L'actualité mondiale Un regard humain

Covid-19 : seul 1 pays sur 3 prêt à accueillir en toute sécurité les enfants pour la rentrée scolaire en Afrique de l’Ouest et du Centre

Des données ont permis de savoir que plus de 11 millions de filles risquent de ne pas retourner à l'école en 2020.
© UNICEF/Frank Dejong
Des données ont permis de savoir que plus de 11 millions de filles risquent de ne pas retourner à l'école en 2020.

Covid-19 : seul 1 pays sur 3 prêt à accueillir en toute sécurité les enfants pour la rentrée scolaire en Afrique de l’Ouest et du Centre

Santé

Seul 1 pays sur 3 est prêt à accueillir en toute sécurité les enfants pour la rentrée scolaire en Afrique de l’Ouest et du Centre, a annoncé mercredi le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF), qui en appelle les Etats de cette région à accélérer une réouverture sûre des écoles, avec des mesures de protection sanitaires et d’hygiène adéquates. 

 « Nous n’avons pas de temps à perdre. Chaque jour qui passe, des millions d’enfants et de jeunes qui n’ont pas d’opportunités pour accéder en toute sécurité à un enseignement sont privés de leur droit à l’éducation et leur avenir est menacé », a déclaré la Directrice régionale de l’UNICEF pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre, Marie-Pierre Poirier.

Selon ces nouvelles données de l’UNICEF, seuls 7 des 24 pays de la région ont été capables de rouvrir convenablement leurs portes pour la nouvelle année scolaire 2020-2021. 

Six mois après le début de la pandémie qui a forcé tous les pays de cette région à fermer leurs écoles, les pays désormais prêts sont le Bénin, le Burkina Faso, le Cap Vert, le Congo, la Guinée Équatoriale, la Sierra Leone et le Tchad.

La pandémie de Covid-19 a interrompu l’éducation de millions d’enfants en Afrique de l’Ouest et du Centre, « une région qui fait déjà face à de nombreux défis pour offrir une éducation de qualité pour chaque enfant, même dans les contextes d’urgence », a expliqué Mme Poirier. 

Les fermetures d’écoles ont des conséquences néfastes pour l’apprentissage et le bien-être des enfants, avec des enfants, en particulier les filles des communautés les plus marginalisées, qui paient le plus lourd tribut. Les faits, dont ceux tirés de l’épidémie d’Ebola en 2014 en Sierra Leone, démontrent que plus les enfants sont hors des écoles, plus le risque est grand qu’ils abandonnent l’école.

Hausse des violences contre les enfants depuis le début de la pandémie

Depuis le début de la pandémie, les violences contre les enfants connaissent une augmentation. Une enquête récente menée au Burkina Faso révèle que 32% des enfants vivant dans les régions affectées par des conflits ressentent une hausse des violence domestiques contre les filles et les garçons, du fait du confinement dans leur foyer.

De plus quand les enfants ne sont pas scolarisés, ils font face à un risque accru de recrutement par des groupes armés, de mariage et de grossesses précoces et d’autres formes d’exploitations et d’abus. 

La moitié des enfants du monde qui n’ont pas accès aux installations de lavage des mains vivent en Afrique subsaharienne

Mais dans cette marche pour une réouverture des classe, les pays doivent faire face à certains défis, notamment dans le domaine de l’hygiène.

La moitié des enfants du monde qui n’ont pas accès aux installations de lavage des mains vivent en Afrique subsaharienne, précisé l’UNICEF, signalant qu’en Guinée-Bissau seuls 12% des écoles offrent un accès au lavage des mains avec de l’eau et du savon, qu’au Niger elles sont 15% seulement, 22% au Sénégal et 25% au Burkina Faso. 

En outre, dans toute la région, la plupart des classes sont souvent surchargées, et il manque des enseignants formés pour soutenir les enfants dans leurs apprentissages. 

Malgré des efforts accomplis dans la plupart des pays de la région pour rouvrir temporairement leurs écoles et permettre aux étudiants de finir l’année scolaire et passer leurs examens finaux, des millions d’enfants n’avaient pas la possibilité de retourner physiquement à l’école.

La région d’Afrique de l’Ouest et du Centre est également le foyer de plusieurs zones de conflits, de violences et d’autres urgences. En décembre 2019, les écoles pour 2,1 millions d’enfants étaient déjà soit fermées, soit non-opérationnelles à cause de l’insécurité.

Pour l’UNICEF, cela illustre la nécessité pour les gouvernements de renforcer les voies alternatives pour une éducation de qualité qui atteignent tous les enfants et garantissent la continuité de l’enseignement.

Une jeune fille au Ghana se lave les mains avant de retourner en classe.
UNICEF/Geoffrey Buta
Une jeune fille au Ghana se lave les mains avant de retourner en classe.

Une réouverture dans des conditions sanitaires sûres et des méthodes d’apprentissage mixtes

Avant l’épidémie, les opportunités d’éducation pour les enfants en Afrique de l’Ouest et du Centre étaient inéquitables, avec environ 41 millions d’enfants et d’adolescents non scolarisés, ce qui représente un tiers des enfants non scolarisés dans le monde.

Pendant que les écoles étaient fermées, plusieurs pays ont développé des opportunités d’enseignement à distance, notamment par des programmes radio, télévisuels, en ligne ou avec du matériel pédagogique. 

Cependant, ces efforts n’ont pas atteint tous les enfants. Au moins 48% des enfants de la région sont demeurés hors de portée de l’enseignement à distance pendant les fermetures des écoles. Cette situation a aggravé les inégalités dans l’accès aux opportunités d’apprentissage.

Pour éviter un scénario de décrochage scolaire, l’agence onusienne lance donc aujourd’hui un appel aux ministres de l’Éducation et des Finances de la région pour qu’ils fassent de l’éducation une priorité dans leurs plans de réponse à la Covid-19 afin de réduire l’impact négatif de la crise sur les enfants et les économies nationales. 

Il s’agit d’accélérer leurs efforts pour préparer leurs écoles à une réouverture dans des conditions sanitaires sûres, mais aussi l’utilisation de méthodes d’apprentissage mixtes.

Aussi toute stratégie de réouverture des écoles devrait tout faire pour garder les enfants et les communautés à l’abri des risques. Cela inclut de revoir les espaces des salles de classe, ou d’introduire un système de rotation des présences d’élèves. 

L’UNICEF prône également une augmentation des stations de lavage des mains et la mise en place des points de surveillance sanitaire, d’augmenter les espaces extérieurs pour un certain nombre d’activités scolaires, ou, encore une fois, d’appliquer des méthodes d’apprentissage mixtes.

Pour l’UNICEF, il faut également maintenir un équilibre entre l’apprentissage en ligne et l’enseignement en classe et fournir la flexibilité et la sécurité dont les enfants ont besoin durant cette période de transition. 

L’agence onusienne plaide aussi pour une augmentation ou au moins un maintien des engagements nationaux en faveur des budgets alloués à l’éducation. 

L’UNICEF demande enfin d’accélérer la planification pour mieux atteindre les enfants qui étaient déjà hors de l’école avant la pandémie, notamment ceux qui vivent dans des zones reculées et dans des foyers pauvres.