Pollution de l’air à l’intérieur des habitations

15 décembre 2022

Principaux faits

  • Environ 2,3 milliards de personnes dans le monde (soit environ un tiers de la population mondiale) font la cuisine à l’aide de foyers ouverts ou de fourneaux inefficaces utilisant du pétrole, de la biomasse (bois, déjections animales, résidus agricoles) et du charbon, ce qui engendre une pollution nocive à l’intérieur des habitations.
  • La pollution de l’air à l’intérieur des habitations a été responsable d’environ 3,2 millions de décès par an, en 2020, dont plus de 237 000 décès d’enfants de moins de 5 ans.
  • Les effets combinés de la pollution de l'air extérieur et de la pollution de l'air intérieur des habitations sont associés à 6,7 millions de décès prématurés chaque année.
  • La pollution de l’air à l’intérieur des habitations entraîne des maladies non transmissibles, notamment l’accident vasculaire cérébral (AVC), la cardiopathie ischémique, la bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) et le cancer du poumon.
  • Les femmes et les enfants, généralement responsables des tâches ménagères telles que la cuisine, la collecte du bois de chauffage, supportent la plus forte charge pour la santé émanant de l’utilisation de combustibles et de technologies polluants dans les maisons.
  • Il est essentiel d’élargir l’utilisation de combustibles et de technologies propres pour réduire la pollution de l’air à l’intérieur des habitations et protéger la santé. Il s’agit notamment de l’énergie solaire, de l’électricité, du biogaz, du gaz de pétrole liquéfié (GPL), du gaz naturel, des combustibles à l’alcool, ainsi que des fourneaux utilisant de la biomasse qui sont conformes aux cibles en matière d’émissions prévues dans les lignes directrices de l’OMS. 


Vue d’ensemble

À l’échelle mondiale, environ 2,3 milliards de personnes continuent de cuisiner en utilisant des combustibles solides (comme le bois, les résidus agricoles, le charbon de bois, le charbon et les déjections animales) et du pétrole dans des foyers ouverts ou des fourneaux inefficaces (1). Il s’agit pour la plupart de personnes pauvres, vivant dans des pays à revenu faible ou intermédiaire. Il existe un écart important dans l’accès à des alternatives plus propres pour la cuisine entre les zones urbaines et rurales ; en effet en 2021, seuls 14 % des habitants des zones urbaines utilisaient des combustibles et technologies polluants, contre 49 % de la population rurale mondiale.

La pollution de l’air à l’intérieur des habitations est produite par l’utilisation de combustibles et de technologies polluants inefficaces à l’intérieur et autour des logements qui contiennent un éventail de polluants nocifs pour la santé, notamment de petites particules qui pénètrent en profondeur dans les poumons et dans la circulation sanguine. Dans les logements mal ventilés, la fumée intérieure peut avoir des niveaux de petites particules 100 fois plus élevés que les valeurs considérées comme acceptables. Les femmes et les jeunes enfants, qui passent le plus de temps près de l’âtre, sont particulièrement exposés. Du fait de la dépendance à l’égard des combustibles et des technologies polluants beaucoup de temps est consacré à la cuisine sur un appareil inefficace, ainsi qu’à la collecte et à la préparation des combustibles.

Orientations

Compte tenu de l’utilisation généralisée de combustibles et de fourneaux polluants pour cuisiner, l’OMS a publié un ensemble de lignes directrices normatives (WHO Guidelines for indoor air quality: Household fuel combustion, lignes directrices relatives à la qualité de l’air intérieur : consommation de combustibles domestiques, en anglais). Celles-ci fournissent des orientations pratiques fondées sur des données probantes sur les combustibles et les technologies utilisés dans les logements qui peuvent être considérés comme propres, notamment des recommandations décourageant l’utilisation du pétrole et déconseillent l’utilisation de charbon non transformé ; précisant les performances des combustibles et des technologies (sous la forme d’objectifs en matière de taux d’émission) nécessaires pour protéger la santé ; et soulignant qu’il importe de s’attaquer à tous les types de consommation énergétique des ménages, en particulier la cuisine, le chauffage des pièces et l’éclairage, afin de garantir des avantages pour la santé et l’environnement. Selon la définition de l’OMS, les combustibles et les technologies propres pour la santé au point d’utilisation sont l’énergie solaire, l’électricité, le biogaz, le gaz de pétrole liquéfié (GPL), le gaz naturel, les carburants à l’alcool, ainsi que les fourneaux utilisant de la biomasse qui sont conformes aux cibles en matière d’émissions prévues dans les lignes directrices de l’OMS.

En l’absence d’une action politique forte, on estime que 2,1 milliards de personnes n’auront toujours pas accès à des combustibles et à des technologies propres en 2030 (1). Il est particulièrement urgent de prendre des mesures en Afrique subsaharienne, où la croissance démographique a été plus rapide que l’accès à des moyens propres pour la cuisine, et où 923 millions de personnes n’avaient pas cet accès en 2020. Les stratégies visant à accroître l’adoption d’une énergie domestique propre comprennent des politiques proposant un soutien financier pour l’achat de technologies et de combustibles plus propres, une amélioration de la ventilation ou de la conception des logements, et des campagnes de communication pour encourager l’utilisation d’énergies propres. 

Effets sur la santé

Chaque année, 3,2 millions de personnes meurent prématurément de maladies imputables à la pollution de l’air à l’intérieur des habitations, qui résulte de la combustion incomplète des combustibles solides et du pétrole utilisés pour la cuisine (pour plus d’informations, consulter les données sur la pollution de l’air à l’intérieur des habitations, en anglais). Les matières particulaires et autres polluants présents dans la pollution de l’air à l’intérieur des habitations entraînent une inflammation des voies respiratoires et des poumons et réduisent la capacité du sang à transporter l’oxygène.

Parmi ces 3,2 millions de décès dus à l’exposition à la pollution de l’air à l’intérieur des habitations :

  • 32 % sont dus à une cardiopathie ischémique : 10 % de l’ensemble des décès dus à une cardiopathie ischémique chaque année, soit plus d’un million de décès prématurés chaque année, résultent de l’exposition à de l’air pollué à l’intérieur des habitations.
  • 23 % sont dus à un accident vasculaire cérébral : environ 12 % peuvent être attribués à l’exposition quotidienne aux polluants émis dans l’air intérieur lors de l’utilisation de combustibles solides et de pétrole à domicile.
  • 21 % sont dus à une infection des voies respiratoires inférieures (IRI) : l’exposition à la pollution de l’air à l’intérieur des habitations multiplie par près de 2 le risque d’IRI chez l’enfant et est responsable de 44 % des décès par pneumonie parmi les enfants âgés de moins de 5 ans. Chez l’adulte, cette pollution peut aussi provoquer des infections aiguës des voies respiratoires inférieures et contribue à hauteur de 22 % à l’ensemble des décès par pneumonie chez les adultes ;
  • 19 % sont imputables à une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) : 23 % de l’ensemble des décès dus à une bronchopneumopathie chronique obstructive (BPCO) parmi les adultes vivant dans les pays à revenu faible ou intermédiaire résulte d’une exposition à la pollution de l’air intérieur, et
  • 6 % sont dus au cancer du poumon : environ 11 % des décès dus à un cancer du poumon chez l’adulte résultent de l’exposition à des carcinogènes présents dans l’air domestique pollué causé par l’utilisation de pétrole ou de combustibles solides comme le bois, le charbon de bois ou le charbon pour les besoins énergétiques du ménage.

La pollution de l’air à l’intérieur des habitations a entraîné la perte d’environ 86 millions d’années de vie en bonne santé en 2019, la plus grande partie de cette charge étant supportée par les femmes vivant dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. 

Près de la moitié des décès par IRI chez l’enfant âgé de moins de 5 ans sont dus à l’inhalation de matières particulaires (suie) provenant de la pollution de l’air à l’intérieur des habitations.

En outre, des données probantes ont établi des liens entre la pollution de l’air à l’intérieur des habitations et le faible poids de naissance, la tuberculose, la cataracte et les cancers du nasopharynx et du larynx.

Impacts sur l’équité en santé, le développement et les changements climatiques

Des changements politiques importants sont nécessaires pour augmenter rapidement le nombre de personnes ayant accès à des combustibles et à des technologies propres d’ici 2030 afin de lutter contre les inégalités en matière de santé, de réaliser le Programme de développement durable à l’horizon 2030 et d’atténuer les changements climatiques.

  • Les femmes et les enfants supportent de manière disproportionnée la plus forte charge pour la santé des combustibles et des technologies polluants dans les logements, car ils effectuent généralement les tâches ménagères, telles que la cuisine et la collecte du bois de chauffage, et passent plus de temps exposés à la fumée nocive dégagée par les fourneaux et les combustibles polluants.
  • Le fait d’aller chercher des combustibles augmente le risque de lésions musculosquelettiques, prend beaucoup de temps aux femmes et aux enfants et limite ainsi l’éducation et les autres activités productives. Dans les environnements peu sûrs, les femmes et les enfants sont exposés au risque de traumatismes et de violence lorsqu’ils se procurent des combustibles.
  • Nombre des combustibles et des technologies utilisés par les ménages pour la cuisine, le chauffage et l’éclairage entraînent des risques liés à la sécurité. L’ingestion accidentelle de pétrole est la première cause d’intoxication de l’enfant et une grande proportion des brûlures et lésions graves survenant dans les pays à revenu faible ou intermédiaire est liée à la consommation énergétique des ménages pour la cuisine, le chauffage ou l’éclairage. (2)
  • Le manque d’accès à l’électricité pour plus de 750 millions (1) de personnes oblige les ménages à avoir recours à des appareils et à des combustibles polluants, tels que les lampes à pétrole pour l’éclairage, les exposant ainsi à des niveaux très élevés de matières particulaires.
  • Le temps consacré à l’utilisation et à la préparation des combustibles pour des appareils inefficaces et polluants limite d’autres possibilités favorables à la santé et au développement, comme faire des études, avoir des loisirs ou exercer des activités productives.
  • Le noir de carbone (particules de suie) et le méthane émis par les foyers de cuisson inefficaces sont de puissants polluants atmosphériques à courte durée de vie.
  • La pollution de l’air à l’intérieur des habitations est également une source majeure de pollution de l’air ambiant (extérieur).

Action de l’OMS

L’OMS apporte un soutien technique et un renforcement des capacités au niveau des pays et des Régions pour conduire des évaluations et pour développer l’usage domestique des combustibles et technologies favorables à la santé. Pour lutter contre la pollution de l’air à l’intérieur des habitations et son impact négatif sur la santé, l’OMS  :

  • élabore des lignes directrices relatives à la qualité de l’air à l’intérieur des habitations et aux combustibles ménagers (guidelines for indoor air quality and household fuel combustion), afin de formuler des recommandations sanitaires concernant les différents combustibles et technologies permettant de protéger la santé, ainsi que des stratégies efficaces pour la diffusion et l’adoption de combustibles et de technologies utilisés dans les ménages qui soient plus propres ;
  • renforce les capacités nationales et régionales au moyen de consultations directes et d’ateliers sur les énergies domestiques et la santé.
  • tient à jour la base de données mondiale sur les sources d’énergie des ménages afin de suivre les progrès mondiaux en matière de transition vers des combustibles et fourneaux plus propres dans les habitations, en établissant des rapports en tant qu’organisme chargé du suivi de l’indicateur 7.1.2 des ODD (proportion de la population utilisant principalement des carburants et technologies propres). L’OMS contribue également aux évaluations de la charge de morbidité due à la pollution de l’air à l’intérieur des habitations résultant de l’utilisation de combustibles et technologies polluants ;
  • élabore et met à jour des outils et des ressources tels que CHEST (Clean Household Energy Solutions Toolkit ; ensemble d’outils pour des solutions d’énergie domestique propre) afin d’aider les pays à identifier les parties prenantes travaillant sur les sources d’énergie des ménages et la santé publique pour mettre au point, appliquer et suivre les politiques portant sur les sources d’énergie des ménages en vue de parvenir à une meilleure santé ;
  • aide les gouvernements à estimer les coûts et les avantages pour la santé de la mise en œuvre d’interventions en matière d’énergie domestique ;
  • convoque la Plateforme pour l’action en matière de santé et d’énergie (HEPA), qui renforce la coopération entre les secteurs de la santé et de l’énergie afin d’assurer l’accès universel à une énergie propre et durable pour les ménages et les établissements de soins de santé pour protéger la santé ;
  • collabore avec les pays, les chercheurs et d’autres partenaires pour harmoniser les méthodes de planification et d’évaluation dans tous les contextes afin d’obtenir des évaluations cohérentes et rigoureuses des sources d’énergie et de la santé des ménages ;
  • dirige les efforts avec les pays et les organismes chargés de mener des enquêtes pour améliorer, harmoniser et mettre à l’essai de nouvelles questions pour les recensements et les enquêtes au niveau national, y compris l’évaluation des risques pour la santé liés à l’utilisation de sources d’énergie polluantes dans les logements, ainsi que les effets différenciés selon le genre des différentes pratiques en matière d’énergie domestique ; et
  • élabore des lignes directrices et des ressources pour intégrer les énergies domestiques propres dans les initiatives mondiales ayant trait à la santé mondiale ou aux changements climatiques, ainsi que des outils d’aide à la prise de décision.

 


  1. IEA, IRENA, UNSD, World Bank, WHO. 2022. Tracking SDG 7: The Energy Progress Report. Mesures recommandées à l’OMS : World Bank. License: Creative Commons Attribution – NonCommercial 3.0 IGO (CC BY-NC 3.0 IGO). Available from: https://trackingsdg7.esmap.org/downloads
  2. Puthumana JS, Ngaage LM, Borrelli MR, Rada EM, Caffrey J, Rasko Y: Risk factors for cooking-related burn injuries in children, WHO Global Burn Registry. Bull World Health Organ; 2021 Jun 1; 99(6):439–445. https://doi.org/10.2471%2FBLT.20.279786