Un article de Alice Bernadet pour le Réseau des femmes en environnement

Il n’existe à ce jour aucune réglementation qui encadre et définit clairement les perturbateurs endocriniens et leurs dangers au Canada. Or, ils sont omniprésents dans notre quotidien, et ils représentent un enjeu de santé publique majeur. 

Une étude de l’Université de Montréal révélait en 2008 que des contaminants présents dans le Saint-Laurent entraînent des perturbations de leur système endocrinien, par exemple en diminuant leur fertilité ou en provoquant la fertilisation des mâles. Un peu comme le montre cette étude, différents produits que nous utilisons tous les jours viennent perturber notre système endocrinien. 

Mais que sont exactement les perturbateurs endocriniens (PE)? Où les retrouvent- on ? Comment agissent-ils ? Quels sont leurs effets sur la santé humaine ?

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit un PE comme une substance ou un mélange exogène (extérieur à l’organisme) capable d’induire une perturbation endocrinienne dans un organisme et d’entraîner des effets délétères sur cet organisme ou sur ses descendants ou au sein de la population. 

Avant d’expliquer ce que font les PE sur notre santé, définissons ce qu’est le système hormonal ou endocrinien. Le système endocrinien est composé principalement de glandes qui sécrètent des hormones dans le sang. Ces dernières agissent comme messager entre les différentes parties du corps pour en assurer différentes fonctions comme la croissance, le développement, la reproduction ou le comportement. 

Photo : Sabotage hormonal publié par le Réseau des femmes en environnement (RFE)

Les PE interfèrent avec notre système hormonal en se substituant à nos propres hormones. Ces substances agissent à de très faibles doses et ont des conséquences visibles à long terme. Elles sont omniprésentes dans notre quotidien. L’exposition peut se faire via l’eau, l’air, l’alimentation, les cosmétiques, les plastiques ou encore les produits électroniques. De plus l’effet des PE diffère selon la période de vulnérabilité des individus, c’est-à—dire que les effets ne seront pas les mêmes si l’exposition a lieu au niveau embryonnaire, durant l’enfance ou à l’âge adulte, sans compter que les effets combinés (effet cocktail) de plusieurs d’entre elles conservent toujours leur part de mystère. Les personnes les plus à risque sont les fœtus, les jeunes enfants, les adolescents au moment de la puberté et du changement hormonal, les femmes en âge de procréer, les femmes enceintes ou encore les personnes immunodéficiences.

Il existe plusieurs familles chimiques de PE se trouvant dans divers objets du quotidien et ayant des effets variés sur la santé. Parmi celles-ci notons les :

  • Phtalates : retrouvés dans les plastiques, cosmétiques ou produits de nettoyage. Ils seraient associés à des troubles de développement de l’embryon, cancer des testicules ou malformation de l’appareil génital.
  • Alkylphénols : retrouvés dans les détergents, plastiques ou pesticides, seraient associés à la baisse de la fertilité.
  • Hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) : retrouvés dans les sources de combustion comme la fumée de cigarette, moteurs diesels, incendies. Les HAP sont classés « cancérogènes certains » par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC).
  • Polychlorobiphényles (BPC) : retrouvés dans les transformateurs électriques et classés « cancérogènes certains » par le CIRC.
  • Pesticides : utilisés entres autres dans l’agriculture, le nettoyage urbain, l’épandage. Ils peuvent entraîner des troubles de la reproduction, du système immunitaire ou des cancers hormonodépendants.
  • Retardateurs de flamme : retrouvés dans les équipements électroniques ou les mousses pour mobilier. Ils seraient également impliqués dans des troubles de la reproduction.
  • Dérivés phénoliques : retrouvés essentiellement dans les plastiques ou cosmétiques (BPA interdit dans les biberons, par exemple). Ils seraient impliqués dans le développement de diabète, troubles cardio vasculaires, l’infertilité ou le déclenchement de la puberté précoce.

Vous l’aurez compris, ces substances sont toxiques et se retrouvent à notre insu dans nos maisons et dans notre environnement quotidien, sans qu’une réglementation permette d’encadrer ces éléments et leurs dangers pour la santé des Canadiens. 

Le Réseau des femmes en environnement vise à créer et promouvoir des actions novatrices, fournir un espace de dialogue pour améliorer la qualité de l’environnement, la santé et le bien-être.