Témoignages Genie.ch #2 : Romain Ferrari (Serge Ferrari SA)

Témoignages Genie.ch #2 : Romain Ferrari (Serge Ferrari SA)

Entreprendre autrement : des chefs d’entreprise qui font évoluer le mot « réussite »

Depuis le 19 janvier, Genie.ch publie une série de témoignages recueillis dans le cadre du 4ème Parlement des Entrepreneurs d'avenir qui s’est tenu les 5 et 6 décembre 2015 à Paris, en marge de la COP 21. [En savoir plus]

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Témoignage Genie.ch #2

Romain Ferrari : « Nous inscrire dans une démarche d’économie circulaire constitue un vrai gain d’image pour notre entreprise »

 

Innover est dans l’ADN de la famille Ferrari ! Depuis plus de quarante ans, au travers du père, Serge, puis de ses fils Sébastien et Romain, les Ferrari ne cessent de révolutionner l’univers  des Matériaux composites souples. A leur actif, une vingtaine de brevets ainsi que l’élaboration d’une technologie de pointe, le Précontraint. Particulièrement résistantes, les toiles fabriquées par la marque ont un vaste champ d’application, qui va de l’architecture au yachting en passant par la décoration.

Sensibilisée aux enjeux de l’économie circulaire, l’entreprise a mis au point un procédé exclusif baptisé Texylop et destiné à offrir une seconde vie à ses textiles grâce au recyclage intégral de ses composants. Ayant nécessité dix ans de recherches et un investissement important, il permet par exemple de transformer les vieilles bâches usagées en sacs branchés ou en élégantes toiles de transat.

Serge Ferrari SA en chiffres : 
4 sites  (1 en France, 2 en Suisse, 1 en Italie), 600 collaborateurs. Chiffre d’affaires : 140 millions d’euros / an.

 


-       Comment une entreprise de transformation comme la vôtre peut-elle s’inscrire dans l’écologie industrielle ?

Si je veux bâtir une stratégie de développement durable, je dois élargir mon champ d’attention, m’intéresser à l’ensemble des étapes du cycle de vie de mes produits ou services. Tout d’abord en amont : la majorité des impacts à l’environnement, soit 70 à 80 %, se situent chez mes fournisseurs, les producteurs de matières premières, qui utilisent souvent des procédés chimiques très lourds. Cela se passe la plupart du temps dans d’autres parties du monde, mais c’est moi qui les provoque. Et ensuite en aval : je choisis d’éliminer mes produits après leur utilisation par le client.

Un label international donne les règles de ce processus : L’Analyse du cycle de vie (ACV, ISO 14.040 - 44). La base de ma démarche est donc de mesurer l’empreinte de mon entreprise sur l’ensemble de la filière.

 

-       Comment pouvez-vous obtenir que vos fournisseurs changent leur manière de produire ?

C’est très difficile… La solution, c’est de moins consommer de matières premières, c’est-à-dire de recycler mes produits. De cette manière j’économise aluminium, cuivre, acier, matières plastiques, etc. Pour cela, Ferrari SA a créé une usine de recyclage, en partenariat. Ainsi nous évitons d’encombrer avec nos déchets, et du même coup nous évitons une production supplémentaire de matières premières.

 

-       Cette démarche est-elle rentable ?

Notre usine de recyclage enregistre une perte opérationnelle directe. Par contre, nous en retirons un bénéfice indirect en termes d’image donc de prescription. Les services marketing de nos clients sont très intéressés par cette carte de visite, c’est une véritable valeur marchande. Mais évidemment, cette démarche n’a de sens que si on la fait connaître.

 

-       La marque « verte » a-t-elle une réelle valeur sur le marché d’aujourd’hui ?

Les grandes sociétés commencent à veiller sur leur réputation. Elles cherchent des solutions pour (re-)dorer leur blason. Par exemple, dans le luxe, si on veut représenter ce qu’il y a de mieux et de plus cher, le consommateur s’attend à ce que « à ce prix-là », on soit irréprochable. Dans d’autres entreprises aussi, par exemple chez les constructeurs automobiles, la performance environnementale s’affiche à côté de la performance technique. Dans ma branche, j’accompagne mes clients pour valoriser cette dimension.

 

-       Mais qu’en est-il des PME - ETI (entreprises de taille intermédiaire) ?

Une solution est de trouver des partenaires financiers. Amundi, les assureurs, ou d’autres investisseurs sont souvent à la recherche de vrais actifs responsables de type ISR (investissements socialement responsables). Les PME peuvent aussi créer des clusters, des réseaux avec une cohérence au niveau du métabolisme.

 

-       Un réseau comme Genie.ch peut-il leur être utile ?

Genie.ch permet de réunir des entreprises par potentialité ; des entreprises qui ne sont pas forcément actives dans le même domaine ni sur le même site, mais qui, ensemble, peuvent réduite leur empreinte environnementale. Elles peuvent le faire de différentes manières :

  • Soit en échangeant des co-produits (le déchet de l’une devient la matière première d’une autre ; par exemple, des granulats transformés en béton.)
  • Soit en mixant leurs activités (la paille de riz ou d’autres déchets agricoles peuvent alléger le bitume en le rendant souple et résilient.)
  • Soit encore en optimisant l’utilisation de l’énergie (une entreprise utilise de la vapeur à haute pression, la rejette à basse pression, pour récupération par d’autres entreprises.)

 

Pour en savoir plus : 

Les engagements du groupe Serge Ferrari SA

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Témoignages Genie.ch - Propos reccueillis par Caroline Dallèves - République et Canton de Genève

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Auteur de la page

Vincent Jay

Chef de projets

Modérateur

Rédaction