Orpaillage illégal en Guyane

Forêts dévastées, rivières détruites, populations menacées et contaminées, l'orpaillage illégal est le principal fléau social, sanitaire et environnemental menaçant la Guyane.

Si l’on retrouve des gisements aurifères sur presque tous les continents, l’Amérique du Sud figure parmi les plus gros bassins d’extractions d’or, avec 20% de la production mondiale environ, principalement concentrée dans les Andes (Pérou, Équateur, Bolivie), dans le Sud-est du bassin amazonien (Minas Gerais et Nord Brésil) ainsi que sur le Plateau des Guyanes, réputé pour son « mythe de l’Eldorado ». En Amazonie, l’extraction à petite échelle, informelle ou illégale, est majoritaire. Invariablement, le mercure est massivement utilisé pour séparer l’or du minerai : ainsi, les orpailleurs utilisent en moyenne 1,3 kg de mercure pour récupérer 1 kg d’or. Cela revient à dire qu’en offrant un bijou en or d’origine inconnue… vous offrez peut-être son poids en mercure à l’Amazonie et à ses habitants !

Orpaillage illégal en Amazonie
Orpaillage illégal en Amazonie
Orpaillage illégal en Amazonie

Brigade nature / Parc Amazonien de Guyane

L’orpaillage en Guyane, contexte et enjeux

La Guyane possède une tradition aurifère ancienne. C’est au milieu du 19ème siècle que les premiers gisements y ont été découverts et à la structuration des pratiques illégales, De nombreuses localités actuelles (Saül, Mana, Régina, etc.) sont fortement, voire entièrement, liées à ces « grandes époques » de l’exploitation aurifère.

Depuis les années 1990, suite à des hausses importantes du cours de l’or et à la structuration des pratiques illégales, la Guyane subit de plein fouet une nouvelle ruée vers l’or. Cette ruée est caractérisée par une très forte augmentation du nombre des site d’exploitation illégale : on estime que 7 à 10 tonnes d’or sont illégalement exfiltrés de Guyane chaque année.

L’activité des exploitants déclarés est encadrée par la législation française. Les impacts de l’activité minière officielle restent très importants mais certaines dispositions visent à limiter ces impacts : interdiction de l’usage du mercure depuis 2006, gestion de l’eau en circuit fermé, obligation de revégétalisation, obligation, pour chaque négociant, de renseigner un livre de police, etc.

En revanche, l’activité des orpailleurs illégaux est soumise à la seule loi du profit à court terme et provoque des dégâts colossaux sur l’environnement et la société.

​​​​Les conséquences désastreuses de l'orpaillage illégal

Des rivières et des forêts condamnées par l’activité aurifère illégale : La Guyane fait partie du Plateau des Guyanes, un des plus grands massifs de forêt tropicale continu et encore relativement intact de la planète. Mais en l’espace de 30 ans, l’orpaillage incontrôlé y est devenu le premier facteur de dégradation environnementale. Durant cette période, jusqu’en 2018, environ 215 000 ha de forêts y ont été détruits par l'orpaillage en particulier au cours de la dernière décennie pendant laquelle la superficie touchée a été multipliée par trois. Le Suriname et le Guyana concentrent l'essentiel de cette déforestation. Elle représente 28 000 ha en Guyane.

L’or illégal nuit gravement à la santé humaine : Le mercure utilisé pour amalgamer l’or est un polluant dangereux qui s’accumule dans les milieux naturels. Lorsqu’il intègre les milieux aquatiques, des bactéries le transforment en méthylmercure, composé facilement assimilable par les êtres vivants et neurotoxique puissant. La contamination mercurielle, à la fois d’origine naturelle et liée aux pratiques aurifères illégales, peut ainsi se concentrer le long des chaînes alimentaires aquatiques, atteignant des concentrations particulièrement importantes dans la chair des poissons carnivores. Il en découle une contamination des populations locales dont c'est la nourriture quotidienne. Fin 2013, une étude montrait chez les populations locales du Haut-Maroni des concentrations en mercure quatre fois plus élevées que chez les populations du littoral.

infographie Orpaillage

Les répercussions sociales du conflit de l’or : L’exploitation aurifère clandestine concourt à la structuration de véritables filières d’immigration sauvages et au développement de réseaux de prostitution, de trafics (armes et drogues) et de délinquance. Les échanges de tirs et les assassinats de militaires ces dernières années viennent cruellement rappeler que dans certains secteurs, l’insécurité est réelle et le climat est tendu.

L’or illégal grève les perspectives de croissance économique et de développement durable du territoire : Cette combinaison d’effets néfastes grève le développement économique du territoire, qui voit ses principaux secteurs d’activités impactés : l’écotourisme subit la destruction de paysages remarquables, la filière forestière pâtit de la perte de capital sur pied, la filière minière déclarée assiste au pillage de la ressource aurifère, sans compter le coût de la répression pour l’État français qui, malgré les moyens humains et financiers investis, ne parvient pas à éradiquer le phénomène.