour un mec qui n’a qu’un CAP, aujourd’hui j’ai du mal à trouver un boulot alimentaire. Même pour faire de la préparation de commandes ils demandent un extrait de casier judiciaire. En prison, au détour d’une discussion avec un détenu qui me parlait d’une formation qu’il suivait pour devenir assistant de gestion, j’ai compris qu’il fallait que je me serve de ces années de détention pour mettre au point mon projet de label de musique indépendant sur lequel je bossais avant tout ça. Je pense de plus en plus à lancer ma propre entreprise, pourquoi pas un studio d’enregistrement. J’imagine bien une sorte de label indépendant avec studio, organisation de concerts, ateliers d’écriture ou de création dans les prisons. On cogite pas mal en cinq ans, mais il me faudrait une mise de départ pour acheter le matériel et c’est compliqué d’aller voir un banquier avec un casier…»

    Au 1er janvier 2018, 68 974 personnes étaient détenues dans les prisons françaises. Comme Jimmy, 28% des détenus sont condamnés à des peines de plus de cinq ans en France. La durée moyenne de détention est très basse dans l’hexagone : 11,5 mois. Pour les longues peines, la sortie peut être préparée mais cela devient très difficile pour les peines plus courtes, pour lesquelles la prison détruit plus qu’elle n’accompagne.

    Selon l’Observatoire International des Prisons (OIP), l’emprisonnement augmente les risques de récidive, parce qu’il accroît les facteurs de délinquance recensés. En effet, les fréquentations délinquantes sont favorisées, les personnes détenues sont confortées dans leur « identité de délinquants » par le traitement qui leur est réservé en prison, ce qui vient alimenter un ressentiment envers les institutions. Quand on sait qu’une journée en détention coûte entre 100 et 150€ au contribuable, investir dans la formation des détenus c’est prendre le pari qu’elle permettra d’atténuer la haine envers le système et de miser sur l’avenir, pour que les détenus, une fois dehors, puissent créer plus facilement de la richesse.

    La formation est le Graal du détenu. Elle permet le temps d’une matinée ou d’une après-midi de s’évader de la réalité de la détention en rencontrant un intervenant extérieur, de s’occuper et de monter en compétences. La difficulté à se former est réelle puisque la formation a un coût quand elle n’est pas rémunérée, or la priorité des détenus se situe plutôt dans l’amélioration de leur quotidien que dans la préparation de sa réinsertion. Par exemple, une formation en atelier boulangerie gérée par l’administration pénitentiaire sera rémunérée, en revanche en ce qui concerne les études ou les formations à distance, le détenu doit payer un droit d’inscription et ne sera pas rémunéré. Depuis 2005, la part des personnes inscrites dans le cadre de l’enseignement à distance oscille entre 10 % et 13% des détenus scolarisés d’après les chiffres du Ministère de la Justice.

    loi prison

    En France, une seule formation à l’entrepreneuriat existe en prison. Christelle Guéguen-Kuntz, chargée de coordination de projets au Cnam, s’occupe d’« Émergence » qui sensibilise les détenus à l’entrepreneuriat. « Nous avons souhaité créer cette formation pour offrir une autre vision de la réinsertion aux étudiants empêchés (nom donné aux détenus suivant des formations à distance). Nous accompagnons sur six mois un groupe d’une dizaine de personnes dans la structuration d’une idée de création d’entreprise pour susciter chez eux une réflexion qu’ils n’auraient pas menée naturellement. » En collaboration avec les services de réinsertion et de l’Éducation nationale, le Cnam a déjà formé 35 détenus dans quatre établissements différents et entend bien développer cette formation dans d’autres centres pénitentiaires, même si le financement des prochaines sessions est incertain.

    Les résultats de cette formation sont encourageants puisque le taux de présence (hors absence involontaire) est de 100% et plus de 50% des formés poursuivent sur une formation en lien avec l’entrepreneuriat en prison comme la gestion de PME ou la comptabilité. Pour le Cnam, le succès n’est pas total encore puisque « pour l’instant on ne compte pas de créateur d’entreprise issu de cette formation. La plupart des formés sont encore incarcérés mais aussi parce qu’à leur sortie de prison, les étudiants empêchés préfèrent couper tous les liens avec la prison, nous perdons donc le contact. »

    Du côté du Club Informatique Pénitentiaire (CLIP), une association qui a pour but de faciliter la réinsertion par l’informatique, on tente d’expliquer cette rupture. « En prison, on représente la société civile donc ils nous apprécient. Mais quand ils sortent, on représente la prison, » explique Hervé Romieu, président de l’association. Au cours des ateliers informatiques, il n’est pas rare que les détenus expriment le souhait d’être formés à la création d’entreprise et aux outils informatiques en lien, comme Excel. « L’accès à l’emploi est compliqué. Ils imaginent que le côté « je me démerde seul » de l’entrepreneur est un moyen d’éviter de se confronter à la société civile et de ne dépendre de personne. Puis c’est un moyen de faire fructifier un temps habituellement perdu en prison, estime Hervé Romieu. La création d’entreprise, c’est le fantasme du détenu ! » Un fantasme ? Peut-être. Un moyen de réinsertion ? Certainement.

    prison
    prison startup

    « La création d’entreprise, sur le plan humain, ça m’a beaucoup apporté, ça m’a aidé à me sentir important et utile. Ça m’a prouvé que j’étais capable de rendre service, d’aider les autres. Je ne voulais pas être considéré comme une charge pour la société, » raconte Étienne, 45 ans, 15 ans passés à l’ombre et libre depuis 2 ans. La réinsertion des anciens détenus par le travail contribue à réduire la récidive. Or, seuls 25 % des sortants de prison réussissent à trouver une activité professionnelle régulière dans les douze mois suivant la sortie. Comme Étienne ou Jimmy, l’entrepreneuriat post-prison revêt bien souvent un caractère de nécessité.

    Le casier judiciaire et l’étiquette de l’ancien détenu peuvent contraindre celui-ci à un entrepreneuriat de type « push », c’est-à-dire une création d’entreprise de nécessité. Pour autant, une logique de type « pull » peut aussi parfaitement apparaître chez les anciens détenus désireux de devenir entrepreneur. En prison, la résilience se matérialise souvent par un excès de sport, de religion et parfois de violence. Ces obsessions servent rarement un projet de réinsertion professionnelle. Alors pourquoi ne pas essayer de les rendre accro à l’entrepreneuriat  ?

    CRÉER SON ENTREPRISE : 
    UNE NÉCESSITÉ ÉCONOMIQUE, 
    MAIS PAS QUE !

    À 59 ans, Thierry a passé 7 mois en détention. Alors qu’il était déjà dans une situation « précaire », la prison a fait naître en lui une haine qu’il a mise au service de l’entrepreneuriat. « Je ne pouvais pas fonder ma vie sur la haine, même si elle m’a aidé à tenir debout, à ne pas me « cachetonner » avec des antidépresseurs. Il faut pouvoir transformer la haine en résistance. J’y suis parvenu le jour où j’ai décidé de devenir entrepreneur. »

    La haine, la colère, l’estime de soi et la nécessité économique, la plupart des motivations récurrentes des ex-détenus sont semblables à celles des chômeurs de longue durée. Pour l’entrepreneuriat des ex-détenus d’autres spécificités viennent s’ajouter comme le refus de l’autorité et une appétence élevée à la prise de risque, mais aussi un besoin maladif d’aider les autres détenus. Comme un moyen de rendre plus agréable la vie de ceux qui restent enfermés.

    Entrepreneur né, comme beaucoup de détenus passés par « l’école de la débrouille », Frederick Hutson a créé et vendu sa première entreprise à l’âge de 19 ans, une entreprise d’accessoires pour téléphone mobile. À l’âge de 23 ans, il est arrêté et inculpé pour la distribution de plus de 3000 kg de marijuana dans quatre États différents des États-Unis. C’est au cours de ces 51 mois d’incarcération de prison fédérale qu’une nouvelle idée a émergé en lui. Une qui lui donnerait l’occasion d’améliorer les moyens de communication de ceux dont personne ne se préoccupe : ses codétenus. « Quand j’ai créé la startup en 2012, je n’avais aucune idée de ce qu’il faudrait pour construire et développer une entreprise dans ce secteur. Ce que je savais, c’est que les gens n’avaient pas un moyen facile pour partager des photos avec leurs proches incarcérés et que payer 15$ pour un appel téléphonique était ridicule. Nous avons donc décidé de construire une solution pour résoudre ce problème »,explique-t-il. Le concept de Pigeonly était né.

    FREDERICK HUTSON

    hudson prison

    « Le monde de la technologie ne semble pas se soucier autant de vos antécédents que les autres domaines. C’est un peu la règle du : « Avez-vous un business plan sérieux et pouvez-vous programmer ? » Si la réponse est oui, alors peu importe votre passé, vous devenez un entrepreneur à leurs yeux. »

    « Frederick est un exemple remarquable d'entrepreneurs qui recherchent des opportunités d'affaires issues de leur propre expérience. Vous pouvez rester devant l'université de Stanford jusqu'à la fin des temps et ne pas trouver quelqu'un comme Frederick, c'est pourquoi il est si important de faire de gros efforts en matière de financement.» Mitch Kapor, investisseur reconnu dans la Silicon Valley et fondateur de Lotus Software

    « Ma première entreprise était illégale, mais c'est le fonctionnement de cette entreprise et la peine de prison conséquente qui ont développé et perfectionné mon sens des affaires. »

    « Une faiblesse peut devenir la plus grande force d’un entrepreneur. Je peux même dire que si je n’avais pas été en prison, les gens n’auraient pas investi dans mon entreprise. Personne ne connaît mieux ce marché que moi. »

    hudson prison

    « Aujourd’hui, cinq ans plus tard, nous avons des clients dans 88 pays et Pigeonly est devenu l’un des plus importants fournisseurs indépendants de services aux détenus du pays. La technologie de Pigeonly a fait économiser près de 2 millions d’euros aux familles des détenus.
    Je dirige une équipe de plus de 20 personnes et nous avons recueilli plus de 5 millions de dollars en financement, pour poursuivre notre croissance. »

    hudson prison

    « Une fois enlevés les 7% qui ont commis des crimes violents, la plupart des autres vendaient de la drogue ou participaient à une sorte d’escroquerie. C’est un problème de positionnement. Le modèle d’affaires était là, mais l’objectif final était mauvais, en revanche si vous parvenez à appliquer ce même principe de stratégie et de résultat à quelque chose de positif, vous avez une entreprise viable. »

    « Est-ce que j'ai changé ? Je ne sais pas, parce que j'ai toujours une grande tolérance au risque et un désir de résoudre les problèmes de façon créative, mais j'ai mûri. »
    hutson prison

    « Franchement, moi je pense qu’il ne faut surtout pas hésiter à se lancer dans la création d’entreprise. De toute façon, que voulez-vous qu’il vous arrive de pire que la prison ? (rires) ». Loïc, 31 ans, a passé trois ans derrière les barreaux. À sa sortie, il décide d’ouvrir un restaurant. « J’ai créé mon business grâce à mon visiteur de prison (bénévole qui rend visite aux détenus coupés de liens extérieurs). C’est un homme bien un ancien chef d’entreprise et il m’a dit : pourquoi tu ne créerais pas ton business ? T’en es capable ». Loïc a donc mûri son projet en prison en se faisant totalement confiance quant à sa capacité à atteindre ses objectifs.

    Malgré un sentiment d’auto-efficacité exacerbé, trop peu d’anciens détenus se lancent aujourd’hui dans la création. Un visiteur de prison confie d’ailleurs, « concrètement il est difficile de convaincre le juge que devenir entrepreneur est un élément d’insertion dans le monde du travail. Le juge cherche plutôt un papier, une promesse d’embauche… » L’idéal serait de préparer le projet huit mois avant la sortie de prison et de communiquer sur l’entrepreneuriat au sein des centres de détention. « Oui la création d’entreprises comme moyen de réinsertion post prison pourquoi pas, mais ce n’est pas un moyen qu’il faut livrer brut comme ça. Il faut l’expliquer, le présenter, et ensuite l’accompagner. En France on oublie trop l’accompagnement », estime un ancien détenu. Aujourd’hui en France, 80% des sorties de prison sont « sèches », c’est-à-dire sans préparation, sans aménagement, sans rien. Pour lutter contre ce taux, qui influerait directement sur les chiffres de la récidive d’après l’OIP, aux États-Unis, depuis 15 ans, une association permet aux détenus de transformer leur fin de détention en période d’incubation.

    « Ce programme est probablement l’une des meilleures choses qui soient jamais arrivées dans ma vie. Je savais que je voulais changer, mais je ne savais pas ce que je voulais être. Quand j’ai vu la possibilité de devenir entrepreneur, je m’y suis mis à fond. On nous a toujours rappelé que ce programme ne serait pas facile. Au bout de six mois, je me sens totalement différent avec une nouvelle perspective dans la vie. J’ai eu le courage de faire une présentation de mon projet d’entreprise devant des centaines de personnes, dont des investisseurs, du personnel du Prison Entrepreneurship Program (PEP) et tous mes frères de la promotion 17. Ma famille a pu assister à la remise de mon diplôme. Le PEP a donné un sens à ce que je faisais, sans ce programme, je ne serais pas là où je suis aujourd’hui », raconte un participant de la classe 17 du PEP.

    Créé en 2004, le Prison Entrepreneurship Program est un organisme indépendant à but non lucratif, qui a lancé des programmes novateurs qui relient les cadres supérieurs, les entrepreneurs et les étudiants en MBA avec des criminels condamnés. PEP est un programme sélectif qui opère exclusivement au Texas avec l’appui du Département de justice pénale de l’État. PEP sélectionne, dans plus de 60 établissements pénitentiaires à travers l’État, les candidats qui suivront le programme au Cleveland Correctional Center, une prison de 520 lits, où PEP est organisé.

    pep

    PITCH, BUSINESS PLAN ET VC

    À l’instar des startups, les détenus doivent motiver leur candidature pour accéder au programme d’incubation. Les critères de sélection sont simples et connus de tous. Les détenus doivent être à moins de trois ans de leur libération, être « clean » de toute sanction disciplinaire, avoir un niveau scolaire minimum – l’équivalent du baccalauréat -, n’avoir aucune condamnation pour un crime sexuel ou avoir appartenu à un gang. Pour autant, si ces critères sont importants, les trois suivants sont les plus significatifs pour PEP. Le détenu doit être engagé dans un processus de changement personnel, il doit démontrer une forte éthique de travail et doit être disposé à être libéré dans un environnement positif. Comme l’explique le CEO de PEP, Bert Smith : « les détenus qui cherchent à entrer dans le PEP font face à un processus de travail rigoureux. Nous ne voulons pas d’hommes qui recherchent la «solution de facilité». La transformation personnelle est un travail ardu et nous n’investissons que dans les hommes qui sont prêts à investir en eux-mêmes. »

    Le PEP reçoit près de 2500 dossiers de candidatures chaque année, pour un peu moins de 300 places. D’après les chiffres communiqués par le PEP, 76 % des détenus sélectionnés vont jusqu’au bout de la formation.

    Le cœur du Prison Entrepreneurship Program est le Business Plan Contest (BPC). Plus de 1000 heures d’enseignement en classe sur une période de six mois, en plus de centaines d’heures de devoirs et d’événements publics, soit 6 heures de travail quotidien. S’appuyant sur les ouvrages classiques de la création d’entreprise, l’enseignement est complété par les études de cas des MBA de Harvard et Stanford, de la littérature et du coaching à la prise de parole en public.

    Chaque participant PEP complète cette charge de travail par l’élaboration d’un business plan pour une entreprise qu’il pourrait lancer dès sa sortie de prison. Le personnel du PEP transmet ces business plans à des centaines de bénévoles conseillers en création (étudiants en MBA, cadres expérimentés, entrepreneurs) pour les faire évaluer. Après corrections et annotations, les business plans sont renvoyés aux détenus. L’idée n’est pas que les participants écrivent des business plan qui soient « corrects pour un détenu ». Au contraire, la stratégie consiste à aider ces hommes à créer d’excellents business plans qui pourraient rivaliser avec ceux des étudiants formés au MBA.

    Le PEP organise de nombreux événements à l’intérieur de la prison dans le cadre du BPC, auxquels les principaux dirigeants d’entreprises de tout le pays sont invités à venir observer et à donner leur avis sur les pitchs. Au bout des six mois, les détenus ont 15 minutes de pitch face à un jury d’entrepreneurs, d’investisseurs et d’anciens du PEP, lors d’un concours de business plan de deux jours suivi d’une cérémonie officielle. Pour beaucoup de participants, c’est le plus grand accomplissement de leur vie et leur premier diplôme supérieur.

    prison entrepreneurship

    PRISON ENTREPRENEURSHIP PROGRAM : POUR QUELS RÉSULTATS ?

    Le PEP encourage non seulement l’esprit d’entreprise chez ses participants mais s’impose également le même esprit dans le développement de son programme. PEP est, et a toujours été une organisation data-driven, avec une obligation de résultat comme l’explique son CEO, Bert Smith. « En ce qui concerne le suivi des résultats, nous sommes dans un premier temps concentrés sur la récidive, ce qui réduit directement les coûts d’incarcération du gouvernement ainsi que la souffrance des hommes et de leurs proches. Nos efforts se sont poursuivis sur l’emploi et la formation à la création d’entreprise. Maintenant, nous voulons passer de la capture d’anecdotes à des données fiables sur d’autres résultats, comme le rôle de père, la capacité à redonner à la société ou encore l’implication dans le réseau PEP. »

    prison entrepreneurship 2

    Dans une étude publiée en 2013 par PEP, les calculs du retour sur investissement (ROI) pour le programme démontrent que les ressources investies dans l’organisation génèrent des résultats sociaux et économiques importants, y compris des avantages financiers pour la société et les employeurs et des économies pour les contribuables, ainsi que des impacts positifs sur les familles des anciens détenus. En reconnaissance de son travail novateur, PEP a reçu le Prix du Gouverneur du Texas pour le service de bénévolat en justice pénale.

    Selon Bryan Collier, directeur exécutif adjoint de Texas Department of Criminal Justice, « les solutions à la criminalité exigent d’impliquer le secteur privé. Notre mission est parfaitement réalisée quand nous pouvons aider à transformer les délinquants en citoyens respectueux de la loi et productifs. Le PEP aide à faire cela et rend ainsi nos communautés plus sûres, parce que le programme donne aux délinquants les outils, les connaissances, le désir et la surveillance nécessaires pour aider ces hommes à contribuer de façon bénéfique à la société. C’est un programme de changement de paradigme qui, grâce à un mélange de chefs d’entreprise, de bénévoles et d’un solide réseau de soutiens avant et après la mise en liberté, offre des changements significatifs et une réadaptation aux délinquants. »

    Dans un style typiquement américain, on peut lire sur le site de l’association les résultats du programme. « Depuis 2004, le PEP a produit les principaux résultats du pays en matière de réinsertion en réduisant considérablement les taux de récidive tout en augmentant considérablement les taux d’emploi et de création d’entreprise. Nous sommes fiers du travail accompli et des résultats que nos diplômés ont obtenus. »

    Près de 1300 détenus ont obtenu leur diplôme du PEP. Aujourd’hui, plus de 200 entreprises ont été créées par des diplômés du PEP, dont 6 d’entre elles ont un chiffre d’affaires de plus d’un million d’euros. Pour ceux qui ne vont pas au bout de l’aventure entrepreneuriale, le PEP n’est pas inutile puisque 90% des diplômés trouvent un emploi dans les 90 jours suivant leur sortie de prison. Enfin, près de 100% des diplômés du PEP dépassent la barre des “un an“ dans leur emploi, contre 50% en moyenne pour les autres anciens détenus. Enfin, le chiffre le plus significatif demeure le taux de récidive à trois ans exceptionnellement bas. Moins de 7% contre 50% de moyenne à l’échelle nationale. Si nous n’irons pas jusqu’à attester que l’entrepreneuriat est un “recidivism killer“, clairement avoir un projet viable, muri en incarcération et bénéficier du soutien d’un réseau, facilite la transition vers le monde libre. « Les résultats démontrent que nous poursuivons efficacement notre mission. Mais nous ne nous reposons pas sur nos lauriers. Nous perfectionnons, améliorons et mesurons constamment chaque aspect de notre programme pour nous assurer de continuer à produire des résultats pour les détenus et la société », conclut Berth Smith.

    Loin des résultats satisfaisants du PEP texan, l’Europe compte aussi des ex-détenus devenus de véritables entrepreneurs à succès. En Angleterre, LJ Flanders est un exemple pour des milliers de détenus. Loin d’oublier son passé, il s’est réalisé dans l’entrepreneuriat.

    Quand en 2011, LJ Flanders est incarcéré à la prison de Pentoville au nord de Londres pour des histoires de bagarres à répétition, son avenir s’assombrit. « Dans mon esprit, ma vie était gâchée. À ce moment-là, je n’avais aucune idée de comment les choses se passeraient. Je ne savais pas en quoi avoir un casier judiciaire affecterait mes choix une fois dehors, » nous raconte-t-il. « Beaucoup rentrent en prison et glissent petit à petit vers le néant. Pour moi, c’était inconcevable de passer autant de temps en prison et de ne sortir avec rien. »

    Dans sa cellule, il a commencé à faire des exercices physiques dans le but de se remettre en forme et de combattre l’ennui. « Les choses ont changé quand j’ai vu dans le journal de la prison qu’il y avait l’opportunité de suivre un cours pour devenir coach sportif. Je me suis inscrit tout de suite. C’était le signe dont j’avais besoin. J’avais enfin un objectif. Bizarrement, j’ai vraiment apprécié ces études, cela m’a tenu occupé. J’allais tous les jours en classe, je faisais mes devoirs et donc naturellement j’ai obtenu mes diplômes pendant ma détention. »

    Une étude menée par le Center For Entrepreneur auprès de 95 détenus de prisons anglaises a démontré un fort niveau d’intérêt des détenus pour la création d’entreprise. 59% des détenus souhaiteraient des enseignements sur l’entrepreneuriat en prison et près de 80% d’entre eux seraient prêts à se lancer à leur sortie.

    « Mon diplôme m’a garanti un travail dans le gymnase de la prison. Je n’avais plus la sensation d’ennui qui me rongeait. Le plus gratifiant pour moi a été lorsque les participants au cours m’ont demandé des programmes d’entraînement à réaliser dans leur cellule. »

    LJ détecte alors un problème de taille. « Il était impossible d’avoir du matériel dans les cellules, j’ai commencé à écrire un livre d’exercices physiques adaptés à la vie en cellule. Je me souviens du jour exact où j’ai eu l’idée, parce que je l’ai écrit dans mon journal de prison. Ce jour-là, j’ai même noté le titre : Cell Workout. »

    « Soudain, j’étais tellement enthousiaste, que je me suis mis à travailler sur le livre 24 heures sur 24. Les idées ont continué à venir. J’avais une vision claire de ce que je voulais réaliser et ça m’a fait tenir jusqu’à ma sortie. En prison, j’avais entendu parler de Prince’s Trust, une associationqui aide les jeunes à lancer leur propre entreprise. C’était un objectif pour moi d’aller leur présenter mon idée. »

    À sa libération, LJ continue à travailler sur le livre, non sans peine. Après avoir suivi les cours d’entrepreneuriat de Prince’s Trust et rencontré son mentor, Andy, les premières difficultés apparaissent. « Pour être honnête, c’était beaucoup plus dur que je l’avais imaginé. Il y a eu des moments où je pensais ne jamais finir mais je le devais parce que je m’étais engagé auprès de mes anciens codétenus. Lorsque j’étais en prison, c’était le livre que j’aurais voulu et j’étais convaincu que d’autres personnes en prison penseraient de la même manière. » Pour transformer cette étape négative de sa vie en quelque chose de positif, LJ s’accroche. « Je ne pouvais pas abandonner, je devais sortir quelque chose de positif de mon passage en prison. C’était devenu une obsession et ça l’est toujours, mais j’ai mis trois ans à boucler ce livre. »

    Trois années durant lesquelles LJ se consacre exclusivement à la production, sans penser une seconde à la distribution. Lui, le nouveau venu dans le monde du livre, se demande pourquoi les prisons achèteraient un livre à un ex-délinquant pour le mettre à disposition des détenus ? « Après avoir envoyé des courriers, restés sans réponse, à quelques prisons, j’ai fini par appeler toutes les bibliothèques des prisons du Royaume-Uni pour essayer d’introduire “Cell Workout“ sur leurs étagères. Plus pour mon histoire que pour le livre, quelques bibliothécaires ont eu la gentillesse de commander une copie, c’était le début. Quand les gens savent que vous avez été en prison et que vous essayez de refaire votre vie, ils sont disposés à vous aider.»

    flanders fit

    Très rapidement, Cell Workout est devenu populaire dans les prisons. Rapidement, les exemplaires des bibliothèques ne suffisent plus à répondre à la demande. LJ décide donc de vendre son livre sur internet pour que les amis et la famille puissent en envoyer une copie à leurs proches en détention.

    « Un jour, j’ai reçu un mail d’un bibliothécaire de la prison me demandant si je pouvais faire une conférence pour parler aux détenus de mon livre et de mon histoire. Soudainement, je devais retourner en prison, je n’avais aucune idée de comment je vivrais cette situation, ni même de ce que je dirais. » Non sans appréhension, LJ accepte. Ce jour-là, les questions affluent et la conférence dérape vite sur la vie après la prison, l’entrepreneuriat et l’expérience. LJ réalise alors que son histoire donne de l’espoir et des idées aux détenus pour leur propre réinsertion. Après tout, si lui a réussi tout ça, que pourraient-ils accomplir ?

    « J’ai été invité à prendre la parole lors d’une conférence des bibliothécaires de prison et après avoir rencontré beaucoup de bibliothécaires, j’ai été invité à prendre la parole dans d’autres prisons. Participer à des conférences n’a pas vraiment été le fruit d’une réflexion. Ça m’est plutôt tombé dessus. Mais j’ai compris très vite la force inspirationnelle de mon histoire et je pense que c’est ce qui explique le succès des conférences que je donne à l’extérieur des prisons. »

    « Ce fut un processus long. Sans les conférences, je ne pense pas que le livre aurait connu un tel succès. Andy m’a toujours dit de nouer beaucoup de contacts, car la principale difficulté quand on sort de prison est l’absence de réseau. J’ai fait de plus en plus de networking et les invitations sont devenues plus fréquentes. J’ai construit ma réputation et ma notoriété, c’est ce qui a permis à mon entreprise de se développer, je suppose. »

    Loin de se satisfaire des livres et des conférences, LJ poursuit son objectif d’amélioration de la vie des détenus en créant les “Ateliers Cell Workout“, au cours desquels il travaille dans les prisons avec les détenus. Le but est de stopper la trajectoire négative qui a conduit ces personnes derrière les barreaux, non seulement en les motivant à faire de l’exercice mais aussi en les aidant à se développer dans de nombreux domaines. Les ateliers permettent de travailler sur leur état d’esprit, fixer des objectifs et apprendre de nouvelles compétences, les amener à penser à leur avenir, à ce qu’ils veulent faire et à leur demander s’ils ont une idée d’entreprise.

    « Je peux comprendre que sans un centre d’intérêt ou sans opportunités, certaines personnes retombent dans leurs vieilles habitudes et finissent par récidiver. Il y a aussi un rôle d’éducation et d’accompagnement pour aider les détenus à apprendre, acquérir des qualifications et des compétences ou travailler sur une idée de création d’entreprise. Parvenir à utiliser le temps en prison avec sagesse, pour se donner des options, je crois que c’est la clé pour réduire la récidive. » LJ le sait mieux que quiconque, dehors le temps est sacré alors qu’en prison il est synonyme d’ennui.

    « Aller en prison est quelque chose que je regretterai toujours, une erreur que je n’aurais jamais dû commettre. Je ne peux pas revenir en arrière, mais je suis déterminé à faire quelque chose de bien aujourd’hui pour me rattraper. Savoir que beaucoup de détenus utilisent mon livre et tirent profit de mon histoire pour se motiver et réfléchir à leur avenir est très important pour moi. Avant de créer une entreprise, j’ai surtout voulu améliorer la vie des détenus parce que je sais ce que c’est que d’être enfermé… Pendant mes jours les plus sombres, je me disais souvent que j’avais deux choix, couler ou nager. J’ai nagé dans 3m2. »

    « Nous devons changer notre modèle en profondeur. Je veux que la France soit une « startup nation », c’est-à-dire à la fois une nation qui travaille avec et pour les startups, mais aussi une nation qui pense et bouge comme une startup. » Par ces mots prononcés en anglais au Salon VivaTech 2017, Emmanuel Macron a défini le socle d’une France qui innove stratégiquement, économiquement et socialement. Pourtant une question se pose : la startup nation, qui recherche plus son futur géant du web qu’à promouvoir l’inclusion et la diversité, est-elle compatible avec l’entrepreneuriat de nécessité des anciens détenus ?

    LA DIFFICILE SORTIE DE PRISON

    « Moi, on m’a refusé un crédit pour mon projet, puis j’ai été orienté vers deux associations, l’une d’elles a accepté de m’aider, ils m’ont fait un don de 2000 euros […] Au-delà de l’argent, leur écoute était précieuse surtout quand on sait ce que nous avons vécu en prison », raconte Maxime, aujourd’hui à la tête d’une petite entreprise de transport. La réalité est ainsi. Leur parcours de vie conclu par un passage en prison induit des ressources financières ultra limitées, voire proches du néant, un réseau professionnel inexistant et souvent une santé ou un équilibre psychologique friable. La nécessité est donc de travailler sur un modèle d’accompagnement des entrepreneurs en prison pour les préparer à la sortie, en s’inspirant du PEP texan.

    Selon Walid Nakara, Professeur à Montpellier Business School et coauteur de l’étude « Entrepreneuriat et prison : une étude exploratoire sur la création d’entreprise par des anciens détenus », le véritable axe de travail c’est le dedans-dehors. C’est-à-dire la capacité que l’on aura à accompagner à la fois à l’intérieur de la prison avec des formations et des sensibilisations, et à l’extérieur avec un suivi et une continuité d’enseignement. « L’entrepreneuriat facilite cette transition. La lourdeur de certaines démarches administratives en France rend la mise en place de programmes d’accompagnement dedans-dehors complexe. Pourtant un double problème persiste. Le premier c’est la division des initiatives, il faut rassembler les acteurs pour gagner en efficacité et en notoriété. Le deuxième c’est la complexité de la relation entre les associations, les juges d’application des peines et les SPIP. Il faut que les pouvoirs publics jouent leur rôle de facilitateur. Je pense que c’est aujourd’hui ou jamais, il y a à la fois une prise de conscience de la situation des prisons en France et un gouvernement qui mise beaucoup sur l’entrepreneuriat. »

    prison

    Les initiatives existent. Cnam, Clip mais aussi Émergence 93 tentent d’accompagner cette population. Par exemple, en partenariat avec l’ADIE, la Fondation M6 a apporté son soutien à des jeunes entre 18 et 35 ans désireux de créer leur entreprise. L’objectif du partenariat était de montrer que la création de son propre emploi peut être une voie d’insertion pertinente, y compris pour les personnes ayant connu un épisode carcéral. A l’issue de 5 semaines de formation personnalisée, toutes les thématiques ont été abordées : du business plan au juridique, en passant par la communication, ces futurs créateurs d’entreprise ont soumis leur projet à un jury, composé de représentants de l’ADIE et de six collaborateurs du groupe M6. Mais selon Walid Nakara, il manque « quelqu’un pour chapeauter tout ça et fixer un cap ! »

    À QUAND UN PROGRAMME D’ENTREPRENEURIAT POUR LES PRISONS ?

    Les 21 et 22 mars derniers, à Paris ont eu lieu les Assises de l’entrepreneuriat en Prison. Les acteurs présents sont tombés d’accord sur trois préconisations. La première est de démythifier le concept d’entrepreneuriat en prison. Il faut convaincre les pouvoirs publics et l’administration pénitentiaire mais aussi les détenus eux-mêmes, que le processus entrepreneurial peut être envisagé même depuis une cellule. La deuxième est d’augmenter le niveau d’implication des acteurs du monde de l’entreprise. Les dirigeants d’entreprises, qu’il s’agisse de startup, de PME ou de TPE, ont la capacité de s’impliquer pour créer un véritable lien de confiance entre les détenus et le monde extérieur. Beaucoup de nouveaux entrepreneurs expliquent dans leurs pitchs vouloir changer le monde, ils en ont ici l’occasion. Enfin la troisième, c’est de bâtir un écosystème propre à l’entrepreneuriat en prison. Cette population se lance dans l’entrepreneuriat avec plusieurs handicaps, il faut l’aider à créer un réseau, à trouver des financements, des formations, des coachs/mentors et toutes les ressources nécessaires, mais pour cela il est impératif de structurer les programmes et les aides autour d’un objectif commun qui est l’insertion.

    La difficulté de la mise en place ne doit pas occulter les conséquences directes et indirectes d’une telle initiative. De façon directe, l’entrepreneuriat réduit le taux de récidive, facilite la réinsertion professionnelle et sociale et favorise un retour à l’emploi si même si le projet entrepreneurial ne va pas au bout. Mais la vraie force de ce type de programme est la conséquence indirecte. Il est possible de transformer le modèle du « grand du quartier qui sort de prison et replonge », en celui qui entreprend et réussit à gagner de l’argent avec son entreprise. L’école de la deuxième chance en quelque sorte.

    Le 6 mars dernier, devant les élèves de l’École nationale de l’administration pénitentiaire réunis à Agen, après avoir confié que le fonctionnement pénitentiaire avait « perdu de vue son cap », Emmanuel Macron a confié sa volonté de « changer ce système qui ne protège plus suffisamment, qui mine le personnel pénitentiaire et empêche ceux qui le pourraient de se réinsérer et de sortir de la délinquance. » Les acteurs de l’entrepreneuriat, de la réinsertion et les détenus eux-mêmes sont prêts. Non, la création d’entreprise post-prison ne sera pas le remède miracle d’un système malade depuis des décennies. Et oui, si un tel programme voyait le jour, il devrait affronter des abandons en cours, des difficultés à la sortie de détention et parfois même des regrets d’avoir tendu la main à des personnes qui n’en feront pas bon usage. Pourtant, faire entrer l’entrepreneuriat dans les prisons, c’est redonner des objectifs, de l’envie et l’espoir d’une réinsertion réussie à des dizaines de détenus et les exemples le prouvent. Espérons que la startup nation n’oublie pas dans son envol ceux qui veulent entreprendre « juste » pour s’en sortir.

    Auteur : Kevin Bresson

    Conception graphique : Benjamin Bon / Kevin Bresson

    Crédits Photos : Prison Entrepreneuship Program – Pigeonly – LJ Flanders – Cell Workout

    Relecture : Marc Laurent / Gaëlle Ottan

    Remerciements

    Christelle Guéguen-Kuntz – Chargée de coordination de projets au Cnam et en charge du projet Emergence

    Dr. Walid A. Nakara – Professeur à Montpellier Business School et responsable du Département Entrepreneuriat et stratégie. Sa recherche porte principalement sur l’insertion par l’entrepreneuriat. Co-auteur avec Maryline Bourdil de « Entrepreneuriat et prison : une étude exploratoire sur la création d’entreprise par des anciens détenus », Revue de l’Entrepreneuriat 2016/2 (Vol. 15), p. 109-139.

    Annie Kensey et Abdelmalik Benaouda, « Les risques de récidive des sortants de prison. Une nouvelle évaluation » 2011

    Patrick* : Le prénom a été modifié à la demande de la personne interviewée

    Etienne, Céline, Thierry, Loïc et Maxime* : Les prénoms ont été modifiés. Les verbatims sont tirés de l’étude de W.Nakara et M.Bourdil

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