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Forum de Paris sur la paix : « Le monde se fissure. Le statu quo n’est pas tenable » - Guterres

Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, prononce un discours lors du Forum de Paris sur la paix dans le Hall de la Villette, en France.
@ UNESCO/Christelle Alix
Le Secrétaire général de l'ONU, António Guterres, prononce un discours lors du Forum de Paris sur la paix dans le Hall de la Villette, en France.

Forum de Paris sur la paix : « Le monde se fissure. Le statu quo n’est pas tenable » - Guterres

Paix et sécurité

Au Forum de Paris sur la paix qui a débuté lundi dans la capital française, le Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a mis en garde contre les « cinq fissures grandissantes » auxquelles le monde est confronté et a prévenu que le statu quo n’était pas tenable.

Le Forum, qui porte sur les questions de gouvernance mondiale et de multilatéralisme, se déroule du 11 au 13 novembre et rassemble des chefs d’Etat et de gouvernement, des représentants d’organisations internationales et des acteurs de la société civile afin d’examiner les défis mondiaux et d’élaborer des solutions pratiques. Il s’agit de la 2e édition de ce forum.

« Le monde se fissure. Le statu quo n’est pas tenable. Quel État peut aujourd’hui réparer ces fissures seul, isolé du reste du monde ? Aucun », a déclaré M. Guterres dans son discours d’ouverture.

Le chef de l’ONU a évoqué en particulier cinq risques globaux :

  • Le danger d’une fracture économique, technologique et géostratégique. « Une planète divisée en deux, qui verrait les deux plus grandes puissances économiques asseoir leur pouvoir sur deux mondes séparés en compétition », a-t-il dit en référence implicite aux Etats-Unis et à la Chine.

  • Une fissure du contrat social. « Nous assistons à une vague de manifestations dans le monde entier », a-t-il noté, relevant deux points communs entre tous ces mouvements de protestation : « une défiance de plus en plus grande des citoyens envers les institutions et dirigeants politiques » et « les effets négatifs d’une mondialisation associée aux progrès technologiques » qui accroissent « les inégalités au sein des sociétés ».

  • La fissure de la solidarité. « La peur de l’étranger est utilisée à des fins politiques. L’intolérance, la haine deviennent banales. Des personnes qui ont tout perdu se voient désignées comme la cause de tous les maux. Cette instrumentalisation accentue la polarisation de la vie politique et le risque de sociétés fracturées », a-t-il dit.

  • La fissure entre la planète et ses habitants. « La crise climatique est une course contre la montre pour la survie de notre civilisation », a-t-il souligné.

  • La fracture technologique. Les nouvelles technologies représentent un potentiel fantastique mais elles peuvent également être « un facteur de risques et d’accélération des inégalités », a-t-il déclaré.

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Le multilatéralisme doit s’adapter aux défis d’aujourd’hui et de demain

Dans ce contexte, le Secrétaire général de l’ONU estime que le monde a « besoin d’un système universel, respectueux du droit international et organisé autour d’institutions multilatérales fortes ». « Nous avons besoin de plus de solidarité internationale, de plus de multilatéralisme. Mais d’un multilatéralisme qui s’adapte aux défis d’aujourd’hui et de demain », a-t-il ajouté.

Nous devons penser le multilatéralisme en réseaux, au plus près des populations - António Guterres

António Guterres a expliqué que c’est pour cette raison qu’il a lancé des réformes visant à rendre l’ONU plus efficace et plus agile.

« Au-delà, nous devons penser le multilatéralisme en réseaux, au plus près des populations. Il nous faut travailler main dans la main avec les organisations régionales, mais également les institutions financières, les banques de développement et les agences spécialisées », a-t-il ajouté.

Il a pris l’exemple du Sahel, où l’ONU coopère avec les gouvernements, l’Union africaine (UA), la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), le G5 Sahel, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI), la Banque africaine de développement (BAD), l’Alliance Sahel, et les pays donateurs afin de répondre aux enjeux sécuritaires et de développement de façon coordonnée et intégrée.

Selon le chef de l’ONU, la coopération internationale ne peut se contenter des seuls acteurs institutionnels et il a plaidé en faveur de la pleine participation de la société civile, dont la jeunesse, des milieux économiques, universitaires et philanthropiques.

« Cette vision d’une coopération inclusive est au cœur de la réflexion que nous lançons à l’occasion du 75ème anniversaire de l’ONU », a-t-il conclu. António Guterres a rappelé que tout au long de l’année 2020, un dialogue ouvert aux citoyens du monde entier permettra de recueillir des idées pour faire face aux défis et encourager l’action collective.

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